Capture d’écran 2013-09-28 à 23.54.27Tanneguy DESCAZEAUD est à la tête de la Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles depuis un an. Il y a découvert des spécificités locales fortes dans la gestion de l’énergie. A l’heure du bilan du Grand Arrêt qui s’est déroulé en début d’année, il revient sur les missions du fournisseur d’énergie, ses engagements et sa vision des problématiques énergétiques dans la région.

 

Quel doit être le sens de l’engagement de la SARA au sein des territoires ?

La SARA est fournisseur d’énergie Carburants et Combustibles. C’est un outil industriel au service du consommateur en Guadeloupe, Guyane et Martinique depuis 42 ans. Il emploie 270 personnes et 300 sous-traitants essentiellement locaux sur 4 sites (1 raffinerie en Martinique, 2 dépôts en Guyane et 1 dépôt en Guadeloupe). La SARA permet l’indépendance de ces régions dans leur approvisionnement en leur fournissant de manière fiable un carburant de qualité.

Notre engagement est triple. En tant que producteur d’énergie, nous avons le souci permanent de produire du carburant au meilleur prix dans l’intérêt de l’ensemble des concitoyens ultramarins. En tant que consommateur d’énergie, nous menons une politique volontariste pour réduire notre impact environnemental. Enfin, en tant qu’acteur de la cité, nous nous devons d’une part de participer au développement économique des régions sur lesquelles nous sommes implantés et d’autre part de communiquer sur la nature même de nos missions et les démocratiser au plus grand nombre.

 

Comment se traduit votre engagement sur le prix à la pompe et comment le voyez-vous évoluer ?

Comme vous le savez les facteurs macro économiques, prix du pétrole et parité euro-dollar influent fortement sur le prix du carburant. La consommation croissante d’énergie en Asie, l’accident de Fukushima et la crise financière que traverse la zone euro ont poussé le prix du baril de pétrole à son plus niveau haut historique (en euros) ces derniers mois. Les tensions actuelles au Moyen-Orient, notamment en Syrie, ne vont sans doute pas inverser la tendance. Notre politique d’achat de pétrole est un processus d’optimisation continue pour toujours chercher à s’approvisionner au moins cher dans la limite des contraintes règlementaires auxquelles nous sommes soumis. Concernant notre structure de coût, des efforts sont menés pour améliorer la productivité et l’efficacité de nos installations. Le Grand Arrêt s’est inscrit dans cette démarche.

De manière plus large, depuis le décret de Novembre 2010 sur le carburant nous pouvons dire que les processus de formation des prix sont plus transparents, plus réactifs aux évolutions du prix des matières premières, avec une mutualisation de l’ensemble des coûts entre Guadeloupe, Martinique, Guyane pour le bien de tous. A titre d’exemple le prix du carburant en Martinique est plus bas qu’en Métropole. L’écart de prix à la pompe entre les trois départements est principalement lié au niveau de taxes perçues.

 

Quel est le bilan du Grand Arrêt ?

Le résultat est édifiant, nous avons réduit notre consommation énergétique de 5 à 10% suite aux travaux réalisés. C’est l’œuvre collective de 600 hommes et femmes qui ont concouru à l’amélioration de notre outil productif. Je rappelle que le Grand Arrêt a consisté à interrompre nos activités productives de raffinage pendant huit semaines, pour procéder à des opérations de maintenance et d’amélioration de nos installations. C’est une étape majeure dans la vie d’une raffinerie qui intervient tous les 6 ans et mobilise de nombreux acteurs.

 

Au délà, des apports économiques de la SARA, comment évaluez vous votre impact environnemental et social ?

Nous avons intégré la maitrise de notre consommation au cœur même de notre gouvernance. Nous consommons 7% de l’énergie que nous importons. Nous avons un collaborateur et un comité de pilotage dédiés à la maitrise de l’énergie. Notre service Contrôle de Performance permet aussi de décliner opérationnellement le suivi de nos opérations. Il s’agit de réduction de nos rejets aériens, aqueux, en sols et sous-sols, de tri et d’efficacité énergétique comme la pose de panneaux solaires.

Nous avons par exemple dans le cadre du Grand Arrêt investit dans des équipements améliorant significativement notre capacité à traiter les eaux usées. Nous regardons aussi vers l’avenir en menant des actions de recherche et développement sur les carburants bio en Guadeloupe et en Guyane et sur un possible retraitement des huiles usagées.

Au niveau social, la SARA est un employeur de référence. Nous nous mobilisons pour l’emploi des jeunes, en prenant 70 stagiaires par an. Nos objectifs d’embauche sont de 10 par an sur les prochaines années. Pour cette année 2013, à titre d’exemple nous avons déjà recruté 11 collaborateurs. Nous entretenons des relations fortes avec le monde éducatif. Nous avons ainsi signé des conventions avec les rectorats de Guadeloupe et Martinique, la Guyane étant en cours. Nous participons à des Forums Lycéens et ouvrons régulièrement nos portes aux étudiants. Nous sommes aussi  engagés, au travers de la Fondation FACE Martinique dont nous assurons la présidence, dans de nombreuses causes régionales telle la lutte contre l’exclusion.