BLANC-VALERIE directrice de l’IME Madinmag martinique

 

Les personnes en situation de handicap mental sont une population vulnérable, à laquelle il faut aménager un parcours de vie adapté, même après le passage à l’âge adulte. Valérie Blanc, directrice de l’IME les Fougères à Fort-de-France, nous en parle.

Qu’est-ce qu’un IME ?

Valérie Blanc : Un Institut Médico-Éducatif est un lieu qui permet d’accueillir des personnes avec une déficience intellectuelle, pour une meilleure insertion sociale et professionnelle. Il permet aussi d’éviter la stigmatisation dans le milieu scolaire ordinaire. Pour les enfants et adolescents que nous avons vu passer par cette institution, il reste, longtemps après leur départ, une sorte de cocon. Certains y sont arrivés à 6 ans, et en sont repartis à 20 ans. Pour la plupart d’entre eux, c’est là qu’ils ontété sensibilisés à un métier.

Dans quel but ?

Pour trouver un travail, soit en milieu ordinaire, soit en Établissement Social d’Aide par le Travail (ESAT), sous statut protégé. À la fois parce que l’intégration sociale et professionnelle est une des clefs de leur épanouissement, et par nécessité. Mais, en réalité, leurs perspectives d’intégration professionnelle sont aujourd’hui lourdement hypothéquées. Le monde de l’entreprise reste réticent à leur donner leur chance, et celui du travail protégé est limité en places.

Pourquoi les ESAT sont-ils saturés ?

Le vieillissement de la population martiniquaise touche aussi les ESAT. Et faute de structures d’accueil relais pour faire face aux besoins des seniors, nombre d’établissements se voient contraints de maintenir en leur sein ces personnes. Cette situation empêche de libérer des places pour les jeunes adultes sortant de la formation professionnelle.

Concrètement, que deviennent ces jeunes ?

Sortis de chez nous, ils n’ont d’autres choix que d’attendre, parfois plusieurs années, qu’une place se libère pour eux. Bien entendu, nos portes leur restent ouvertes, pour un suivi durant 3 ans, pour faire le point, pour un conseil. Mais nous identifions clairement un risque de déperdition des acquis, ainsi qu’un risque de décrochage. Il ne faut pas oublier que près de la moitié d’entre eux sont issus de milieux sociaux carencés, et que cette population handicapée est fortement exposée à la drogue et à la prostitution. L’absence de continuité dans leur parcours de vie est, à tout moment, susceptible d’anéantir les efforts que nous avons déployés pour eux avant leur passage à l’âge adulte.

Comment sortir de l’impasse ?

Pour que notre action au niveau de l’IME garde tout son sens, il est impératif que les ESAT soient en mesure d’accueillir nos jeunes adultes. Pour cela, il faut non seulement créer d’autres ESAT, mais également permettre un flux “sortie” de ces établissements, en développant des structures adaptées aux besoins des individus qui ne sont pas en mesure de travailler.