Stimuler le cinéma Antillo-Guyanais tout en rassemblant des populations voisines, différentes, mais proches culturellement, voilà le leitmotiv de Daniel ROBIN, à travers le festival de court métrage « Prix de court », dont il est à l’origine. Le challenge semble faire son chemin, c’est en tout cas ce que confirme la 6e édition qui s’est tenue en Guyane du 15 au 18 avril 2015.

Quel a été l’accueil du public pour le festival qui a eu lieu pour la seconde fois en Guyane ?
Le public guyanais aime le cinéma et adhère au genre atypique du court métrage, bien différent de ce qui est projeté traditionnellement. Nous avons fait le choix d’un festival itinérant qui se déplace dans un département différent chaque année et nous pouvons dire qu’il est attendu, il y a une réelle demande. Par ailleurs, les établissements scolaires se sont manifestés en nombre cette année. Ainsi, de nombreux jeunes ont pu élargir leur culture cinématographique. Il nous semble important d’apporter une ouverture au jeune public, de lui faire découvrir ce qu’il ne connaît pas et de développer sa sensibilité artistique.
Cette sixième édition a été portée par une atmosphère très agréable autour du festival. Un esprit très positif a permis une communion entre le public, les réalisateurs, les membres du jury et la région tout entière…
Nous avons été très bien accueillis en Guyane et cela conforte notre mission de reconnaître ses jeunes talents pour pouvoir les porter au plus haut.

Quelles sont les motivations qui vous ont amené à imaginer un tel événement ?
Tout d’abord c’est le fait de participer à l’éclosion de réalisateurs talentueux, capables de porter à l’écran des films qui questionnent notre imaginaire, notre patrimoine, notre culture et nos héros. C’est aussi pouvoir montrer des œuvres de qualité ayant un impact sur le public des Antilles, de la Guyane et au-delà.
Nous souhaitons renforcer ce qui constitue un élément de convergence certain entre nos trois départements, je veux parler de l’expression d’éléments identitaires et culturels transversaux qui nous concernent tous, peu importe nos origines. Pour cela le cinéma est extraordinaire : quels que soient les territoires d’origine, le 7e art concerne tout le monde, il touche tout le monde. À contrecourant de ce que peut nous montrer l’actualité, un des objectifs du festival est de consolider les liens entre les trois régions, de développer et maintenir des relations fécondes.
Pour tout cela le format du court métrage nous semble être le plus opportun. Il permet de mettre en lumière de nombreux talents tout en répondant à un besoin en terme de qualité, c’est un peu la quintessence de l’expression la plus aboutie en un temps réduit. Le long métrage ne nous permettrait pas de répondre aux mêmes objectifs. C’est un choix.

Si un mot pouvait résumer cette sixième édition, ce serait…
Ce serait le rayonnement ! Je pense bien sûr à Sonia Rolland notre présidente du jury, qui s’est révélée être une véritable ambassadrice de la manifestation. Au-delà du nombre d’œuvres présentées qui est passé d’une vingtaine à un peu moins de cent, de nombreux partenaires viennent désormais à notre rencontre, avec la volonté de s’inscrire dans la dynamique du festival. Cela est très encourageant !
Plus encore que la quantité des œuvres primées en six ans, j’évoquerais leur évolution de manière qualitative. Le niveau progresse chaque année et cela nous laisse entrevoir de belles perspectives d’avenir.
Le festival remplit sa mission d’être un incubateur de talents. Et, si l’événement permet de révéler des compétences, ça ne s’arrête pas là. Nous inscrivons les jeunes réalisateurs dans une trajectoire professionnelle par le biais d’un accompagnement que ce soit dans l’écriture, la réalisation, mais aussi dans le financement. Par ailleurs, le festival contribue également à rendre visibles les œuvres, grâce à des partenariats avec notamment, le Réseau 1ère, Canal +.
Les réalisateurs évoluent par la suite, du court vers le long métrage ; la lauréate de l’édition 2014, Maharaky prépare déjà son premier long métrage.

Quel a été le palmarès cette année ?
« Panga » de Marvin N’Gan Yamb a reçu le prix du public. C’est une œuvre écrite, produite et réalisée par une brillante équipe guyanaise.
« Barbara » du Martiniquais Yannick Privat a reçu le prix du meilleur scénario. Une œuvre magistrale qui possède tout d’un film réussi.
Enfin, le prix de court a été attribué au Guadeloupéen, Julien Silloray qui s’est affirmé avec « Ma Manman d’lo ». Présent l’année dernière, il a su revenir et confirmer son potentiel talentueux avec déjà de nouveaux projets en tête.

Comment imaginez-vous l’avenir du festival ?
Nous travaillons déjà sur de nouvelles idées pour développer le festival et inscrire la production d’un court métrage dans la semaine du festival. L’idée serait de partir de la page blanche pour arriver à présenter une œuvre en clôture du festival.

La prochaine édition, dont la remise des prix se tiendra en Guadeloupe pourrait donc réserver quelques surprises…