Véronique Bicheray est expert CPM & APM, et cantatrice lyrique. Elle met son expertise technique et son expérience de l’art du chant au service des managers d’entreprise, avec un sens de l’analyse et une conviction qui forcent le respect. Rencontre.

 

KARUMAG : On dit de vous que vous avez la puissance et l’intensité dramatique d’une diva, avec du velours dans la voix. Qu’apprenez-vous à des managers d’entreprise ?

Véronique Bicheray : La voix est un outil relationnel que nous ignorons le plus souvent. Elle est si intimement liée au discours que nous l’oublions, à la faveur exclusive du fond. En effet, lorsque nous prenons la parole pour exposer, ou dialoguer, notre priorité absolue est : « qu’est-ce que je vais dire ? » C’est bien normal puisqu’en général, le but de la relation est de délivrer un message, de dire quelque chose à quelqu’un. Ce que je fais avec mes managers, c’est redonner à la voix une vraie place, prioritaire. Mon travail consiste à “poser” et optimiser leur voix, afin de travailler leur leadership.

 

Y a-t-il un lien entre notre posture, notre leadership et notre voix ?

Oui, incontestablement. La voix est le plus souvent utilisée en tant que simple support de notre discours. Or, elle est également le support et le véhicule de notre personnalité, de notre implication, de nos émotions, de notre envie. Elle est véritablement le prolongement de nous-même dans l’espace.

La voix répond à la manière dont nous nous concevons. Elle impacte directement la façon dont on est perçu par l’autre. Il apparaît comme fondamental de s’y arrêter, si nous voulons optimiser cet outil extrêmement sophistiqué et puissant de communication.

 

Le cycle de performance du manager (CPM), dans lequel vous intervenez, positionne les managers à un haut niveau d’excellence. Quels sont les outils concrets que vous leur transmettez afin qu’ils “performent” avec leur voix ?

Nos outils, dans le concret, les aident à appréhender correctement l’importance de la voix. Pour cela, nous leur apprenons, en premier lieu, à en connaître le fonctionnement. La voix étant l’une de nos fonctions, il suffit d’en avoir conscience pour qu’elle s’optimise. Or, on n’a généralement pas conscience de parler, mais seulement de dire quelque chose. On est alors un « diseur », au lieu d’être un « orateur ». En terme d’impact, de présence, de conviction, d’affirmation, ce n’est évidemment pas le même résultat. Avoir conscience de la fonction “Voix”, c’est donner à son discours relief, force et autorité. Nos outils dans le concret visent cela : l’autorité et l’excellence au travers de la voix.

Après ce travail, il apparaît clairement que la conscience de la voix implique un rapport à soi, alors que la conscience du mot implique un rapport à l’autre. Le manager charismatique, le leader, assument les deux implications en même temps et il les travaille en continu, en toutes occasions.

Enfin, nous développons avec nos managers toute une série d’outils sur la gestion de la relation silencieuse. Travailler sur sa voix, c’est aussi apprendre à savoir se taire.

 

Quel lien faites-vous entre la voix et le silence pour être un manager charismatique ?

Notre réalité relationnelle ne trouve souvent son sens que dans la nécessité d’échanges intellectuels ; on reçoit quelqu’un qui a quelque chose à nous dire, on va voir quelqu’un pour lui dire quelque chose… Synonyme de discours, la communication en est souvent réduite à ce seul aspect. Or, en amont du langage, il y a l’écoute. Et pour pouvoir écouter, il faut savoir se taire, faire silence en soi. Le lien est ici. La force du leader réside, en grande partie, dans sa capacité à respecter et à accueillir son interlocuteur dans ce silence, car il a appris et il a les outils pour faire du silence un lieu de communication et non d’isolement et d’angoisse.

Propos recueillis par Madly Bienville

Animatrice du Club CPM  (Cycle de Performance du Manager)

Site Internet : www.travailleursdanslesiles.com

Tél. : 0590 923 299