Elle n’a que 46 ans mais semble avoir vécu trois vies. Elle parle littérature, droit privé et psychologie sans jamais se départir de cette flamme qui illumine son regard.

Rencontre avec une femme éclairée.

Mariella Bergen est une femme polymorphe qui semble apte à pratiquer un nombre infini d’activités tant sa curiosité rayonne. Peut-être d’ailleurs est-ce pour nourrir son jardin intérieur avant de croquer le monde qu’elle s’est d’abord octroyé 20 années dédiées à ses enfants. Elle en a trois et les chérit au point d’illuminer son regard lorsqu’elle les évoque. Iris, Inès et Guillaume sont ses joyaux, les êtres qui ont écrit pour elle son rapport au monde. Elle n’a que 18 ans lorsque naît sa première fille, Iris, aujourd’hui journaliste, collaboratrice de Harry Roselmack et pianiste émérite à ses heures. à l’époque, Mariella est lycéenne. « Iris a été le moteur de ma vie », dit-elle. « Cette naissance a été le plus grand stimulus de ma vie ». Vient Inès, quatre ans plus tard, aujourd’hui infirmière attentionnée qui intégrera à la rentrée un service de traumatologie, une militante pour la protection des animaux aussi. Quatre ans encore, et c’est au tour de Guillaume de compléter le « club des 5 ». Le jeune homme étudie actuellement la communication et la publicité.
« Un vrai créatif, le fils parfait, mon meilleur ami, mon plus grand soutien, un garçon bien dans sa tête, à l’écoute des autres, le meilleur ami de tous ses amis ! ». Ces enfants, Mariella les choie pendant deux décennies, s’occupant en parallèle de la gestion et de la comptabilité du cabinet d’architecture de son époux.

Mais Mariella ne lâche rien et poursuit ses études de droit jusqu’à la licence, escortée par ses enfants en bas âge. C’est une période d’abnégation pour Mariella – ainsi la qualifie-t-elle, mais sans regret, avec objectivité, avec douceur. « Nous avons privilégié la carrière de mon mari au détriment de mon épanouissement professionnel. Longtemps, j’ai souffert d’être la femme de l’architecte », reconnaît-elle. « C’est un rôle ingrat, difficile à accepter quand on sait qu’on a des aptitudes. Une famille de trois enfants, ça se gère comme une entreprise. Je n’avais pas d’autre choix que de calquer mon travail au cabinet de mon mari sur les horaires scolaires de mes enfants. Mais c’était important de passer tout ce temps avec eux. Je les ai aimés, je les ai regardé grandir et je suis fière du résultat. Ce sont trois lingots d’or pur ».

Puis ce chapitre se ferme peu à peu, et un autre s’entrouvre :
Mariella passe un Master en management. L’expérience est probante : elle enfile en un clin d’œil les habits d’assistante de direction d’avocats. Elle adore, « car le droit est ma passion ».

Désormais, Mariella ne pourra plus s’arrêter. Elle veut apprendre, encore et toujours. « Les enfants étant partis, je me suis consacrée à mes passions et à ma carrière. Je voulais user de mes compétences intrinsèques». Il y a trois ans, elle entreprend un cursus par correspondance en psychothérapie. Trois années d’études dont une d’analyse auprès du célèbre psychologue Raphaël Speronel, son mentor, au terme de laquelle l’homme lui propose de s’associer. Alors, si Mariella poursuit ses activités de juriste, elle est désormais, aussi, psychothérapeute et conseillère en relation conjugale aux Abymes. « J’apporte mon aide pour que la détresse des personnes qui me consultent ne soit que ponctuelle, qu’elle ne dure pas. Je vis en couple depuis longtemps et avec un grand bonheur au quotidien : cela confère une légitimité en matière de conseils conjugaux ».

Aujourd’hui, la vie de Mariella est pleine, dense, multi-facettes. « Je fais 4 à 5 grands voyages par an à l’étranger, ce qui me permet d’embrasser mes deux Parisiens au passage. Je lis 10 livres par mois en moyenne, cela m’enrichit, m’équilibre et me distrait de mes journées parfois très chargées. Et bien sûr, je continue d’étudier en vue de passer le concours du Barreau ». Mariella voit clair. Elle a su se retourner, observer le chemin parcouru, l’évaluer à sa juste mesure et se concentrer sur l’essentiel. « J’ai trois enfants épanouis qui se projettent dans de belles vies professionnelles et personnelles. J’entretiens d’excellents rapports avec eux. Nous allons ensemble à des conférences écouter Boris Cyrulnik ou encore, le mois dernier, Ingrid Betancourt. Et parfois nous voyageons ensemble. Après avoir fait le deuil d’une vie de maman que j’aimais beaucoup, le nid étant maintenant vide, je vis pleinement le rôle de référente, de conseillère. Longtemps, je n’ai pensé qu’à mes enfants et à mon époux.

Aujourd’hui, j’ai un autre objectif : me recentrer sur moi-même. Or, je peux aller jusqu’au bout de cette démarche précisément parce que j’ai l’amour et le soutien de ma famille. Pendant ces 20 années d’abnégation, il y a eu certes beaucoup d’écueils, de désamour aussi. Et notre cocon à su se résoudre à vivre un peu en autarcie. Franchir ces obstacles m’a permis de bâtir les fondations de mon plein épanouissement actuel. Désormais, je ne m’encombre de rien, je suis sereine tant que mes enfants et mon mari ont la santé et le sourire. Et je trouve la vie merveilleuse. Ma devise : « Visez la lune, si vous ne l’atteignez pas, vous atteindrez au moins les étoiles ».