Devenir architecte et ingénieur en bâtiment en Outre-mer, c’est possible ? 

Jeunesse. Devenir architecte en Outre-mer, est-ce possible ? Et ingénieur ? Le marché local est-il adapté à ces métiers ? Afin d’inspirer la jeunesse, mettre en avant des profils d’excellence et maintenir le réseau professionnel ultramarin, la rédaction fait un zoom sur des carrières d’ultramarins. 

L’invitée du mois : Oryane Darnal, 30 ans, est diplômée d’État d’architecture et ingénieure en bâtiment. Après son BAC scientifique en 2009, Oryane commence ses études à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon. Elle décide de booster sa formation, avec un double cursus à l’École de l’Aménagement durable des territoires (ENTPE). Avec les félicitations du jury, elle vient d’acquérir son habilitation à exercer la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP), à l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy. Grâce à son parcours, Oryane décroche un contrat en tant que chargée de projet à l’agence ACAPA, située à Rémire-Montjoly. 

Selon vous, est-il possible de devenir architecte ou ingénieur sans sortir de Guyane ?  

Pour devenir architecte, il faut absolument passer par une école d’architecture et il n’en existe pas en Guyane. Pour le cursus d’ingénieur, il est possible de commencer par une classe préparatoire scientifique sur place, mais après les deux années de prépa, il faut continuer ailleurs.

Je regrette un peu de ne pas avoir commencé par une prépa en Guyane. Sélectif et surtout intense, le parcours Classe Préparatoire aux Grandes Écoles (CPGE) est peut être encore plus difficile pour un étudiant ultramarin à cause du changement de climat ou de l’éloignement familial. De plus, l’accompagnement dans les petites prépas reste plus humain, d’où l’intérêt de faire ses deux premières années chez nous. Cependant, il faut prendre en compte que le niveau d’enseignement reste assez faible comparé à d’autres départements français. Dans mon cas, j’ai eu des lacunes, mais en travaillant beaucoup, j’ai pu m’adapter assez rapidement.

Pour les métiers du bâtiment, il existe aussi d’autres voies sur le territoire niveau BAC +2, comme le BTP au lycée Balata ou le DUT Génie Civil à l’Université de Guyane. 

Pourquoi êtes-vous rentrée en Guyane ?  

Durant mes études, j’ai eu l’opportunité de beaucoup voyager. J’ai habité à Londres pendant quelques mois durant un stage, j’ai fait un voyage en Chine avec l’école… Tous ces voyages m’ont donné encore plus envie de découvrir le monde et j’avoue qu’à la fin de mes études, je ne voulais pas rentrer chez moi.

Il est vrai que depuis la Guyane, ce n’est pas facile de voyager, et que nous sommes très vite limités au niveau des prix et destinations. Mais le péyi commençait à me manquer, ma famille aussi, et certains de mes amis d’enfance étaient déjà rentrés en Guyane. En outre, la qualité de vie est un point à ne pas négliger. Après mon stage au CNES, j’ai reçu des propositions pour travailler chez moi, car les profils comme le mien sont très demandés, encore un autre point à prendre en compte.

Je pense que c’est vraiment important de rentrer afin d’éviter la fuite des cerveaux, assez récurrente dans les territoires d’Outre-mer. Beaucoup d’étudiants partent mais ne reviennent plus et cela a un impact sur le développement du territoire. Certains ont conscience de cela et reviennent au moins pour quelques années, d’autres ont peur de ne plus s’habituer chez eux… Moi j’ai tenté et aujourd’hui, je suis complètement épanouie avec mon travail et ma vie en Guyane.

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