Par Emmanuel VERSINI

Expert immobilier, Cabinet Expertis

Plus de 4 millions de mètres carrés de bureaux vides en Île-de-France. Un gâchis qui semblera, dans quelques années pour la génération suivante, simplement incroyable !
Outre l’appétit des promoteurs et la légèreté des acteurs publics et privés, l’inadaptation de l’offre à la demande et le manque d’anticipation laissent pour le moins songeur. Car toutes les preuves d’une dématérialisation effective et grandissante du poste de travail tel qu’encore conçu aujourd’hui sont avancées.

Nous avons volontairement pris l’exemple de l’Île-de-France mais le problème est global. La flexibilité inéluctable et grandissante du travail, l’augmentation de l’emploi des “free lance” (ou multiplication des emplois pour un même individu), le “co working” (partager et le travail, et les espaces) font de la notion actuelle de poste de travail une idée “has been”.

D’abord parce que, depuis longtemps, amélioration des conditions de travail rime avec limitation des efforts (taylorisme moderne – un salarié, une machine.) Les syndicats ont d’ailleurs étonnement joué le jeu d’un patronat qui n’y voyait qu’une meilleure division (séquençage) des tâches, permettant une rationalisation du travail et donc des économies. Isolement, sédentarisation, enfermement du salarié ont aussi favorisé le retour au besoin d’échanges, de contacts, d’initiatives et de diversification des tâches.

Un chiffre : 60% des bureaux en France sont déjà des espaces ouverts (“open space”). Où co-travaillent salariés d’une même entreprise mais aussi d’entreprises différentes. La notion de “bureau debout” chez Google est inéluctable, même si elle est, à notre avis, déjà dépassée !

Non seulement la (seule) posture assise n’est plus de mise, mais les collaborateurs, quel(s) que soit leur(s) statut(s), sont désormais évalués à leurs résultats et non plus à leur présence dans l’entreprise. Plus de bureaux attitrés, mais un poste mobile permettant le “nomadisme”, bien au-delà du “télétravail”. Car le partage des lieux de travail est, lui aussi, dépassé par… la dématérialisation des bureaux eux-mêmes, comme les boutiques physiques en pleine révolution avec la vente en ligne.

Mais l’informatique, qui a permis de dématérialiser le travail, est elle-même déjà en voie de dématérialisation. Le “Cloud Computing” n’en est qu’un exemple (accès via un réseau en libre-service à des ressources partagées configurables).

Plus grande autonomie, flexibilité, souplesse, liberté d’organisation, mais aussi sans doute, amélioration de la qualité de vie, meilleur lien entre vie privée et professionnelle iront de paire avec accès à l’information en temps réel malgré la distance, réactivité accrue des salariés, déplacements optimisés… Et rationalisation des surfaces de bureaux indispensables…

Un marché immobilier en pleine évolution !