Léa est en seconde au lycée Jardin d’Essai aux Abymes, en Guadeloupe. Elle est élancée, calme et rayonne d’un sourire qui masque à peine un univers d’une insondable richesse.

Comment envisages-tu ton avenir professionnel?

Léa : Je pense passer un Bac ES et m’orienter vers le droit. Un bac littéraire m’aurait intéressée, mais le domaine est trop fermé. Au départ, je pensais devenir psychologue : j’aime accompagner les gens dans les difficultés de la vie. Mais j’ai choisi juge pour enfants, métier dont l’intérêt est encore plus large : on travaille auprès des familles, à l’écoute des problématiques de l’enfant.

Quels sont tes goûts musicaux?

J’aime la musique nord américaine : Beyoncé, Chris Brown, Rihanna. Et, comme mes parents, j’écoute du jazz : Ella Fitzgerald, Louis Armstrong. J’adore les artistes locaux comme Fred Deshayes – qui marie jazz et gwoka – Nicy, Keros-N et Admiral T.

Ton style vestimentaire?

Question difficile ! Mon genre est varié. Il mixe hippie, chic et marques. J’aime les marques Vans, Convers, Kaporal, UnKut, Booba et Jordan, mais elles ne sont pas primordiales pour moi. Les marques chez les jeunes sont synonymes d’argent et de style. Les polos Lacoste, c’est carrément un passage obligé : toute fille se doit d’en porter ! Ce matéria-lisme me pèse. Je préfèrerais que l’on se concentre sur des valeurs essentielles comme l’amitié.

Te considères-tu comme une “digital native” ?

Pour les jeunes de mon âge, le portable est incontournable :
il contient toute notre vie – sms, photos, vidéos. Je l’utilise 24h/24. Parfois, ça empiète sur mon travail scolaire. Whast-App (application mobile de messagerie, NDLR) est au centre de nos échanges quotidiens. Ça a supplanté les messages Facebook : c’est gratuit. Dès qu’on a la 3G on peut échanger en groupe, envoyer des vidéos. On rigole beaucoup ! Vivre sans serait difficile : c’est une façon d’entretenir nos amitiés, d’appartenir à un groupe. Ces amitiés incluent des amis d’enfance, mais aussi des gens que je connais seulement à travers mes communications virtuelles. D’ailleurs, les lycéens qui n’ont pas de portable se sentent coupés du monde. Heureusement, mes parents contrôlent :
avec un mobile, on ne se rend pas compte du temps qui passe. Ma mère me pousse à le lâcher pour me mettre au travail, et, le soir, elle passe dans ma chambre et me demande mon téléphone. Je suis d’accord : je sais qu’en m’endormant à minuit je serai fatiguée le lendemain matin, au lycée. Il y a des déviances sur les réseaux sociaux. Des vidéos d’exécution et d’agressions sexuelles circulent. Un jour, j’ai appelé Guadeloupe 1ère pour dénoncer ça. C’est abominable de mettre en ligne de telles images.

Que manges-tu?

De tout ! Fruits, légumes, féculents, viande et poisson. À la maison, on a toujours été habitué à manger des légumes.

Pratiques-tu un sport?

Non, je suis un peu fainéante de ce côté-là ! J’ai fait de la danse classique et du modern jazz, de la GRS, de la natation aussi – j’avais des problèmes de dos à force de porter les sacs d’école. Mon hobby depuis 5 ans, c’est le chant! Je chante des chansons américaines et, surtout, celles d’une artiste locale : Édith Lefel.

Tes conseils santé?

Une alimentation équilibrée, moins de sucre et la pratique d’un sport – même si je ne suis pas un exemple ! Il a trop d’enfants obèses.

Un amoureux?

Aujourd’hui, les garçons ne pensent qu’au sexe. Moi, ça ne m’intéresse pas. Souvent, les garçons me donnent la sensation d’avoir un petit pois dans la tête, ou est-ce du vide ? Peut-être qu’ils finiront par mûrir ? J’attends d’un amoureux qu’il me parle politique, actualité. Un homme, il doit savoir divertir une fille, la surprendre. Je suis plus exigeante avec les garçons qu’avec mes copines ! Avec elles, on parle de tout. C’est vrai qu’on aime bien regarder les belles créatures masculines ! Mes copines, je ne pourrais pas vivre sans elles. On s’amuse, on se stimule, on se remonte le moral.

Quels sont tes rapports avec tes parents?

Notre secret, c’est l’échange. Je suis très proche de ma mère. Je lui raconte tout, ma journée, mes frustrations. Ça évite les blocages entre nous. Les rares fois où je râle, c’est lorsque mes parents me poussent à faire mes devoirs. Mais ils ont raison.