Patrick et Jean Forbin ont toujours su que la vie est faite de défis et de combats. Armés d’une détermination sans faille, ils ont assuré la préservation d’un savoir-faire familial. Mieux ! Ils l’ont transmis à leur descendance !

 

Patrick et Jean Forbin ont suivi les traces de leur père, Félix Forbin, dit “Rosenel”, le charpentier marin de Carénage. L’aîné, Patrick, est reconnu pour son expertise dans le sauvetage, le renflouement et la réparation de bateau. Il concède lui-même : « l’école n’était pas mon fort ». Adolescent, il préfère fréquenter les chantiers de son père. À l’âge de treize ans, il réalise sa première grue, à l’aide de matériaux de récupération. Un équipement qui lui sera ultérieurement très utile dans son travail.

À dix-huit ans, il conçoit son propre lift motorisé pour monocoque, qui lui permet de mettre à sec les embarcations. « J’ai acheté le moteur, j’ai bricolé une transmission et je l’utilise encore. Je l’ai depuis plus de vingt ans ». Il imagine, dessine et construit. « Je ne me lance dans la fabrication qu’après avoir mûrement réfléchi. Je suis un autodidacte. Je fréquentais des amis architectes, dessinateurs. Je les regardais faire et c’est ainsi que j’ai appris ». Rien ne l’effraie. Il construit ainsi un dock flottant de ses propres mains et  finalise aujourd’hui un nouveau lift pour multicoque, bientôt en service.

La réparation et la construction navale sont une histoire de famille chez les Forbin.

Juste à côté de son atelier, se trouve celui de son frère Jean Forbin, mais également celui de Mathieu, son fils aîné, qui réalise des “bateaux cigarettes”, et celui de Marc, le cadet, installé à quelques mètres, assurant la maintenance mécanique des moteurs de bateaux.

« Nous sommes une famille de travailleurs. Chacun exerce dans son atelier. Mais nous savons aussi rassembler nos forces dans toutes situations ».

Patrick le “patriarche” est l’un des hommes de la mer à l’initiative de la relance du Tour de la Guadeloupe en Voile Traditionnelle (TGVT) en 2001. « Avec un groupe de copains, nous avons décidé de relancer cette compétition. Au début, nous n’étions que sept canots ». Membre de l’organisation au départ, il a ensuite démissionné pour se consacrer à la compétition !

Son frère Jean, ses deux fils Mathieu et Marc, et lui-même, sont désormais, à chaque  départ de course, chacun à bord de sa propre embarcation. Et pas de lien familial qui tienne sur l’eau quand il faut ravir la première place !

Décidément tous atteints dans cette famille, par le virus de la mer, il n‘est pas étonnant de retrouver son fils, Mathieu Forbin parmi les équipages sélectionnés pour la dernière édition de la course transatlantique AG2R. L’aîné des jeunes Forbin fait partie des quatre  Guadeloupéens retenus dans le cadre du projet Guadeloupe Grand Large, soutenu par la Région Guadeloupe. Par ailleurs, et si le besoin devait s’en faire sentir, il est cité comme remplaçant de Nicolas Thomas, le skippeur guadeloupéen qui prendra le départ de la Route du Rhum en novembre 2014.

Le cadet, Marc Forbin, est un virtuose de jet-ski. Il a d’ailleurs remporté l’édition 2013 de la Karujet. Jean-Félix, le fils de Jean, a intégré une classe sport-études au CREPS, où il pratique… de la voile !

Patrick Forbin, qui peut se targuer d’une vie professionnelle bien remplie, a une pensée pour la jeunesse guadeloupéenne. « Elle ne doit pas baisser les bras et ne doit surtout pas hésiter à se rapprocher des personnes qui ont de l’expérience et des connaissances. Le secteur de la réparation et de la construction navale est pourvoyeur de nombreux métiers : réparateur, mécanicien, ajusteur, électricien… »

Alors,  jeunesse de Guadeloupe, plus d’hésitations. Jetez-vous à l’eau !