Pleins feux sur ce syndicat aux projets de très grande envergure.

Ralph Monplaisir, président du SMEM, marque une nouvelle dynamique impulsée depuis son arrivée à la tête du syndicat, le 30 avril 2014. Voici quelques-uns des projets innovants et structurants visant à agir concrètement sur le développement économique de la Martinique.

Quelles sont les activités du SMEM ?

Pour bien les expliquer, il convient de faire un bref historique. En Outre-mer, et ce jusqu’en 2002, l’État était l’autorité concédant la distribution de l’électricité. Depuis, ce pouvoir a été transféré aux 34 communes de la Martinique, qui l’ont rétrocédé à un syndicat qui gère, pour leur compte, l’ensemble des questions d’électrification. Il s’agit du SMEM, Syndicat mixte d’électricité de la Martinique. Constitué du Département et des communes, il organise le fonctionnement de la distribution publique de l’électricité et exerce les compétences que lui ont confiées les collectivités concernées.

Sur quoi le SMEM a-t-il autorité ?

Il est la seule autorité compétente en matière de distribution électrique en Martinique. En signant un accord avec EDF, le SMEM en a fait son concessionnaire pour assurer une bonne gestion des lignes à basse et moyenne tension. Ses compétences s’appliquent sur le contrôle des réseaux publics de distribution d’électricité, sur le contrôle du bon accomplissement des missions concédées à EDF, et sur la maîtrise d’ouvrage des investissements sur le réseau. Il convient donc de faire savoir aux Martiniquais que c’est ce syndicat qui distribue l’électricité dont ils bénéficient chaque jour chez eux. Le SMEM a aussi pour mission d’aider à consommer mieux, donc moins. Pour cela, un vaste plan d’actions fait l’objet d’une première phase, qui s’adresse particulièrement aux communes puisqu’une part importante du budget des collectivités locales est consacrée au paiement des factures d’électricité pour les bâtiments et l’éclairage public.

En quoi consiste ce plan d’actions ?

La phase initiale comprend trois programmes majeurs : bâtiments performants, expérimentation d’un éclairage public intelligent et recherche de financement direct auprès de l’Union européenne. La première mesure concerne donc la réduction de la consommation en énergie des bâtiments communaux, en procédant à la rénovation énergétique de leur patrimoine bâti. En septembre dernier, les élus du SMEM ont décidé de simplifier les procédures administratives, faciliter la mise en œuvre des projets, mutualiser les dépenses et réaliser un volume plus important de travaux. La priorité étant de réduire la facture d’énergie des communes et, par là même, la dépendance énergétique de la Martinique. Nous élaborons des projets tels que le “Smart Grid”, qui constitue une voie d’avenir pour la gestion du réseau électrique dans l’intégration de solutions photovoltaïques avec stockage, de la régulation de l’injection sur le réseau et de l’autoconsommation des bâtiments, voire de recharge de véhicules électriques.

Avez-vous conclu un partenariat avec d’autres acteurs dans ce but ?

Oui, car nous sommes convaincus qu’avec des partenaires, nous pourrons renforcer l’efficacité et l’attrait de ce programme auprès des bénéficiaires potentiels. Le SMEM a donc obtenu une participation technique et financière d’EDF et de l’ADEME. Elle est formalisée par une convention de partenariat définissant les modalités des interventions et le budget alloué sur les 3 ans à venir, qui s’élève à 6 750 000 euros.

Le deuxième programme concerne un éclairage public intelligent ?

Tout à fait. Afin de qualifier et de quantifier le niveau des prestations qu’il serait possible d’offrir aux communes, le SMEM a lancé deux marchés. Le premier est lié à l’entretien du réseau de 6 communes du Nord Caraïbe. Le second concerne une étude sur l’état des lieux du réseau sur l’ensemble du territoire. Il conduira à l’élaboration d’un schéma directeur de l’éclairage public en Martinique. Parallèlement, il nous semble pertinent d’expérimenter de nouvelles technologies qui permettraient autant de diminuer significativement la consommation que d’améliorer la qualité du réseau.

Pourquoi qualifiez-vous ce système d’« intelligent » ?

Avant tout parce que le réseau utilisera une ampoule “intelligente”, composée de LEDS baignant dans une huile de synthèse complètement écologique. Sa durée de vie est de 16 ans environ : elle consomme deux fois moins qu’une ampoule classique et elle s’adapte à tous les lampadaires existants. Grâce à cette ampoule, les exploitants du réseau d’éclairage public pourront communiquer à distance pour allumer, éteindre les lampadaires, régler l’intensité de chaque ampoule, changer la couleur en fonction des conditions climatiques. À terme, elle pourra même être raccordée à une caméra. Avec un tel potentiel, nous allons optimiser l’éclairage public qui représente jusqu’à 50% de la consommation totale d’une collectivité locale. Un exploit !

En quoi consiste le troisième programme de recherche de financement auprès de l’Europe ?

L’Union européenne a défini un programme en matière d’énergie dénommé “Horizon 2020”. Il met en place un volet pour les énergies sûres, propres et efficaces, dont l’objectif est d’assurer le passage à un système énergétique fiable, financièrement abordable, durable et compétitif, qui puisse réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Ce programme accorde une enveloppe de presque 6 milliards d’euros pour la période 2014 / 2020. La Martinique n’utilisant pratiquement pas ces fonds communautaires, totalement indépendants des fonds européens gérés par la Région, le SMEM souhaite en bénéficier plus largement pour le financement des programmes dont nous venons de parler. Pour y parvenir, le SMEM va établir une représentation permanente à Bruxelles, qui lui apportera tout le soutien logistique dont il aura besoin. Il est donc urgent de bâtir les partenariats requis pour soumissionner aux programmes communautaires. Un cabinet d’avocat (Coppet) a été mandaté pour représenter les intérêts du SMEM et fournir une information régulière via des experts internationaux. Ils pourront activer les mécanismes d’accès aux différents programmes qui nous intéressent. L’équipe formée bénéficiera ainsi d’une action de veille sur les programmes cadres.

Ralph Monplair, président du SMEM et grand bâtisseur

Né en 1948, marié et père de 4 enfants, Ralph Monplaisir a fait des études supérieures à Bruxelles et a passé un an à New York, dans une banque à Wall Street. Plus tard, dans l’entreprise familiale, il gère quelques portefeuilles avant de se lancer dans un véritable marathon professionnel : à Trinidad, où il est administrateur de la banque ALC, à Sainte-Lucie, sur les terres patrimoniales, où, pendant 10 ans, il se consacre au développement de l’agrotourisme. Il est aussi membre fondateur de la SBCI, l’initiative “Construction Durable” du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement. En Martinique, il dirige une société de commercialisation de véhicules, devient co-créateur de la société Carib Moter, puis se lance dans le déploiement du Club Med, de l’hôtel Batelière, et collabore à la conception du projet de la Pointe Simon. Il a été président de l’Agence des 50 pas. Enfin, maire de Case-Pilote depuis 2008, il a été réélu dès le premier tour en 2014.

Aujourd’hui, vous voilà à la présidence du SMEM. 

Pourquoi voulez-vous ajouter cette fonction à un CV déjà très concentré ?

Ralph Monplair : En tant qu’acteur économique, j’aime innover, entreprendre, construire, aller de l’avant. Je me sens très concerné par le SMEM. Je voudrais apporter mon expérience d’entrepreneur à même de mener des programmes, des projets et des actions et surtout, de les rendre rapidement opérationnels. Porte-parole des 57 membres du SMEM, il me tient à cœur que nos interlocuteurs comprennent les objectifs de chacun. Mon rôle est de les représenter et d’agir pour que le syndicat et ses partenaires puissent engendrer une société nouvelle, où toutes les actions profiteront à l’économie martiniquaise. Car en soutenant des entreprises, on crée des emplois, on génère des formations et on prospère !

Pour représenter le SMEM, 

faut-il être sensible à l’énergie ?

Incontestablement. Depuis toujours, ce sujet m’anime, au point d’avoir été à l’origine, avec mon fils, de la construction du projet de gazoduc des Antilles, qui pourrait relier la Martinique à Trinidad. Mais aussi de la construction d’éoliennes pour laquelle nous avons reçu l’accord du gouvernement. Récemment, nous avons aussi obtenu de la SARA l’utilisation du bio-carburant à base d’algues (venu d’Argentine), utilisé dans les hélicoptères au Brésil. J’ai, en toute modestie, envie de partager avec le SMEM cette culture du développement de grands projets et démontrer l’expertise de cet Établissement Public dans ses domaines de compétences et le positionner comme une véritable vitrine à l’international.

“ Je présente mes vœux les plus sincères de réussite à la Martinique et à l’ensemble des Martiniquais ; et, particulièrement, aux décideurs locaux, aux partenaires publics et privés du SMEM et au monde socio-économique ”.