Sardar Rahim Khan, président de la Commission Industrie à la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion évoque l’implication de la chambre consulaire pour le développement de la filière industrielle.

Comment décririez-vous l’industrie réunionnaise d’aujourd’hui ?

Sardar Rahim Khan : Près de 95% des entreprises réunionnaises ont moins de 30 salariés. Un constat que l’on fait aussi pour le secteur industriel. Le chef d’entreprise Réunionnais est un self made man mais il ne peut pas tout faire et tout savoir, il y a donc des lacunes. C’est pourquoi il est important de l’accompagner. La croissance vient des TPE/PME et il est de notre devoir d’accompagner le développement du tissu industriel réunionnais, d’où les 4 maisons de l’entreprise : la CCIR va au-devant de ses ressortissants.

Concrètement, comment cela se matérialise-t-il ?

Nous avons mis en place une étude qui a permis d’identifier 17 niches d’import-substitution pour les industriels ou futurs industriels réunionnais. Parmi elles, huit concernent le secteur agro-alimentaire et notamment la production de produits surgelés mais on retrouve aussi des domaines comme la construction de meuble en bois ou encore le recyclage. Nous souhaitons également positionner notre industrie sur des produits à forte valeur ajoutée, je pense notamment au dentifrice à base de plantes médicinales locales, valeur ajoutée qui place le produit sur le segment marketing du bio. De manière générale, ceux qui sont en capacité de créer de la richesse et de l’emploi ne sont pas compris et les aides sont mal fléchées. Or, ce genre d’étude permet de faire remonter des informations pour créer des business auxquels le marché est capable de répondre et de travailler pour aujourd’hui, pour demain, et être en capacité d’exporter.

Justement, le développement de l’industrie réunionnaise passe-t-il également par l’export ?

Les machines industrielles ne sont pas faites pour produire pour des marchés de moins d’un million de personnes. Les entreprises réunionnaises sont condamnées à exporter, notamment vers les pays de la zone Océan Indien. Les petites entreprises industrielles ont une stratégie propre très différente des grandes multinationales et se différencient notamment sur leur capacité à produire une offre « terroir », authentique et qualitative. Elles tendent davantage à se démarquer par des caractéristiques gustatives, process spécifiques, matériaux bio sourcés… Voilà pourquoi notre industrie doit se positionner sur des produits de niche avec une forte valeur ajoutée et un grand savoir-faire pour être compétitive.

« Soutenir, orienter, accompagner, réfléchir ensemble,

avec le chef d’entreprise, voilà les missions de la CCIR. »

Comment passer d’un savoir-faire artisanal à une activité industrielle ?

Une industrie commence souvent par de l’artisanat et notre rôle est d’accompagner l’entreprise dans sa croissance. La CCIR est l’interlocuteur naturel du chef d’entreprise car elle voit la totalité de l’activité de celle-ci et l’accompagnement se fera aussi bien au niveau juridique que marketing. Soutenir, orienter, accompagner, réfléchir ensemble, avec le chef d’entreprise, voilà les missions de la Chambre de commerce et d’Industrie de La Réunion.