Hormis la Cantine à Paris, la pratique du coworking était encore peu répandue en 2010 en France. Encore moins en milieu rural, où Lucile Aigron et quatre autres entrepreneurs ont créé à Pomerol, l’Arrêt-minute avec au départ l’idée de partager un lieu commun.

Par Malika Ouaddah

« Au départ nous étions cinq. Moi-même qui suis graphiste et les autres porteurs de projet qui travaillaient eux aussi dans le numérique. On avait envie de trouver un lieu commun mais sans forcément penser au concept de coworking parce qu’à l’époque, ce n’était ni très répandu ni très connu », se remémore Lucile Aigron. Aujourd’hui, la structure qui a déménagé dans deux nouveaux espaces, l’un à Libourne et l’autre à Coutras où des besoins avaient été identifiés, accueille une trentaine d’adhérents. Avec deux open spaces de quatre bureaux pour un total de 80 mètres carrés, sans salle de réunion et sans espace de cuisine, les premiers locaux de l’Arrêt-minute avaient en effet vite atteint leurs limites.

Avec le temps également, les activités des adhérents se sont également diversifiées : « on accueille par exemple une personne qui travaille dans le domaine de l’hydraulique et même une psychologue qui utilise le bureau une à deux fois par semaine ». Une volonté œcuménique présente dès le début puisqu’« on voulait que le lieu soit ouvert à tous et qu’il n’y ait pas que des gens qui travaillent dans le numérique même si c’est l’ADN originel du coworking », précise la graphiste.

Côté statut, l’Arrêt-minute est une association, un choix fondé sur « le modèle démocratique de gouvernance qui nous convenait le mieux et qui correspondait le mieux aux attentes du collectif ».

Une fabrique à projets

D’après Lucile Aigron, « à l’Arrêt-minute, les coworkeurs partagent davantage que la mutualisation d’un espace. On partage des bureaux et un peu de matériel mais on est plutôt une fabrique à projets, c’est-à-dire un lieu où les projets peuvent se développer grâce notamment aux échanges entre coworkeurs. En milieu rural, l’enjeu est aussi pour nous d’inverser l’effet siphon de la métropole car beaucoup de personnes subissent leurs trajets et ne profitent pas bien de leur campagne. Cela permet aussi à nos adhérents de mieux connaître le tissu local des entreprises, collectivités et associations ».

En avril 2011, la Région Aquitaine qui a repéré la structure lui a proposé « de construire un programme d’essaimage», pour permettre à d’autres lieux d’émerger. « La Coopérative des tiers-lieux » voit donc le jour, portée par Lucile Aigron et Laure Cuvelier qui battent la campagne pour trouver des porteurs de projet. À travers cette coopérative qui a vocation à se transformer en Sociéte coopérative d’intérêt collectif (SCIC), elles ont depuis accompagné la naissance de nombreuses structures dans la Région, la Fontaine à Agen, la Mezzanine à Saint-Aubin de Blaye par exemple, mais aussi Nomade, espace de coworking de la Poste dans le quartier Mériadeck.