L’association des journalistes de Bordeaux a élu à sa tête la journaliste Laëtitia Langella le 19 septembre dernier. La rédactrice en chef de Wit Fm succède ainsi à Pierre Sauvey qui devient directeur du club. Portrait d’une journaliste qui a le goût des autres.

Par Malika Ouaddah

Petite, Laëtitia Langella admirait à tel point la journaliste de télévision Christine Ockrent, qu’elle «  voulait être elle ». Mais c’est finalement la radio qui plus tard va la happer, si bien qu’aujourd’hui elle garde toujours près d’elle un micro pour ne rater aucune interview. La passion de la radio, c’est Brigitte Renaldi, un de ses professeurs à l’école de journalisme de Nice et également grand reporter à France Inter, qui la lui a transmise. « C’était une femme forte, sensible, extrêmement brillante et pleine d’humour. Elle nous a surtout appris l’humilité et que la star ce n’est pas le journaliste, c’est l’info », se rappelle Laetitia. D’autant plus que, « dans ce job, on croise des tas de gens extraordinaires dans tous les domaines, des savants, des experts, des politiques, des entrepreneurs… Ça rend humble ».

« La star ce n’est pas le journaliste, c’est l’info »

Au sortir du bac et découragée d’exercer un métier qu’on lui dit difficile d’accès, elle va d’abord passer par un BTS commerce en alternance. Des études qui ne la passionnent pas vraiment mais qui lui apprennent « quelques bases en communication ». La passion ne l’ayant jamais finalement quittée, elle tente et réussit l’année d’après le concours d’entrée à l’école de journalisme de Nice. À partir de 1999, elle enchaîne donc les stages en radio. D’abord à France Bleu Gironde durant l’été puis à Europe 2 Nice où elle est embauchée une fois son diplôme de journalisme en poche. Ce qui la passionne dans le journalisme radio ?  « Raconter une histoire en peu de temps, en particulier capter l’attention et la maintenir. » Elle complète, « on a l’impression qu’à la radio on improvise mais c’est tout le contraire, ce qui semble simple demande au contraire beaucoup de travail ».

Option Bordeaux

Mais quand il faut choisir en 24 heures entre rendre compte de la circulation à Paris en hélicoptère pour Europe 2 et le tryptique Black Box, Bordeaux et Océan, la journaliste opte pour la seconde option. Et ainsi pour un retour aux sources. Elle a en effet grandi près du port de la lune, dans le ventre de Bordeaux, aux Capus, où ses parents étaient commerçants; de quoi expliquer sans doute son goût prononcé pour autrui. Une curiosité qui sera également nourrie par un séjour dans un foyer de jeunes travailleurs où elle logera à Nice. Une époque où elle doit beaucoup travailler et où elle côtoie le pire, « des jeunes filles qui se faisaient tabasser atterrissaient parfois  sur mon balcon », comme le meilleur, « c’était un lieu grouillant de vie, une sorte de colocation géante ».

De ces années, elle garde encore aujourd’hui un esprit de solidarité qui éclaire sur ce que seront ses priorités à la tête du club de la presse : « aider les journalistes pigistes précaires et poursuivre le formidable travail réalisé par le club, et notamment le groupe pigiste ».

De Black box à Wit Fm

En 2001, la voilà donc journaliste matinalière à Radio Black Box, puis à Wit FM, rachetée elle aussi en 2006 par le groupe Start, et où elle travaille encore en matinale. Un deuxième enfant et trois ans plus tard, la direction lui offre un souffle nouveau en lui proposant d’être rédactrice en chef. Un défi qu’elle accepte volontiers. Forte de son expérience et avec plein d’idées d’émissions en tête, elle se sent « capable de mener une équipe ».

Parmi ses pires souvenirs journalistiques figurent « la mort d’Aylan, le petit réfugié syrien mort noyé cette année, et d’une manière générale les faits divers liés aux enfants ». Des souvenirs professionnels heureusement contrebalancés par de bons moments tels « les émissions spéciales où, par exemple, pour les dernières élections régionales on avait tout un plateau d’invités. Ou encore en 2012, lorsqu’on a fait une émission spéciale fin du monde, c’était très drôle, on avait invité tout un tas d’experts. Des bons souvenirs, il y en a gavé », conclut-elle. Pas de doute, la présidente du club de la presse de Bordeaux est une vraie Bordelaise.

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