Parc national de la Guadeloupe LAMENTIN karumag caribmag Guadeloupe

S’est-on préoccupé d’interroger le principal intéressé, le lamantin des Antilles, sur l’ambitieux projet du Parc national de la Guadeloupe de le ramener en baie de Blachon – au Lamentin évidemment ? KARUMAG a voulu réparer ce manque. Extraits de confession “exclusive”.

C’est au Brésil, sur son lieu de vie actuel, que nous avons rencontré Xuxa, lamantin femelle d’une vingtaine d’années, présentée par son soigneur Salomao. Un soigneur recommandé par Fabia, l’experte scientifique et consultante brésilienne du Parc de Guadeloupe qui nous a servi de guide et d’interprète pour une “conversation” à triple langage (lamantino-franco-portugaise) pour le moins… surprenante. “Salomao a un don très précieux pour nous ici : il comprend le langage des lamantins”, nous chuchote-t-elle à l’oreille, mi complice mi amusée, en nous menant jusqu’à l’enclos marin où vit Xuxa.

Voyage intérieur

Premier choc visuel au centre brésilien d’élevage et de soins des lamantins : Xuxa est énorme, impressionnante pour nos regards de novices en la matière. Salomao, en tenue de plongée dans son bassin d’accueil, la stimule doucement pour l’amener jusqu’à la berge, en bord d’herbier sous-marin où elle paissait paisiblement. “Xuxa est un peu inquiète aujourd’hui”, commence Salomao d’une voix douce. Son regard pénétrant trahit le contrôle puissant sur ses émotions qu’il va s’imposer tout au long de cet étrange entretien “à quatre voix”. “Elle sent bien que son départ du Brésil approche. Votre venue et votre attitude, étranges pour elle, l’annoncent.” Et devant l’air ébahi du visiteur de presse et du photographe qui l’accompagne, Salomao nous met au parfum : “Sachez que Xuxa est hypersensible, malgré l’apparente quiétude que suggère son apparence physique. Elle est née et a toujours vécu ici. Je la connais, je la ressens et je la comprends mieux que personne. Ses gémissements, sifflements et grognements ont des nuances phonétiques que je traduis pour vous en mots. Au fur et à mesure de vos questions – des questions simples s’il vous plaît ! – je vous transmettrai ses réponses.” Comme dit, comme fait. En voici, résumée pour en livrer l’essentiel, la fidèle transcription “à la sauce Salomao”.

La confession de Xuxa

“Je vais enfin découvrir un autre territoire, je l’espère aussi accueillant, chaud et paisible que celui-ci. Je ne serai pas seule. Toquinho et le jeune Netuño [ les deux mâles du groupe, NDLR] nous accompagnent, mes copines Marbella et Sereia, et moi-même. […] Salomao me parle beaucoup des grands herbiers du lagon où nous allons être relâchés [en bordure de la baie de Blachon, dans un bassin de pré-relâcher servant d’enclos d’acclimatation, tout près du centre de soins et d’élevage construit pour eux], des quantités de plantes et d’herbes d’eau douce dont nous raffolons [50 kilos par jour et par lamantin !]. J’espère que les humains qui vont nous accueillir seront gentils avec nous. Nous ne mangeons que de l’herbe ou des légumes. Nous sommes paisibles et affectueux avec les humains qui, ici, nous aiment et vivent en harmonie avec nous, avec la Nature que nous partageons. […] Oui, j’espère faire un jour des petits [la gestation des lamantins dure 13 mois]. Je souhaite les voir un jour retrouver une liberté, en milieu naturel, que je n’ai jamais connue. Nos soigneurs – Salomao est mon préféré ! – veillent bien sur nous, nous soignent, nous nourrissent avec attention. J’espère que ceux qui nous attendent là-bas feront aussi bien ! [une équipe locale sera formée sur place, en Guadeloupe, avec l’aide du Brésil]. […] J’espère surtout que les populations à côté desquelles nous allons vivre nous accueilleront avec bienveillance. Ces populations savent, m’a dit Salomao, ce que c’est que l’exil, la défiance née de la peur de l’Autre, de ses différences. Il faut qu’elles comprennent que la paix et l’harmonie entre espèces différentes cohabitant sur un même territoire sont notre richesse commune. Je ne demande qu’à les aimer, et à être aimée et protégée en retour. Moi et tous les miens. C’est mon rêve le plus secret.”

 


 

Mission “retour au pays” : appel au mécénat d’entreprise

Combler le vide entre les populations de lamantins encore bien présentes dans les eaux des Grandes Antilles, au nord, et celles de Trinidad et Tobago et du plateau des Guyanes, au sud, tout en offrant à la Guadeloupe l’opportunité d’un enrichissement historique de son exceptionnelle biodiversité et une visibilité internationale porteuse de belles retombées écologiques et touristiques, telle est l’ambition, géostratégique et économique tout à la fois, du projet porté par le Parc national de la Guadeloupe. Pour assurer l’échappée belle des cinq lamantins (deux mâles, trois femelles – dont Xuxa) offerts par le Brésil jusqu’aux 5 000 hectares d’herbiers sous-marins du Grand Cul-de-Sac marin de Guadeloupe, il faut des moyens financiers importants, à la hauteur des enjeux du projet. L’aide de mécènes d’entreprises, le partenariat d’investisseurs privés conscients des retombées positives d’un tel événement pour leur notoriété éco-responsable, leur image de marque vertueusement associée à ce projet d’envergure, est vivement souhaité par son “porteur”, le Parc national de la Guadeloupe.


 

Parc national de la Guadeloupe 

Siège administratif  : 
Montéran 
97120 SAINT-CLAUDE 
Tél. : 0590 41 55 55 – Fax : 0590 41 55 56