Vous allez dire que j’insiste. Mais il y a de quoi. Comment ne pas adhérer aux plaintes répétées des entreprises du bâtiment et constater l’échec des politiques en matière de construction ? Le chiffre de 500 000 logements martelé depuis des années devient risible. D’octobre 2013 à septembre 2014, les mises en chantier s’élèvent à un peu plus de 300 000 unités, soit une baisse de plus de 11 points par rapport au 12 mois précédents.

Schizophrénie : « …difficultés à partager une interprétation du réel avec d’autres individus, ce qui entraîne des comportements et des discours bizarres, parfois délirants… »

30 milliards d’euros d’aides il y a trois ans, 42 milliards aujourd’hui. L’échec. Une dégringolade qui démarre fin 2012. Pourtant, tout a bien commencé. L’annonce de François Hollande de libérer davantage le foncier public est convaincante (Loi du 18 janvier 2013.) Et très vite 5 millions de m² recensés se transforment en une dizaine de sites cédés. Quel choc ! Il faut assurer « un meilleur suivi », déclare Sylvia Pinel. Pourquoi pas une commission de 60 membres ?
500 000 logements martelés et une loi Duflot interdisant l’étalement urbain lorsque le monde qui nous entoure n’est plus que grandes métropoles. Interprétation du réel disais-je ?

Les fautifs ? Les maires, les départements…et pourquoi pas encore les notaires, bêtes noires responsables forcément de la catastrophe ? Alors vient un nouveau choc. Outre la loi de simplification de la vie des entreprises (libérer la construction), le Plan de relance d’août 2014 (le énième, adopté samedi 22/11 par le Sénat ), très médiatique, vise à relancer la construction pour répondre aux difficultés que les Français connaissent pour se loger et pour soutenir un secteur en crise. à savoir, libérer le foncier privé, accélérer la simplification des normes de construction, favoriser l’investissement locatif, augmenter l’offre de logements neufs intermédiaires et sociaux, jusqu’à détricoter la loi Alur…

Les apprentis sorciers confient des missions et annoncent la mise en place d’une « commission (encore une !) nationale de l’aménagement, de l’urbanisme et du foncier ). 21 membres tout de même. Nous entendions dire qu’il fallait aller vite et agir par ordonnances. Il n’y a qu’un million de demandeurs de logement social en attente. Rien ne presse !

Lors du sommet de la construction, le 20 novembre 2014, consacré au non-résidentiel (plus de 40% du chiffre d’affaires de la profession), le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Jacques Chanut, martèle :
“Nous avons besoin de décisions pragmatiques pour cons-truire des logements là où les Français en ont besoin.” Diminution des normes certes, mais également accélération de la transition énergétique. « La mise aux normes du parc représente 30 à 40 ans de travaux”, explique-t-il. Et pour inciter les investisseurs à miser sur la valeur verte, il faudrait
« trouver des garanties publiques », souligne M. Chanut. Rappelons que nous en sommes déjà à 42 milliards d’aides et toujours pas de politiques probantes en matière de construction de logements neufs. Améliorer l’habitat… quitte à ne pas arriver à construire du neuf, autant « retaper » l’ancien !

Et Jacques Attali de proposer, pour développer l’offre de logement et construire davantage, de redonner le pouvoir à l’État sur les permis de construire. “Une des grandes erreurs de la décentralisation est d’avoir transférer ce pouvoir aux maires », dit-il. Cela fait presque sourire. Une dernière solution passerait par la commande publique. Mais la FFB constate qu’« elle s’est estompée en 2014 ». Et c’est oublier que la réforme territoriale engagée par le gouvernement diminuera les investissements des collectivités locales – c’est déjà le cas depuis plusieurs années. La réduction des dépenses publiques, y pense-t-on vraiment ?

Avec quelque 3 milliards en moins de dotation pour les collectivités locales, comment les impôts locaux n’augmenteraient-ils pas ? La suite – les conséquences sur l’immobilier – on la connaît.