Magali d’Abadie de Lurbe est directrice des ressources humaines au sein du groupe Créo, qui conjugue activités de recrutement (Alpha Conseil), d’intérim (Franchise Randstad dans les DOM), de distribution alimentaire (enseignes Leader Price, Franprix, Thiriet) et de logistique, transport, approvisionnement. Depuis la 1ère édition, elle mise sur la JOMD. Témoignage.
En quoi la JOMD est-elle un lieu de valorisation des talents des Outre-Mer?
Magali d’Abadie de Lurbe : Depuis 2009, la JOMD nous a permis de recruter plusieurs collaborateurs de qualité – responsable recrutement, managers de grande surface alimentaire, responsables gestion des prix, assistante marketing – mais aussi de trouver des partenaires précieux dans les domaines de la formation et du développement technologique. Nous y avons aussi rencontré de jeunes entrepreneurs et nous sommes associés à leurs projets de création d’entreprise. Sur la JOMD 2015, nous souhaitons renforcer cette recherche de talents.
Quels profils sont recherchés par les entreprises domiennes?
Notre groupe recrute très régulièrement directeurs de magasin, responsables de secteur, employés libre-service. Ces deux dernières années, nous avons également recruté un directeur administratif et financier, des comptables, directeur d’exploitation, acheteurs, pricers, responsable d’agence et consultants.
Plus largement, sur nos territoires domiens, les profils d’ingénieurs sont également très recherchés. Malgré un taux de chômage élevé, nos marchés sont très dynamiques. Toutes les entreprises sont à la recherche de compétences. Et, quand des originaires des DOM apportent ces compétences, ils deviennent de véritables pépites.
Quel est l’avantage, pour sociétés et grands groupes, de recruter des Ultramarins ?
Les Ultramarins ont l’avantage d’avoir en eux « l’ADN du pays ». En terme de management, le partage d’une même culture facilite la compréhension du mode de fonctionnement des salariés et des organisations, que la plupart des non originaires appréhendent plus difficilement.
L’attachement à leur famille, à leurs racines fait des Ultramarins des collaborateurs plus stables. En outre, les contrain-tes inhérentes à l’insularité et à l’éloignement poussent souvent les Ultramarins à quitter leur région et, plus qu’ailleurs, à voyager. Ils développent des capacités d’adaptation, d’ouverture aux autres et au monde : un atout dans notre environnement économique en évolution perpétuelle et rapide.
Comment valoriser l’attractivité des territoires d’Outre-Mer auprès des jeunes diplômés ?
Nos territoires offrent de sérieux attraits en termes d’environnement et de qualité de vie. Mais il n’y a pas que cela : une expérience ultramarine, même de quelques années, est un véritable tremplin dans une carrière, j’en suis convaincue.
Aujourd’hui, la plupart de nos entreprises domiennes sont des TPE et PME, qui n’ont pas les moyens, contrairement aux grandes entreprises, d’embaucher des spécialistes dans chaque domaine. Elles doivent donc recruter des personnes plus autonomes que la moyenne, vite opérationnelles, capables d’intervenir efficacement dans plusieurs secteurs. Les salariés coiffent souvent plusieurs casquettes et développent un réel talent à trouver des solutions face à leurs problématiques quotidiennes, car ils sont souvent seuls : ils doivent se débrouiller, faire preuve d’innovation.
En travaillant dans nos territoires, vous allez naturellement exercer des responsabilités plus larges. Et lorsque vous chercherez une nouvelle activité, ce sera forcément un plus.
D’autre part, pour pallier les problèmes d’insularité ou de distance, les outils de communication « high-tech » sont la norme : il n’est pas rare d’échanger au quotidien par vidéo conférences ou conférences téléphoniques entre plu-sieurs territoires, d’utiliser des outils élaborés de partage de documents à distance…Toutes ces compétences acquises Outre-Mer sont très appréciées par les entreprises, notamment à l’international, et font d’une expérience professionnelle dans les DOM un exceptionnel tremplin.
