C’est un engagement quarantenaire en faveur de l’excellence industrielle guadeloupéenne que l’Association des Moyennes et Petites Industries (AMPI) célèbre cette année. L’occasion de mettre l’accent sur l’existence d’une culture de réseau parmi les acteurs locaux, et sur le bien-fondé de ce mode d’action dans la défense des intérêts sectoriels. L’occasion également de rappeler son positionnement sur le terrain économique local.

 

Anniversaire symboliquement fort, cette année, pour l’AMPI. Son acte de naissance coïncide en effet avec le dépôt de ses statuts, le 19 avril 1974. A l’époque, une trentaine d’entrepreneurs guadeloupéens faisaient le choix de fédérer leurs énergies et de faire converger leurs projets de développement au sein d’une structure associative appelée à défendre l’idée d’une valeur ajoutée locale, qui plus est, génératrice d’emplois qualifiés pour les Guadeloupéens.

Une influence incontestable

40 années plus tard, le bilan des actions collégiales menées au sein de l’AMPI est palpable et se trouve sans cesse justifié, en particulier au regard des freins structurels auxquels doivent faire face des activités de production en séries industrielles sur un marché de 450 000 consommateurs : éloignement géographique vis-à-vis des marchés émetteurs de matières premières, étroitesse du marché intérieur, insularité, concurrence effrénée des produits importés. L’AMPI aujourd’hui regroupe 125 entreprises adhérentes, orientées pour la plupart vers le marché régional (Antilles-Guyane), comptant 3 900 salariés directs et indirects, réalisant un chiffre d’affaires global de plus de 900 millions d’euros, et représentant une masse salariale de 60 millions d’euros.

Après la période pionnière (milieu du XXe siècle) où le secteur industriel local avait pour socle essentiel les dérivés de la canne, le sucre et le rhum, la structure fédère aujourd’hui huit branches d’activités, classifiées comme suit : industrie agro-alimentaire, énergie et traitement des déchets, imprimerie-papier-carton, industries chimiques et pharmaceutiques, industrie de l’ameublement, de la literie et du bois, matières plastiques et pneumatiques, industrie de transformation des métaux, industries liées au bâtiment.

Des secteurs qui se sont développés grâce à des investissements réalisés majoritairement par des entrepreneurs du pays, en prenant appui sur les lois successives de défiscalisation, sur la création de zones franches portuaires comme celles de Jarry / Baie-Mahault, et l’implantation de zones d’activités dédiées, comme celles de Jaula (au Lamentin), de Nolivier (à Sainte-Rose), de Dothémare (aux Abymes) ou de Baillif.

“Dans le contexte économique guadeloupéen, le levier que constituent les activités industrielles revêt une importance considérable. Depuis l’implantation de la cimenterie, de la minoterie, de la centrale électrique et du terminal pétrolier il y a tout juste quarante ans, jusqu’au mouvement de diversification actuel, la capacité productive de l’outil industriel guadeloupéen fait figure de modèle dans la Caraïbe », précise Christophe Wachter, le Secrétaire général de l’organisation.

Un moteur de croissance

Aujourd’hui, l’industrie guadeloupéenne reste un moteur de croissance incontournable, dont le potentiel de création d’emplois est largement obéré par la concurrence persistante des produits d’importation. “Il n’y a plus aucune raison d’importer certaines productions, surtout quand il est possible de les fabriquer nous-mêmes en Guadeloupe », rappelle encore Christophe Wachter. « C’est le consommateur qui détient les clés de la performance de l’économie locale ; il a le droit d’exiger des produits péyi partout où il dépense ».

L’environnement réglementaire, économique et fiscal des entreprises guadeloupéennes de production fait l’objet d’une attention minutieuse de la part des animateurs du réseau MPI, « et pourtant, dans chacune de ses branches d’activité, l’industrie guadeloupéenne reste confrontée à des défis spécifiques » ajoute le Secrétaire général. « Son existence repose sur l’octroi de mer et en particulier sur un mécanisme de taxation différenciée entre les biens importés et ceux produits localement”. Une donnée stratégique que les quatre MPI de Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion, continuent à défendre contre vents et marées en s’appuyant sur leurs affiliations aux plans national et européen. Ne serait-ce qu’au travers du travail quasi quotidien mené avec la Fedom à Paris, et Eurodom à Bruxelles. « Notre raison d’être repose sur une capacité à travailler efficacement avec des partenaires économiques locaux, nationaux, européens et internationaux sur des questions de financement, de fiscalité et d’accès aux marchés ».

Centré sur l’animation de son réseau, l’Association œuvre au sein du Conseil économique et social régional et au sein de la commission ad hoc « pouvoir d’achat » du Conseil régional pour faire entendre la voix de l’industrie guadeloupéenne sur les grands sujets économiques de l’heure. Conformément à son objectif de toujours : constituer une force de proposition et un relais efficace entre les pouvoirs publics et les entreprises de son secteur, encourager à la rationalisation des actions susceptibles d’être porteuses pour l’industrie guadeloupéenne, promouvoir l’étiquette “Produits péyi”… et favoriser le “consommer local” auprès d’une population de plus en plus conquise.