Laurent Valère

Maquette de la statue sous-marine Manman dlo

Les nombreuses œuvres de cet artiste plasticien, peintre et sculpteur abondent du Nord au Sud de la Martinique. Certaines éphémères, d’autres immuables que tous, nous pouvons admirer… quoique.

Pour découvrir les récentes sculptures monumentales de Laurent Valère, il faut se mouiller. Plonger dans la Baie de Saint-Pierre, là où veillent Manman dlo et, depuis peu, Yemaya.

Deux œuvres qui s’inscrivent dans le mouvement de l'”Underwater Art”, l’art sous-marin, un concept représentatif de la mouvance actuelle en résonance à l’esprit de préservation de notre environnement

Les origines de Manman dlo

Manman dlo est la traduction créole du mythe de la sirène des mers martiniquaises.

Une notion qui renvoie aux contes, à la tradition, à la divinité. Un mythe d’ici et d’ailleurs né dans l’esprit des hommes tourmentés par cet élément liquide qu’est la mer.

Si Manman dlo a inspiré Laurent Valère, l’idée a pourtant germé avec “L’homme marin du Diamant”.

Légende qui a bouleversé l’artiste au point qu’il voulait sculpter cette créature dotée d’une tête à barbe et d’une queue pour la plonger ensuite dans les eaux de la Pointe Borgnese.

Le projet n’ayant pu aboutir au Sud, l’artiste a féminisé son œuvre en créant Maman dlo qu’il a immergée au Nord.

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La première étape d’un projet d’envergure

Ainsi, depuis 2004, la première sculpture allégorique de vingt tonnes dort dans les eaux de la baie de St Pierre et forme la première pièce du concept global Manman dlo qui s’articule autour de la protection.

Son regard tourné vers la Pelée signe un défi à cette “montagne criminelle de masse” décrète l’artiste.

Depuis le fond, son visage, levé vers les cieux, tente d’accrocher un rayon solaire qui la fera miroiter sous les eaux profondes.

À quelques mètres est posée sa queue, comme si le corps de la créature était ensablé.

Dans ses entrailles, une petite grotte est aujourd’hui colonisée par ce que la mer contient de plus sémillant : oursins, poissons, gorgones…

Devenu récif artificiel, Manmandlo se révèle le refuge d’une faune marine grouillante qui poursuivra l’évolution de l’œuvre.

Yemaya, la fille de Manman dlo

La deuxième sculpture -la plus grande de l’île- immergée en 2008, pourrait être sa fille, féminine, sensuelle et plus massive encore. Lovée dans le sable, qui livre ses courbes à l’océan, lascive et invitante, elle s’appelle Yemaya.

En accédant à ce sanctuaire artistique, les plongeurs, instinctivement, ralentissent le mouvement de leurs palmes, calment leur respiration pour glisser lentement, en silence. Là au fond de la mer, ils assistent à un spectacle saisissant, permanent.

Manman dlo et Yemaya, immobiles, soumises aux reflets du soleil, chatoient sous sa lumière et jouent avec les espèces marines vives ou avec les organismes qui les ont choisies pour supports et les métamorphosent inéluctablement.

Un ballet incessant force l’admiration et inspire le respect de cette nature fragile.

L’ambition d’un sanctuaire artistique aquatique

Avec Manman dlo et Yemaya, Laurent Valère souhaite, à terme, réaliser un vaste site artistique subaquatique.

Il confie vouloir ancrer d’autres sculptures dont une sorte de nasse, coque protectrice géante et alvéolée pour abriter, selon leur taille, les créatures de la mer.

On imagine déjà le parcours à fleur d’eau de ce site dédié à la mer, à la mère, à la maternité et à la préservation.

Quelle magnifique façon de sensibiliser l’homme aux processus écologiques naturels générateurs de berceaux de vies nouvelles…

La Manman Dlo prise en photo lors d'une plongée en mars 2016
LA MANMAN DLO
PLONGÉE DE MARS 2016.