Auteur, compositeur et musicien, Benjamin Faleyras est le créateur de la comédie musicale à succès Gospel sur la Colline. Trois représentations auront lieu en Guadeloupe les 26, 27 et 28 mai 2016.

Par Willy Gassion

Tout a commencé à l’église sur l’île de Saint-Martin où Benjamin Faleyras a grandi jusqu’à l’âge de 10 ans. La musique qui accompagne les prêches du pasteur, la ferveur de l’assistance, le gospel qui sort des cœurs et qui monte au ciel. A moins que ce ne soit le contraire, le gospel qui touche l’âme comme une bénédiction divine. « Je faisais partie des chorales d’enfants, c’est ainsi que j’ai découvert le gospel, puis à l’âge de 13 ans à Paris j’ai pris des cours de guitare classique que j’ai rapidement abandonnés. Adolescent, je partais en Angleterre avec mon sac de couchage et ma carte d’auberge de jeunesse pour voir des musiciens extraordinaires jouer. C’est en les regardant que j’ai appris à jouer le blues à la guitare. Je suis un autodidacte, mon livre de chevet c’est toute la Motown avec des musiciens comme Otis Redding et Marvin Gaye. J’ai fait mes premières compositions à l’âge de 15 ans. »

La musique et le chant, la guitare et sa voix comme d’indispensables moyens d’expression. Les deux arts sont chez Benjamin Faleyras indissociables, l’un nourrissant l’autre. A 17 ans, il se produit pour la première fois sur scène. « A la fin de l’année scolaire, mon professeur d’anglais me propose de jouer avec lui dans son orchestre à Toulouse, j’interprétais les standards de la musique noire américaine. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’être musicien était un vrai métier dont on pouvait vivre, je savais alors que j’en ferais ma profession. »

La scène, le public, les applaudissements : la Sainte Trinité des musiciens, leur récompense suprême. « A ma majorité je me suis lancé, j’ai chanté dans des pianos-bars à Paris où j’ai véritablement appris mon métier. Ce qui m’a permis, quelques années après, d’enregistrer mon premier album solo, Ben Faleyras et le Caribbean Gospel. C’est un album en créole et en français que j’ai entièrement écrit et composé. C’était la première fois que le gospel s’entendait dans ces deux langues. » Des tournées en France et un autre album solo (Le Pouvoir de l’Amour) suivront.

La nostalgie de l’enfance est tenace. Son souvenir est doux. Le gospel à l’église, « le révérend qui rentre en transe, un hurluberlu qui prend la parole alors qu’on ne lui a rien demandé, la ferveur des femmes, ce sont des choses que j’ai vues », se souvient Benjamin Faleyras. Dès lors, il n’a qu’une idée en tête, redonner vie à cette période heureuse où une certaine forme de spectacle côtoyait le sacré. L’auteur se met à l’écriture d’une comédie musicale. C’est la naissance de Gospel sur la Colline dont il précise que « ce n’est pas un spectacle religieux. » Sur scène entre autres interprètes on retrouve Firmine Richard, Jean-Luc Guizonne et Dominique Magloire sous la direction de Jean-Luc Moreau. « J’ai écrit cette comédie musicale pendant six mois et je vis aujourd’hui quelque chose au-delà de ce que j’espérais. J’ai été surpris par le succès, les représentations aux Folies Bergère ont été prolongées de 15 jours. On a montré que nos artistes Noirs avaient du talent et qu’ils pouvaient jouer la comédie, chanter et danser comme à Broadway. »

Mais ce dont est le plus fier Benjamin Faleyras, c’est d’exporter cette superproduction (44 artistes sur scène dont 9 musiciens en live) chez lui en Guadeloupe. « C’est un aboutissement de jouer au pays, de montrer aux compatriotes notre travail. »