Faire face à ses dépenses de logement rime avec réduction des dépenses de santé pour un locataire sur deux, et de celles de consommation pour plus des deux tiers. Presque la moitié des locataires rencontrent des difficultés à payer leur loyer.
La loi impose que la surface habitable d’un logement soit d’au moins 9 m². Ça ne choque personne. Il y avait donc des gens qui vivaient dans de plus petites surfaces ? Et quand bien même cela constituerait un progrès, peut-on vivre dans 9 m² de toute façon ? Oui, si l’on en croit la dramatique histoire de ce quinquagénaire parisien qui vivait depuis 15 ans dans 1.56 m²…
Se loger coûte en moyenne un peu plus de 630 euros mensuellement. Il suffit de lire les annonces des agences immobilières pour s’apercevoir qu’à ce prix-là, on n’a pas grand-chose !
Nous rappelons, afin de donner des ordres de grandeur compréhensibles, s’il en était besoin, que le SMIC net est, en 2015, de 1137 euros par mois. Les salaires nets moyens des salariés et ouvriers (chiffres 2012), eux, plafonnent respectivement autour de 1575 et 1653 euros mensuels. Nous rappelons également, à toute fin utile, que le nombre de demandeurs d’emploi (DOM compris – catégories ABC) s’établit au début de 2015 à 5 561 000 personnes.
Le 20ème rapport de la Fondation Abbé Pierre (2015), maintenu avec force sous silence, fait état de « centaines de milliers de ménages » qui ne parviennent plus à se loger, et d’une augmentation de 50% du nombre de Sans Domicile Fixe depuis 2001. En France, 700000 personnes n’ont pas de domicile personnel.
1.8 million de demandes de logement social étaient enre-gistrées en 2014, contre seulement 467000 satisfaites ! La même année, seuls 356000 logements neufs étaient mis en chantier (toutes catégories confondues), et cela grâce à 58000 logements neufs subitement « retrouvés »…
En 2014, 85% des 18/29 ans estimaient qu’il était « difficile » de trouver un logement, et plus d’un quart « très difficile » (les chiffres publiés par l’AFEV en 2015 sont identiques). Est-ce rassurant (nous le disons avec ironie) que seul 1 jeune sur 5 soit sans emploi ?
« Tous propriétaires, la fin d’un mythe », titrait le journal Le Monde en 2011. « L’idéal pavillonnaire, rêve de nombreuses familles, est loin d’être la norme », reprend en 2015 l’Observatoire des Inégalités, à l’heure où plus de 2 millions de personnes vivent dans des conditions de logement dites « sans confort », pour rester pudique, et où environ 6 millions de ménages sont en situation de « vulnérabilité énergétique» (dont 85000 personnes vivant dans un habitat de fortune.)
Très récemment, et pour la première fois, a été inaugurée une maison en bois entièrement démontable, destinée à accueillir un jeune couple à la recherche d’un logement. Cette solution économique a été envisagée pour aider à terme les français mal logés. Si cela ne rappelle à personne l’hiver 1954 et un appel historique « Mes amis, au secours… ».
Et il faudrait que nous, professionnels de l’immobilier, nous nous félicitions joyeusement de la baisse historique des taux d’intérêts ? Ou que nous nous lamentions de la baisse des prix de l’ancien ?
Sommes-nous devenus des guignols ?