Son cheval de bataille : la prévention et la promotion de la santé pour que chaque guadeloupéen soit acteur de sa santé. L’ARS, Agence de santé de la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, conduit la politique régionale de santé sur son territoire selon des directives nationales et des particularités régionales – un Projet régional de santé qui fixe des orientations et met en œuvre des actions adaptées au contexte spécifique de nos collectivités d’Outre-mer. Rencontre avec Patrice Richard, directeur général.
Propos recueillis par Julie Clerc

Quelles sont ces spécificités territoriales ?
D’abord, ce sont les périls liés au vecteur de maladies qu’est le moustique. Les risques naturels (cyclones, séismes) ensuite, et la grande précarité de la population (avec un revenu moyen inférieur de moitié à celui de Métropole, et deux fois plus de familles monoparentales). Cela fragilise l’accès à la prévention et aux soins comme par exemple pour le dépistage du cancer : comment toucher les personnes précaires qui ne se déplacent pas spontanément ? La mortalité infantile est bien supérieure à la moyenne nationale, la surcharge pondérale (la moitié de la population guadeloupéenne est en surpoids), les maladies chroniques : diabète (deux fois plus qu’au niveau national), hypertension artérielle et VIH Sida (2ème rang national).

Dans ce contexte, comment se positionne l’ARS ?
Sur la prévention. Ce qui signifie éliminer les gîtes larvaires pour lutter contre les maladies vectorielles, inciter la population à améliorer son alimentation et à renforcer son activité physique pour éviter les maladies chroniques comme le diabète de type 2, et mettre autour de la table gynécologues, protection maternelle infantile et sages femmes pour faire reculer la mortalité infantile.
Notre second volet d’action : la veille – un réseau de médecins sentinelles nous permet de repérer les maladies le plus tôt possible – et la sécurité sanitaire : contrôler les eaux potables et de baignade, et veiller au respect des normes dans les établissements et services de santé et médico-sociaux. L’ARS peut décider de fermer un établissement ou un cabinet libéral s’il ne répond pas aux normes.

Vous jouez un rôle phare dans l’accompagnement médico-social des personnes…
L’ARS est responsable des soins prodigués aux personnes âgées en maison de retraite (1300 places sur Guadeloupe et îles du Nord) et aux personnes en situation de handicap accueillies dans des établissements spécialisés (1400 places pour enfants handicapés, 1000 pour adultes handicapés). Nous finançons ces établissements et services, et la partie soin dans les maisons de retraite ainsi que les services de soins infirmiers à domicile.

Qu’en est-il de l’offre de soins au niveau régional ?
L’ARS pilote l’organisation de l’offre de soins ambulatoire et hospitalière essentielle sur des territoires parfois déficitaires notamment en médecins et en dentistes. Notre outil : le Pacte territoire santé, qui vise à mieux répartir les professionnels sur les îles. L’ARS accompagne les jeunes professionnels qui souhaitent s’installer sur les territoires déficitaires comme Marie-Galante, le Nord Grande-Terre et la côte sous le vent, en proposant des bourses aux étudiants et en développant l’exercice regroupé en maisons de santé pluridisciplinaires. En outre, l’ARS s’appuie sur les Contrats locaux de santé, signés par exemple avec Cap excellence, La Désirade, Terre de bas, pour faire sortir ces territoires de leur isolement. Le développement de la télémédecine participe de ce rapprochement des patients avec les médecins spécialistes (ex : AVC entre Saint- Martin et le CHU). Nous faisons en sorte que nos 23 établissements de santé (10 hôpitaux et 13 cliniques), répondent au mieux aux besoins de santé de la population. Nous travaillons à améliorer les urgences, la prise en charge du cancer, à augmenter la sécurité des soins et à accompagner les établissements vers l’équilibre financier – notamment le CHU.

Quid du CHU ?
L’ARS suit particulièrement le projet de reconstruction du CHU (590 millions d’euros) parce que c’est le chantier de France le plus aidé par l’Etat, et qu’il sera aux normes sismiques – c’est essentiel pour la sécurité de la population.

Comment gérez-vous la montée en puissance du virus Zika ?
Nous venons, ce 29 Avril, de passer en épidémie avec 2000 cas recensés par les médecins sentinelles, et 16 femmes enceintes touchées. Si l’on se compare à la Martinique qui affiche 20 000 cas, on considère qu’il est impératif de renforcer toutes les mesures de prévention et de protection individuelle et collective. J’en appelle donc à tout un chacun pour être acteur et ambassadeur de la lutte contre le virus zika !