Instructeur en chef des forces de l’ordre, il va s’entraîner à la source, aux côtés des plus grands maîtres… En ce mercredi du mois d’octobre, le vent souffle un air radieux sur Kandjokan, à portée d’arbalète de la plage de Zéphyr. C’est ici qu’officie, depuis 2011, le Gran Dókó Sawani Makan, le fondateur du Djokan, cet art guerrier afro-amazonien né en Guyane.

L’art guerrier afro-amazonien, reconnu patrimoine guyanais par la Région Guyane

Autour d’un tatami, trottinent en silence une dizaine d’enfants. Des danseurs ? Des gymnastes ? Ils en ont la souplesse, pas la tenue. Au Kandjokan, on ne porte ni collants ni chaussons, mais plutôt un bas de sous-vêtement et un tee-shirt à l’effigie du Djokan.

Dans un court instant va débuter le cours bi-hebdomadaire, après que les élèves, qu’on appelle les Djokankas, ont terminé le Djaka, cette méthode d’échauffement, d’étirement et de renforcement du corps. Lorsqu’ils de-viendront des Djòkòs, dans quelques années, ces Djokankas feront des merveilles de virtuosité, notamment au tambour. On reconnaît les novices en ce qu’ils ne portent pas encore la Kalendja, la tenue d’entraînement du Djokan, qui tient également lieu de tenue traditionnelle. Il faut dire qu’au Kandjokan, on enseigne la pédagogie, bien sûr, mais aussi toutes les techniques, toute la pratique, toute la culture, toute la spiritualité du Djokan.

Pendant 25 ans, le Gran Dókó Sawani Makan ne s’est pas ménagé, a beaucoup donné de sa personne et mis son corps à rude épreuve. Instructeur en chef des forces de l’ordre, il va s’entraîner à la source, aux côtés des plus grands maîtres, ceux-là même qui font autorité dans l’exercice de ce qui ne s’appelle pas encore le Djokan. Parallèlement, le Gran Dókó Sawani Makan va entamer des recherches, qui dureront une dizaines d’années, sur les arts guerriers amérindiens, bushinengués mais aussi créoles, sans oublier, pour affiner et augmenter son savoir, de solliciter des universitaires, en l’occurrence des historiens et des ethnologues, des anthropologues et des musicologues. Il lui manquait quelque chose, ce souffle par lequel, selon le bon mot de René Maran, on parvient à « se rassembler pour encore mieux se ressembler ». Ce souffle, c’était l’Afrique. Le Gran Dókó, toujours en quête de la source de ses ressources, y est retourné encore en août 2014. C’était au Sénégal. Là, aux côtés de Papa Demba Diouf, l’ambassadeur du Djokan pour le Sénégal, et de Willy Castille, l’ambassadeur mondial du Djokan, le Gran Dókó s’est livré à un véritable exercice de démonstration. À l’une de leurs prestations, les représentants guyanais ont eu droit à un visiteur de marque : Doudou N’Diaye, 84 ans, l’un des plus grands percussionnistes du monde.

Deux mots sur le Djokan

Après cette longue année de gestation, la méthode du Djokan est créée officiellement en 2010. Origine du mot : “Djok” est un mot d’origine africaine, qui signifie “éveillé, robuste, en bonne santé”. Le Djokan est un Art de vivre, un sentier sur le chemin de la vie qui permet à tous ceux qui le désirent une recherche profonde (et sincère) de l’Être par le travail du corps et de l’esprit, de l’abandon du paraître par le développement et l’approfondissement de la connaissance de soi, de l’humilité, du respect, de l’Altruisme conduisant à l’élévation de l’homme.

Le principe de base du Djokan 

Le Djokan est un art basé sur la mobilité, la fluidité et l’adaptabilité du corps et de l’esprit du pratiquant dans l’environnement dans lequel il évolue.

Les différents enseignements du Djokan

Le Djokan s’articule autour de trois enseignements :

– Djoubate : Enseignement des différentes techniques de combat à mains nues, incluant les frappes avec toutes les parties du corps (Tchokan), les clés (Kochi), les projections (Lévé Fésé), les étranglements (Gorjet Ang-wé), la lutte corps à corps (Asuwadja), les immobilisations (Kabouya) et la self-défense.

– Zhan-Mian : Enseignement des techniques de combat avec les armes traditionnelles classifiées en trois catégories : armes contondantes, armes tranchantes et armes de jet.

– Djokaya : Ensemble de techniques de santé et développement personnel (travail interne) qui comprend des exercices de renforcement du corps et du mental, des assouplissements et des mouvements d’étirement (Djaka)…