Après avoir travaillé au sein de l’entreprise familiale, notamment au Brésil, Carol Ostorero a fondé sa propre société en 1992 en Guyane. Machdeal, spécialisée dans l’approvisionnement en matériels et équipements des secteurs de production est rapidement devenue leader sur le marché. Une place que la chef d’entreprise doit sans doute à son caractère entrepreneurial autant qu’à sa vision humaine et innovante de l’entreprise. Plus qu’un trait de caractère, une véritable ligne de conduite que Carol s’est
forgée naturellement, grâce à des valeurs familiales fortes d’engagement, de pugna-cité et de générosité, autour desquelles elle a grandi.

Comment êtes-vous devenue chef d’entreprise et qu’est-ce qui vous anime au quotidien ?

Carol Ostorero : Mes parents m’ont toujours impliquée au sein de l’entreprise familiale, j’ai donc très tôt été au cœur des prises de décision. J’ai développé très jeune le goût du défi et du travail bien fait. Aussi, c’est assez naturellement que j’ai entrepris la création de ma propre société, au sein de laquelle je définirais mon rôle comme celui d’un chef d’orchestre ! Diriger une entreprise c’est insuffler et maintenir une dynamique au sein des équipes. Pour cela, des formations sont régulièrement proposées aux salariés. En outre, la diversification me semble être un élément fondamental et la création de nouvelles structures est un facteur clé du développement de notre activité. Dans cette perspective, Mecadeal a été créée en complémentarité de l’activité de Machdeal, afin de prolonger le suivi de la relation client (Atelier de réparation et maintenance – SAV). Puis, en 2003 c’est Helicojyp qui a rejoint le groupe, structure de transport aérien par hélicoptère. Ez Space est le dernier né de nos projets, il s’agit d’un tout nouveau métier et d’un nouveau challenge : construction et aménagement d’espaces modulaires (écoles, collèges, bureaux, bases vie de chantier).

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Pensez-vous que le statut de femme, dans ce secteur à connotation plutôt masculine, génère des différences ?

Personnellement, j’ai appris les codes du métier et je me suis formée grâce à une expérience de terrain. Le secteur minier est ainsi devenu un véritable domaine d’expertise. La technicité que requiert l’activité minière me passionne et je ne pense pas qu’il s’agisse d’une histoire de sexe, mais bien plutôt de compétences !

Du temps où Machdeal ne comptait que deux salariés (aujourd’hui l’ensemble des structures regroupe plus de 150 personnes), je me souviens de clients ayant demandé à rencontrer « le » patron ! S’il est vrai que j’ai pu connaître quelques difficultés en début de carrière, inhérentes à mon statut de femme, mes connaissances et ma volonté m’ont permis de démontrer que mon image de femme collait tout à fait à celle d’un chef d’entreprise.

Il y a peut-être encore aujourd’hui un challenge supplémentaire à relever pour les femmes au sein de l’entreprise de manière générale. Aussi, mon expérience personnelle m’a sans doute amenée à considérer davantage la représentativité entre hommes et femmes au sein de Machdeal. La parité est ainsi respectée à tous les niveaux de l’entreprise et notamment aux postes de direction.

Machdeal s’implique dans la vie économique et citoyenne de la Guyane, cela fait-il partie intégrante de la vie de l’entreprise selon vous ?

Par définition, l’entreprise a un rôle économique, mais également un rôle social important. Au sein de MachDeal, nous soutenons des personnalités dans les domaines du sport, de la culture ainsi que des milieux éducatif et associatif.

Cette activité de mécénat permet de favoriser les rencontres et les échanges entre différents secteurs d’activité tout en renforçant la cohésion interne. C’est un échange de compétences et de cultures tout à fait stimulant pour la vie de l’entreprise. Par ailleurs, les domaines choisis ont en commun avec MachDeal des valeurs de dépassement de soi, d’ambition et de solidarité. Les sportifs sont animés par la recherche de l’excellence, tout comme le sont les salariés de Machdeal ! C’est en tout cas le modèle que nous souhaitons véhiculer au sein de l’entreprise.

Un projet d’exploitation de l’or à l’échelle industrielle
en Guyane est en cours, que pourrait-il apporter au
territoire ?

Cela me semble primordial qu’il puisse enfin voir le jour ! Le démarrage d’un tel projet permettra d’attirer d’autres investisseurs et de créer une dynamique d’investissement, nécessaire pour la recherche en Guyane. Sur le plan international, nous avons besoin de crédibiliser le département auprès des investisseurs. Le démarrage de cette exploitation symbolise une Guyane prête à développer ce secteur à très fort potentiel.

Par ailleurs, nous parlons d’un secteur non dépendant des fonds publics, si rares actuellement, d’où l’importance de saisir l’opportunité rapidement. C’est aussi un secteur porteur en terme de création d’emplois notamment dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP).

Je suis optimiste quant à ce sujet d’autant plus qu’une dynamique favorable autour de la réforme du code minier semble se mettre en place, avec un consensus politique sur la nécessité d’exploiter les ressources minières, non seulement à l’échelle locale, mais également européenne.

Quel est votre regard sur la formation des jeunes ?

Le financement nécessaire à la formation des personnes que l’on fait venir de l’extérieur est extrêmement pesant pour l’entreprise ; d’où la nécessité de former nos jeunes en Guyane. Plus il y aura de formation, plus y aura de compétences sur le territoire, pour générer des groupes de réflexion notamment.

Concrètement, chaque année, nous recevons un nombre conséquent de jeunes stagiaires, en priorité d’origine guyanaise, des étudiants qui ont intégré des grandes écoles telles que Paris Dauphine, l’école supérieure de commerce de Paris (ESC), l’école d’Ales etc., mais aussi issus de formation locale (EGC ou IUT). Donner une chance aux étudiants fait partie des missions qui incombent à l’entreprise.

La notion de challenge ne semble jamais quitter Carol Ostorero qui même durant son temps de repos s’adonne aux sports aquatiques… de vitesse bien sûr ! La chef d’entreprise est également fière de passer du temps auprès de ses petits-enfants, avec lesquels elle partage des sensations fortes, en sentiments cette fois !

Propos recueillis par Eva Zonca