Paulo, autodidacte, est spécialisé dans la fabrication et la réparation de planches. Une expérience et une dextérité mises au service des passionnés de la glisse.

 

Sur le boulevard Ibéné, à Sainte-Anne, une petite maison en bois se remarque à peine. De la rue, le visiteur aperçoit quelques planches à voile dans une pièce, appuyées contre le mur. Ce sont les seuls indices qui signalent l’activité de Paulo, l’un des rares “shapers” de l’archipel.

C’est d’abord la passion de la planche à voile qui l’a conduit à ce métier. « Comme beaucoup de mes amis, j’ai appris à fabriquer moi-même ma planche et la réparer ». Après avoir été salarié en métropole pendant quatre ans, Paulo décide de démissionner et de s’installer en Guadeloupe. « J’aimais bien ce que je faisais. Mais je trouvais la hiérarchie pesante »,
avoue-t-il. C’est donc une formation sur le tas qu’il a
acquise au fil des années, confortée par une expérience de plus de trente ans dans cette activité.

Le nombre de “shapers” dans l’archipel se compte sur les doigts d’une main. Mais cette activité n’est pas la “poule aux œufs d’or”, comme certains auraient pu le penser.
« Déjà, les vacances correspondent pour moi à une période creuse, où il y a moins de grosses vagues donc mois de casses. Par ailleurs, je  subis la concurrence des planches importées, vendues dans les magasins spécialisés. »

Mais l’avantage de passer par un “shaper” est indéniable. « Je propose un produit sur mesure avec les côtes et les mensurations demandées par le client », rappelle Paulo qui souligne les aptitudes particulières nécessaires pour ce métier. « Il faut avoir le bon coup d’œil, savoir donner la bonne courbure, le bon profil. » La réalisation, par exemple, du rail de la planche n’est pas uniquement basée sur des mesures, mais nécessite un bon rail, d’après le shaper. Point de contact, d’accroche, entre la planche et l’eau, le rail apporte l’adhérence comme un pneu transmet la puissance d’une voiture sur le bitume. Certains sont tendres, confortables, mais pas très sportifs, quand d’autres collent littéralement au revêtement, transmettant toutes les imperfections. « C’est un métier où je ne cesse d’apprendre. La planche que je réalise est unique et sur mesure. Ses caractéristiques dépendront du poids du surfeur, de son expérience et du type de vagues qu’il affectionne. »

Paulo cultive la discrétion. « J ‘avais mis une planche de surf en guise d’enseigne, mais un coup de vent l’a emportée ! »,
avoue-t-il avec un sourire et des yeux rieurs en amande. Il a bien réalisé un logo symbolisant une planche cassée. Il l’a suspendu dans son local et ne s’est pas encore décidé à l’accrocher à l’extérieur. Il n’est pas pressé. Il fait très peu de publicité pour son activité. Pratiquement tous les amateurs de glisse de l’archipel le connaissent. Un surfeur, fraîchement arrivé en Guadeloupe qui souhaiterait réparer sa planche n’aura pas trop de mal à le trouver. Les passionnés rencontrés sur l’un des spots de l’archipel lui parleront sûrement de Paulo. Peut-être même, avec un peu de chance, le croisera-t-il un week-end à Anse à la Bouelle  au Moule, ou sur le littoral de Port-Louis ou encore d’Anse-Bertrand.