Rencontre avec la Présidente du Comité Martiniquais du Tourisme. Conseillère Régionale depuis 2010.

Avez-vous toujours été intéressée par le tourisme ?

J’avais six ans quand j’ai voyagé pour la première fois. Je quittais ma Martinique natale pour vivre à Strasbourg. Chaque année, pendant les vacances, je revenais voir la famille et m’imprégner de mon pays.

Mais, vers 16 ans, j’ai senti que mon ancrage à la Martinique était vraiment puissant, il était devenu vital de rentrer “chez moi”. Une expérience qui m’a donné le goût du voyage, le désir de connaître davantage la Martinique et a aiguisé ma curiosité à découvrir d’autres pays.

D’où mon choix de métiers de professionnel du tourisme en qualité d’agent de voyages. Et depuis, le tourisme reste ma passion…

Quelle est la première raison pour laquelle on visite la Martinique ?

Il ressort des statistiques qu’en venant à la Martinique, les touristes recherchent un produit balnéaire classique qui combine le climat chaud, l’exotisme, les plages et l’accueil des habitants. Les agences de voyages et les tours opérateurs ne mettant pas systématiquement en avant l’ensemble des atouts de notre destination, les visiteurs sont agréablement surpris par sa diversité, ses curiosités, ses spécificités, en fait, ce qui la rend si différente, si attachante. Il n’est pas rare qu’ils reviennent poursuivre leur visite, d’où un taux de fidélisation très élevé.

Quelles spécificités peuvent démarquer la Martinique des autres destinations de la Caraïbe ?

Comparée à d’autres destinations, la Martinique se distingue par une offre très variée en matière d’hébergement :
hôtels, villas de haut standing, gîtes, résidences de tourisme, boutique-hôtels, etc.

Notre île est aussi dotée d’un fort potentiel en matière de tourisme vert avec des activités éco-touristiques variées (randonnées sur des sentiers balisés, circuits de canyoning, randonnées, promenades à cheval), de même qu’il existe des possibilités en matière de tourisme patrimonial et d’activités culturelles, à travers ses nombreux musées, ses habitations, ses distilleries, ses vestiges historiques…

Quant à notre cuisine, à base d’épices, de fruits et légumes locaux, elle représente à elle seule un pan savoureux de notre culture. Enfin, la Martinique est une des destinations les plus sûres de la Caraïbe. Une réassurance à laquelle participent la législation française et les normes europé-ennes en vigueur chez nous.

Quelle place occupe la croisière dans le développement touristique ?

Le tourisme de séjour avoisinant les 400 000 visiteurs, il est clair que la différence vient de la croisière. Elle a déjà permis d’atteindre un million de touristes (croisière et séjour) en 1998. Après notre déconvenue en 2010 avec 41 000 croisiéristes, il était, et il reste impératif, de nous mobiliser pour les reconquérir.

Aussi, ont été consentis des efforts, à commencer par les travaux du terminal de croisières qui nous permettent actuellement d’accueillir les plus gros paquebots du monde. En 2011, un consultant-croisière a pu renforcer notre lobbying auprès des compagnies de croisière. En 2012, nous avons monté une commission-croisière rassemblant des agents maritimes, des taxis, des commerçants… Pour eux nous avons d’ailleurs édité un lexique permettant de comprendre les étrangers et de converser avec eux. Et nous avons renforcé notre communication vers les prescripteurs de croisière.

Ce travail considérable commence à porter ses fruits puisque à ce jour, nous avons enregistré 220 000 croisiéristes cette année. Une courbe en constante progression que nous voulons pérenne, afin d’atteindre plus de 300 000 passagers en 2016.

Le croisiériste passe en moyenne 6 heures en Martinique, l’objectif étant de le convertir en touriste de séjour. A nous de lui donner toutes les raisons de revenir, plus longtemps. Enfin, la croisière participe également à doper le trafic aérien car en étant tête de ligne de croisière, la Martinique peut accueillir des touristes de France, d’Italie, d’Allemagne et du Brésil en vols affrétés.

Où en est la Martinique dans le tourisme d’affaires ?

Ce secteur est capital puisqu’il permet, en basse et moyenne saison, de contribuer au remplissage des établissements et de faire fonctionner les structures et services du tourisme martiniquais.

Nous sommes sûrs que les actions entamées par le Comité Martiniquais du Tourisme, tant sur les marchés internationaux que régionaux, sur la coopération et la multi-destination vont contribuer à développer plus encore ce secteur dont la clientèle est présente tout au long de l’année. D’autre part, l’ouverture fin 2015 du Centre d’affaire de la Pointe Simon créera davantage d’attractivité pour ce type de tourisme.

Au-delà du tourisme d’affaire “individuel”, les congrès et les séminaires constituent une part croissante de ce secteur. Régulièrement, nous enregistrons des demandes de manifestations importantes auxquelles les professionnels de notre destination répondent favorablement, du fait de leur maîtrise parfaite de l’organisation, et des protocoles propres à ces évènements.

Quels sont les grands chantiers portés par le Comité Martiniquais du Tourisme en 2015 ?

Nous poursuivons la réforme du développement touristique de la Martinique, avec pour objectif de passer le cap du million de touristes en 2020, et d’atteindre des recettes touristiques de 624 M€.

Parmi les points prioritaires, le désenclavement aérien. Nous aurons bientôt 6 vols hebdomadaires de Miami (American Airlines), et sommes en pourparlers avec des compagnies brésiliennes.

La poursuite de la reconquête de la croisière fait partie des priorités. Quant au tourisme de séjour, nous travaillons sur le schéma directeur hôtelier et para-hôtelier avec différents axes : monter en gamme l’offre, aider les hôtels à refinancer leurs dettes afin qu’ils accèdent à la rénovation, dresser une cartographie pour rechercher des fonciers disponibles et répondre ainsi à des investisseurs intéressés…

Le développement du numérique fait aussi partie du plan. Notre site-portail ouvert en 2014 doit encore être enrichi d’informations des professionnels. Très bientôt, il proposera une version anglaise et, à plus long terme, des versions italienne, allemande et portugaise.

Parmi nos chantiers, le Paradis Tour en partenariat avec les Offices de Tourisme, continue à valoriser les bâtisseurs de Paradis dans nos 34 communes jusqu’en décembre 2015.
La réforme prévoyait aussi un effort sur l’événementiel. Ainsi, Fort-de-France a accueilli l’arrivée de la Panerai Transat, le Marin sera le port d’arrivée de l’Atlantic Odyssey, et notre destination réunira les 150 aventurières qui prendront part au Raid des Alizés, 1ère édition d’une compétition sportive 100 % féminine en VTT, canoë et trail qui se déroulera sur cinq jours en novembre.

Je terminerai par le chantier, au propre comme au figuré, que représente notre prochain déménagement sur un plateau de la Tour Lumina. Se retrouver rassemblés sur un seul plateau, en open space, renforcera à n’en pas dou-ter l’équipe du Comité Martiniquais du Tourisme. Les liens nouveaux qui se tisseront nous rapprocheront et nous donneront toute l’énergie pour réussir ensemble le challenge des années à venir !