Entretien avec Jordana Ozier-Lafontaine
Ancienne diplômée ESSEC en Marketing et Développement Commercial

Bonjour Jordana, vous avez un profil atypique, une vraie citoyenne du monde ! Présentez vous à nos lecteurs.

Je souris devant cette question car je constate que depuis mon enfance, j’ai toujours besoin d’expliquer d’où je viens. En Inde, il fallait éclaircir pourquoi j’avais un passeport français, aux Etats Unis prouver que je n’étais pas une Latina et en Martinique, répondre à la question, « Mais c’est quoi cet accent ? ». Et, à chaque fois, je suis fière de répondre. Je me suis toujours considérée comme un électron libre même si depuis je me suis attachée à la Martinique. Regardez autour de vous ! Le choix était bien sûr facile. Née d’une mère Indienne et d’un père Martiniquais à Mumbai en Inde, mon arrivée ici est née de mon désir de connaître mes origines martiniquaises et d’apprendre le français. Le retour au pays natal de mon père était une décision qui m’a finalement permis de faire renaître une culture martiniquaise probablement endormie au fond de moi.
Petite confidence, enfant, je voulais devenir un espion de part mon profil, mes compétences linguistiques et cette capacité que j’ai de m’adapter (vive le métissage !) dans de nombreux pays.

Quels étaient vos objectifs lorsque vous vous êtes engagée dans le cursus diplômant de l’ESSEC proposé en Martinique ?

Diplômée en Sciences Politiques d’une université américaine je me suis inscrite au cursus diplômant de l’ESSEC car je désirais franchir une étape dans mon intégration dans le marché économique français. Pourquoi l’ESSEC ? En cohérence avec mon parcours pédagogique en Inde et aux Etats-Unis, c’est une école renommée qui s’ouvre à l’international. Une formation diplômante de ce calibre, tout en étant en Martinique, était pour moi une opportunité à ne pas rater.

Quels ont été les moments forts de ces 18 mois de formation ? Vos objectifs initiaux ont-ils été atteints ?

Le premier challenge a été de développer ma capacité de suivre un enseignement dans une autre langue, le français, et cela n’a pas toujours été aisé. Le deuxième était de m’adapter à une vie en groupe au sein de l’ESSEC, qui est finalement devenue une véritable aventure humaine, emplie d’émotions avec mes camarades et nos professeurs. Parmi les moments forts, je retiendrais le fait d’avoir été au contact de professeurs qui font partie de l’élite des enseignants d’écoles de commerce, qui nous ont marqués par la qualité de nos échan-ges. Au delà d’un simple enseignement, cette expérience a contribué à une mutation aussi bien de mes connaissances que de ma personnalité.

Cela fait désormais 5 ans que vous êtes diplômée, comment avez-vous mis à profit vos nouvelles compétences ?

Fraîchement diplômée de l’ESSEC, je suis repartie en Inde me former en gemmologie avec une idée en tête. La transformation de cette idée en un vrai projet a demandé de la méthodologie, une notion fortement soulignée pendant la formation.
Pédagogiquement intense et riche, la formation au sein de l’ESSEC m’a donné des clés en or me permettant de concrétiser cette idée en projet afin de créer l’entreprise höli Cow.
Personnellement, cette formation m’a permis de trouver la confiance en moi, afin de m’imposer sur le marché économique français, tout en valorisant mon coté exotique. Il fallait creuser et exploiter cette richesse innée. Je ne voulais oublier ni ma passion, ni un intérêt certain pour l’entrepreneuriat et la créativité. Il était impératif que je développe un projet sans limite de frontières, qui combine le commerce à une certaine forme d’expression artistique, mais pas seulement.

Höli Cow est un e-commerce de bijoux pour femmes, hommes et enfants créés par des designers du monde entier. Mes origines multiculturelles ont beaucoup influencé la manière selon laquelle je voulais entreprendre et les dix-huit mois
intenses et instructifs à l’ESSEC ont tracé les lignes direc-trices à poursuivre.

Au départ « Holy Cow » est une expression anglophone qui marque l’enthousiasme ! C’est aussi un clin d’œil à la fête Holi en Inde, symbolisée par ces explosions de couleurs et de joie. Ces mêmes explosions de couleurs que je retrouve dans les pierres et les bijoux. Ces images me plaisent et reflètent ce qu’est le bijou aujourd’hui : un accessoire mode indispensable, empreint d’élégance et de beauté, qui peut être aussi coloré que sobre, aussi voyant que discret, aussi cher qu’abordable.

D’autre part, höli Cow réinvente nos manières de consommer :
en achetant un bijou höli Cow nos clients se font plaisir tout en aidant ceux qui ont le plus besoin grâce à l’association höli Cow Charity. La philosophie se résume dans un hashtag :
#UnBijouQuiFaitDuBien. Le concept est simple : en ache-tant un bijou höli Cow sur la boutique en ligne www.holi-cow.com, deux euros sont reversés à l’Association höli Cow Charity qui a pour objectif de mener des actions solidaires, environnementales et humanitaires.

Quels sont les projets qui vous animent désormais ?
Que peut-on vous souhaiter ?

Jamais en manque d’idées mais parfois en manque de ressources ! (rires). Dans l’immédiat, höli Cow nécessite toute mon attention et mon énergie. D’une heure sur l’autre, je change de casquette afin de remplir au mieux chacun des rôles d’un chef d’entreprise. Passionnée par mon travail et souhaitant faire connaitre la marque höli Cow, j’avance avec détermination, humilité et sincérité. Mais ça ne s’arrête pas là : créée en 2014, l’Association höli Cow Charity a pour mission d’aider diverses causes caritatives grâce à des dons et ventes en ligne chaque année. D’ailleurs, si vos lecteurs souhaitent participer à une action, ils peuvent envoyer leur don à
« l’Association höli Cow Charity ».
Höli Cow est né en Martinique et c’est tout naturel pour moi de mener la première action solidaire de l’Association ici. Cette année, nous avons choisi d’offrir des cours d’Iyengar yoga une fois par semaine aux garçons de La Maison d’Enfants à Caractère Social, une des trois structures gérées par l’établissement Espérance Patronage Saint-Louis. L’Association se charge de payer les frais du professeur pendant cette année de yoga. Les cours ont déjà démarré et le retour est positif. Nous sommes toujours à la recherche de l’action que nous allons mener en 2016, qui sera en adéquation avec la philosophie de la marque höli Cow. Nous sommes en discussion actuellement avec plusieurs partenaires potentiels. Aujourd’hui, höli Cow est pour moi un tremplin vers d’autres projets internationaux. Pour répondre à votre dernière question, je ne demande qu’à réussir et me
renouveler car la vie est longue et pleine de surprises.

Prochains Cycles diplômants :

Marketing et Développement Commercial (3e promotion)
Management (9e promotion)

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