Depuis sa création en 2009, la communauté d’agglomération Cap Excellence a fait de la culture l’un de ses chevaux de bataille. Elle fait ainsi valoir la riche palette de talents, toutes les potentialités locales de la scène musicale et théâtrale, au gré de rencontres avec des “pointures” internationales invitées. Rencontre avec Jocelyne Daril, la directrice des actions et politiques culturelles de Cap Excellence.

“La vitalité de la scène Jazz et, à travers elle, celle de notre créativité musicale guadeloupéenne se manifestent rituellement, depuis cinq ans maintenant, à l’occasion de l’événement culturel incontournable qu’est devenu ÎloJazz à Pointe-à- Pitre. Côté théâtre, il en est de même avec “Cap Excellence en Théâtre”, le grand rassemblement de comédiens et professionnels associés de la scène théâtrale contemporaine.”

 

Capture d’écran 2014-03-21 à 14.56.04C’SMART : Quelles sont les compétences du service des actions et politiques culturelles de Cap Excellence, au moment de la création de la communauté d’agglomération Pointe-à-Pitre / Abymes / Baie-Mahault ?

Jocelyne Daril : Il faut d’abord savoir qu’à la création de Cap Excellence, en 2009, la culture n’a pas été transférée des villes vers la communauté. Cap Excellence choisit, en effet, dans ses compétences obligatoires, des manifestations à rayonnement communautaire, dans les secteurs de la musique et du théâtre en particulier. “Téyat Zabym” devient ainsi “Cap Excellence en théâtre” et le Festival “Jazz à Pointe-à-Pitre” est devenu “ÎloJazz”.

 

Dans ses compétences optionnelles, Cap Excellence a pris la gestion, l’entretien et l’acquisition d’équipements culturels. À ce titre, sont arrivés “dans la corbeille de la mariée”, le Centre Sonis – en activité -, le Centre des Arts – en réhabilitation -,et,en 2010,La Renaissance,sur la Place de laVictoire à Pointe-à-Pitre, pour laquelle un projet sera développé. Ajoutons à cela un réseau de bibliothèques (relais-livres de Chazeau, bibliothèque de Lacroix, côté Abymes), ainsi que, côté Pointe-à-Pitre, la bibliothèque Louisy Mathieu et la bibliothèque Chemin Neuf/Carénage. Quand Cap Excellence intègre les Festivals dans sa compétence économique, la clé d’entrée n’est pas la culture, stricto sensu… Ces Festivals permettent de créer du développement, de la plus-value, de la richesse sur leur territoire d’implantation, contribuant ainsi à le rendre plus attractif.

 

Quelle est votre philosophie d’action, au sein de cette communauté d’agglomération ?

La communauté d’agglomération du Sud Grande-Terre, dont il faut souligner la jeunesse, arrive en complémentarité des actions entreprises par les villes qui la composent. Elle intervient de manière subsidiaire, peut-on dire, mais en s’attachant à ne pas empiéter sur le champ d’intervention des villes, pour éviter tout chevauchement de compétences, préjudiciable à l’efficacité d’ensemble.Avec les Festivals, nous intervenons davantage au titre de l’aménagement du territoire, du rayonnement, comme outils de lancement ou de mise en place

de certaines politiques culturelles. Qui restent à développer. Les Festivals ne sont pas des politiques culturelles en soi. Ce sont simplement des outils qui permettent d’initier ce mouvement culturel vertueux. Dès 2010 par exemple, après le lancement d’ÎloJazz, on a mis en place un réseau de Directeurs de Festivals caribéens, créolophones, pour mieux travailler avec nos voisins de la Caraïbe. Nous cherchons principalement à améliorer la circulation des œuvres et des artistes, l’une des grandes politiques culturelles du Ministère de la Culture.Vu l’exiguïté de nos territoires, pour exister, nous sommes quasi contraints de nous exporter. Et pour ce faire, il nous faut trouver des lieux d’exportation et des circuits de diffusion. C’est notre objectif essentiel…

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Capture d’écran 2014-03-21 à 14.58.30C’est la 5e édition d’ÎloJazz qu’organise votre équipe au sein du service culturel de Cap Excellence. Quel bilan tirez-vous de ces expériences cumulées ?

Au fil des éditions, succédant à 15 années de «Jazz à Pointe-à-Pitre», il y a un véritable “esprit ÎloJazz” qui s’est dégagé… et qui transparaît d’ailleurs à travers les affiches de l’événement, réalisés par de jeunes graphistes locaux de grand talent.Cet état d’esprit perdure et reste très sensible lors des prestations réalisées chaque année par nos invités internationaux. Pour cette édition 2013, de grands artistes et groupes de divers horizons ont répondu présents à notre appel. De véritables pointures internationales telles Rachelle Ferrell et Chichi Peralta – dans le cadre de «2013, année de la République dominicaine en Guadeloupe» -, mais aussi le grand Marcus Miller, Arrested Development, Mushy et Joël Widmaier, Étienne Mbappé, sans oublier naturellement notre emblématique Akiyo Mas Elektro Ka, pour ne citer qu’eux. Au même titre que nos ar tistes locaux, ces grands jazzmen mondiaux viendront donner le meilleur de leur Art à tous les publics rassemblés pour l’occasion, du 9 au 15 décembre prochain, au centre Sonis comme en divers autres points de la Ville. Tous vos lecteurs y sont cordialement invités…

 

Propos recueillis par Daniel ROLLÉ Photographies : © Laurent de Bompuy