Solange Agricole-Salpétrier, femme de poigne, dirige deux des cabinets de recrutement les plus influents aux Antilles-Guyane et à la Réunion, Alpha Conseil et Randstad. Avec Christophe Marcellin, Responsable d’agence Alpha Conseil en Martinique, elle nous décrypte le marché local des ressources humaines.

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Quels sont les spécificités auxquelles doivent faire face les professionnels de la gestion des ressources humaines aux Antilles et en Guyane dans leurs missions quotidiennes ?

Les Responsables – ou Directeurs – des Ressources Humaines en local sont des professionnels aux fonctions très opérationnelles. La taille des structures présentes aux Antilles-Guyane et à la Réunion implique une forte proximité avec le terrain, à l’inverse de l’Hexagone où l’on retrouve des Fonctions Ressources Humaines uniquement stratégiques et très fonctionnelles.

Il y a, aujourd’hui, peu de stratégie RH à proprement parler du type “Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences” ou “Stratégie de formation spécifique” dans leurs missions. Ils doivent être très polyvalents et sur le terrain. Ils doivent pratiquer les instances représentatives du personnel, maîtriser le fonctionnement des mécanismes de formation, ainsi que la gestion administrative, la paie, etc.

Beaucoup de Responsables RH sont seuls et font tout. Ce sont donc des profils rares à trouver, du fait de cette polyvalence. De plus en plus, certains groupes implantés aux Antilles-Guyane manifestent la volonté de structurer différemment leur pôle RH, en spécialisant certains collaborateurs : formation, recrutement, systèmes d’information…

 

Quels sont les profils où des tensions existent ?

Le profil de commercial est très demandé, notamment par la Distribution. Mais la fidélité est forte chez les vrais professionnels du commerce et les entreprises chassent ce type de candidats.

Trouver un vrai commercial, combatif et passionné, est très rare. Les bons profils font monter les enchères.

Il en est de même pour les postes d’encadrement en Grande Distribution : chef de rayon, chef de département et directeur de magasin. Les profils se trouvent hors de nos régions et cela complique l’intégration et l’adaptation. Aussi, les candidats jouent la carte du plus offrant et passent d’une enseigne à l’autre, une fois qu’ils sont sur place. La concurrence est dure.

Il est difficile d’attirer les profils internationaux en Martinique, en Guadeloupe ou en Guyane, car il y a la concurrence des pays comme Dubaï, qui offrent des salaires d’expatriés très importants.

 

Quels sont les défis actuels du secteur ?

Maintenir des règles de déontologie dans le secteur est un défi à relever collectivement. Chez Alpha Conseil, nous faisons le choix de ne pas chasser chez les clients. Cette politique, qui peut nous faire perdre des contrats à court terme, est pour nous un gage de crédibilité et de fiabilité.

L’encadrement antillais est de plus en plus demandé, mais très difficile à trouver. Il y a de vraies opportunités de retour au pays pour des profils expérimentés.

Les gens n’aiment pas parler salaires et ne négocient pas comme ils le devraient : cela reste un tabou culturel qu’il faut lever. L’adoption d’une vision plus pragmatique et globale du package salarial, incluant des avantages en nature, pourrait bénéficier aux candidats.