Djoe Joseph Dunoyer est entrepreneur et Guadeloupéen. Il dirige à Paris avec ses deux associés le Groupe Gémeaux, une société de production, de communication, et d’événe-mentiel, qu’il a créée il y a deux ans et demi.

Certaines terres sont arides, d’autres plus fertiles. Ces terres-là, sont celles où germent des graines de champions. C’est le cas des Ulis à côté de Paris qui a vu éclore sur son sol les footballeurs Thierry Henry et Patrice Evra, le cycliste Francis Gibrien, et Djoe Joseph Dunoyer. Il y a aussi cette autre terre lointaine, originelle celle-là. Sainte-Anne en Guadeloupe, le berceau de Djoe Joseph Dunoyer, là où il est enraciné.
« Je suis né en Guadeloupe, à Sainte-Anne et je suis arrivé aux Ulis à l’âge de douze ans après le décès de ma mère. C’est ma sœur qui m’a élevé ». Sur sa terre d’adoption, le dépaysement est total. « à mon arrivée, tout était différent, je découvrais le froid et la neige ». Aux Ulis, le jeune Djoe fait l’apprentissage de l’altérité. « à l’école, j’ai découvert la différence, la mixité, la richesse de la diversité ».

Bien plus tard cependant, Djoe Joseph va connaitre les affres du racisme. Il constate médusé que la société française peut être sectaire. « J’étais étudiant, je devais effectuer un stage. J’étais le seul Noir de mon école. Tous mes camarades de classe ont été recrutés sauf moi. Mon prof m’a dit, tu n’as pas trouvé de stage parce que tu es noir. Ça m’a donné de la force pour l’avenir ». Ne pas se lamenter et percer le plafond de verre. « Je suis comme un chat, je retombe toujours sur mes pattes », reconnait Djoe Joseph Dunoyer. « Avec un ami on a décidé de créer notre propre entreprise de communication ».
Djoe Joseph aurait pu être un footballeur renommé.
« J’avais 16 ans, je jouais au foot aux Ulis, le capitaine était le père de Thierry Henry. à Fontainebleau, en 2ème division, j’ai tenté une carrière de haut niveau mais je n’avais pas le soutien de ma famille qui considérait que le foot n’était pas un métier ». Dépité, l’adolescent se dirige vers des études d’électrotechnique.

La communication chez Djoe Joseph est innée. « Elle est en moi », clame-t-il. « à l’école déjà, mes professeurs me disaient que j’avais du bagou ». La petite entreprise de communication est vite prospère, mais finit par péricliter. Djoe Joseph reconnaît qu’il n’avait pas « la culture de l’argent et que cette expérience (lui) a permis d’apprendre et de grandir ». Il se lance alors dans le stand up qu’il importe à Paris bien avant le Jamel Comedy Club. Il produit entre autres Patson, Claudia Tagbo ou encore Mamane.

Avec sa société de production, Groupe Gémeaux, créée il y a deux ans et demi, Djoe Joseph entend « rassembler les synergies et les entrepreneurs de différentes disciplines parce qu’on ne peut pas tout faire seul ». Le chef d’entreprise est aidé dans sa tâche par ses associés, Jocelyne Jean-Gilles et Trésor Mbuyi. Il croit à l’intelligence collective. « Chacun apporte ses idées et nous les confrontons lors de séance de brainstorming ».

« On dit de moi que je suis un dénicheur de talents. Il y a des talents qui ont besoin de visibilité. » Djoe Joseph Dunoyer est en quelque sorte un chasseur de têtes. Il est là pour trouver et valoriser les talents quelle que soit leur origine. Le chef d’entreprise n’est pas une exception dans l’entreprenariat de l’hexagone.

D’autres comme lui, Antillais comme lui, prennent des risques, créent des emplois et réussissent.
« Il y a des entrepreneurs Antillais de qualité qui travaillent dur, on est organisé en réseau au sein d’Outre-Mer Network qui a été créé par Daniel Hierso ».

Il y a un sujet qui plonge le chef d’entreprise pourtant loquace dans un profond mutisme. C’est celui qui concerne les projets de sa société. On a beau insister, Djoe Joseph Dunoyer ne dévoilera rien. Il finit par lâcher un brin mystérieux « on prépare de belles choses ». On n’en saura pas plus. Djoe Joseph Dunoyer serait-il méfiant ou superstitieux ?