Du 17 au 23 novembre, la 18e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées veut informer le grand public et les chefs d’entreprises. Les institutions porteuses ont signé le PRIPTH (Plan régional pour l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés) : État, représenté par la DIECCTE (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), Région Guadeloupe, Pôle Emploi et MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Alexis Turpin, délégué régional de l’AGEFIPH, et Véronique Charpentier, cheffe du département emploi et compétences de la DIECCTE, évoquent cette initiative collective et solidaire. Entretien.

Quels sont les objectifs de ce plan régional ?

Véronique Charpentier : D’abord, réaffirmer que l’emploi des personnes handicapées n’est pas uniquement l’affaire de l’Agefiph et de Cap Emploi, organismes spécialisés dans l’accompagnement des travailleurs handicapés. L’État, la Région, Pôle Emploi, ont des missions en termes d’emploi et de formation: les personnes handicapées doivent d’abord bénéficier du droit commun. L’Agefiph et Cap Emploi interviennent en complément. Le but du PRIPTH est de coordonner tous les acteurs de l’emploi autour d’axes stratégiques : orientation, accès à l’emploi, formation, maintien dans l’emploi, mobilisation des entreprises. Nous devons mieux communiquer avec les entreprises, en particulier sur le maintien dans l’emploi. Placer une personne handicapée, c’est bien. Encore faut-il que son handicap ne lui fasse pas perdre son emploi. Or le handicap s’aggrave souvent avec le vieillissement.

Alexis Turpin : Des outils, des dispositifs existent. Il faut les promouvoir avec la mobilisation de tous. Par exemple : le SAMETH (Service d’appui au maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés) va dans l’entreprise et propose des solutions – aménagement du poste de travail, recours à un ergonome, à une formation – qui peuvent être financées par l’Agefiph. Le but du PRIPTH est de favoriser l’accès à l’emploi, à la formation et au maintien dans l’emploi des personnes porteuses de handicaps. Pour cela, il faut formaliser les liens entre les acteurs concernés : MDPH, médecins du travail, médecin conseil, médecin inspecteur régional, Agefiph, représentants du MEDEF et des salariés.

Quels sont les défis de la Guadeloupe en terme de handicap ?

Véronique Charpentier : L’île compte 1700 demandeurs d’emploi en situation de handicap, dont 64% sont des chômeurs de longue durée : 252 jours de plus que la moyenne! Mais les résultats sont bons en terme de placements. Entre 2013 et 2014, ils ont augmenté de 30%. C’est le fruit des premiers partenariats : l’Agefiph, par exemple, a signé des conventions avec l’Opcalia sur l’alternance et, avec la Région, sur l’accès à la formation. L’enjeu reste de mieux impliquer les dirigeants d’entreprises.

Alexis Turpin : L’Agefiph collecte une contribution auprès des entreprises de plus de 20 salariés qui n’embauchent pas de travailleurs handicapés. Cette collecte baisse au niveau national, mais augmente de 9% en Guadeloupe. Au niveau national, 19% des entreprises contribuantes n’ont aucun salarié en situation de handicap. Elles sont 52% en Guadeloupe ! Ici, les entreprises sont confrontées à des problématiques – mauvaise image du handicap, manque d’information sur le sujet – qu’elles ne parviennent pas à résoudre seules. Or il existe des solutions : accompagnement spécifique par Cap emploi, aides de l’Agefiph à l’alternance, élaboration d’un accord d’entreprise …

Quelle est l’ambition de cette nouvelle Semaine pour l’emploi des personnes handicapées?

Alexis Turpin : Son message : le handicap n’est pas forcément synonyme de fauteuil roulant ou de handicap mental. Il peut arriver à tous et il n’empêche pas d’être compétent. N’oublions pas que les handicaps de naissance sont minoritaires, et que les situations d’invalidité importante sont très rares. La majorité des handicaps surviennent au cours de la vie. Les émissions TV « Papiyon Volé », reportages sur des personnes handicapées au travail, diffusées sur Guadeloupe 1ère et Martinique 1ère, participent au changement d’image. L’action s’intitule : “Un jour, un métier en action” – une personne handicapée découvre le métier désiré au sein d’une entreprise, qui permet à l’entreprise et à la personne de se découvrir mutuellement et de faire tomber les clichés

Véronique Charpentier : En Guadeloupe, le handicap est encore tabou : la population des personnes handicapées est sous-estimée. C’est pourquoi des actions de sensibilisation du grand public sont organisées, le 17 novembre à Basse-Terre, le 18 au village de la Route du Rhum. L’autre défi : répondre aux attentes des entreprises. Mercredi 19 novembre, nous serons à Jarry, devant l’AMPI, pour dialoguer avec elles et promouvoir l’alternance. Nous devons les convaincre que l’emploi de personnes handicapées est une démarche vertueuse : elle permet d’embaucher des gens compétents, de bénéficier d’aides financières et de s’acquitter des obligations légales. Ensemble, changeons notre regard sur le handicap !