Capture d’écran 2013-09-28 à 23.47.19Établissement de recherche appliquée et d’appui aux politiques publiques, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) est l’établissement public de référence dans le domaine des géosciences de la Terre. Son Directeur régional adjoint – et directeur interrégional Antilles-Guyane Jean-Marc MOMPELAT – fait le point sur une industrie géothermique en recherche d’un opportun second souffle en Outre-mer. 

Interview Daniel-Charles NELSON

 

“Le BRGM apporte une expertise essentielle sur les enjeux que connaissent particulièrement nos territoires insulaires : les ressources géologiques et minières, les énergies renouvelables – en particulier la géothermie –, la gestion des ressources en eau – la surveillance qualitative des nappes sur l’ensemble du territoire et tout ce qui contribue à préserver la ressource –, les sols pollués et les déchets, les risques naturels (sismiques et volcaniques en particulier), sans oublier l’érosion côtière et l’adaptation au changement climatique. C’est dire si son champ d’investigation est vaste et essentiel.”

 

Les Outremers présentent des atouts considérables en matière de ressources naturelles, de paysages et de biodiversité. Autant d’axes de développement économique “endogène” qu’il convient de préserver. Quelle part prend le BRGM à la préservation de ces ressources, voire à leur valorisation énergétique, en matière géothermique singulièrement ?

Jean-Marc Mompelat : L’une des missions de service public qu’assure le BRGM est, justement, de promouvoir la géothermie sous toutes ses formes. Dans nos régions, zones tectoniquement favorables, la source de chaleur contenue dans le sous-sol est d’origine volcanique : ce sont les mêmes chambres magmatiques qui alimentent le volcan de la Soufrière, par exemple, qui vont réchauffer les nappes et engendrer des circulations d’eau proches de la surface (températures supérieures à 180°C, à moins de 2km de profondeur). Celles-ci vont alors produire de l’énergie. C’est ce que confirme l’exemple, unique en France et dans la Caraïbe, de la centrale géothermique de Bouillante – la bien nommée.

 

Comment le BRGM participe-t-il à l’exploitation énergétique du site de Bouillante ?

Après l’exploration des ressources géothermiques de la région de Bouillante – dès 1963 et jusque dans les années 70 – menée par le BRGM avec la société Eufrap qui a foré les quatre premiers puits -, une première unité de production est construite et équipée d’une turbine, sur initiative d’EDF, à partir de 1980. De 1986 à 1992, l’exploitation de la centrale pilote de Bouillante 1 sera assurée par EDF, qui finit par jeter l’éponge, devant les coûts exorbitants inhérents à la structure de l’époque.

En 1995, à l’initiative des pouvoirs publics, une filiale de droit privé du Groupe  BRGM, Géothermie Bouillante, est créée pour relancer l’affaire, en partenariat avec EDF. Dès l’année suivante, la centrale est réhabilitée et reprend sa production d’électricité. En 2002-2003, la nouvelle centrale “Bouillante 2” est construite ; sa mise en service intervient les deux années suivantes. Depuis 2012, Géothermie Bouillante, propriétaire des installations et titulaire d’un droit minier permettant l’exploitation durable de la ressource, assure en direct l’exploitation du site. Aujourd’hui, les deux unités de production totalisent une capacité de 15 MW, satisfaisant 6% de la demande en électricité de la Guadeloupe.

 

Quelles ambitions porte le BRGM pour l’avenir énergétique des Outremers ?

Les objectifs ambitieux qu’avait ciblés le Grenelle de l’Environnement visent à produire, à l’horizon 2020, 50% de l’énergie de l’Outre-mer grâce aux énergies renouvelables, puis parvenir à l’autonomie énergétique en 2030. Il s’agit là d’une opportunité sans précédent pour mettre en place une stratégie cohérente du développement de la géothermie dans nos îles volcaniques. Pour la plupart d’entre-elles, qui voient grimper leur facture énergétique et leurs rejets en CO2,  la géothermie dite “haute température” a pourtant du mal à se développer. Il est plus que temps d’y remédier. Le développement de la géothermie dans les territoires insulaires d’Outre-mer peut être créateur d’emplois et de valeur ajoutée. En Martinique, par exemple, un projet pilote devrait bientôt voir le jour, visant à utiliser l’eau chaude décelée après forage dans la plaine du Lamentin, pour la transformer en froid et alimenter toute la zone de Californie (où se trouve implanté le centre commercial La Galleria).

En milieu insulaire volcanique, il est, en outre, plus que jamais nécessaire de constituer un cœur de compétences en matière de géothermie. Il est ainsi envisagé de créer un Centre d’excellence en géothermie aux Antilles.

 

N.B. : Les informations recueillies par le BRGM sont mis à la disposition du grand public, à travers le portail géomatique d’accès à ses données scientifiques : <infoterre.brgm.fr>, ou, plus spécifiquement, via le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines : <ades.eaufrance.fr>.