Les Flamboyants, une aventure familiale qui a débuté il y a 20 ans afin de renforcer l’offre de soins à La Réunion en matière de santé mentale. Le groupe détient aujourd’hui trois cliniques spécialisées dans la dépression, les névroses et la rééducation neurologique fonctionnelle pour les patients victimes d’AVC, et emploie plus de 350 salariés. Rencontre avec sa directrice générale, Aude d’Abbadie-Savalli. 

Vous avez pris récemment la direction générale du groupe que vos parents, les Dr Gérard et Marie-Andrée d’Abbadie, ont créé il y a 20 ans. Quel a été votre parcours ? 

Ma prise de fonction a été progressive. Après 7 ans d’études à Paris et des expériences professionnelles à l’étranger, j’ai intégré l’entreprise familiale en 2011, en tant que responsable Marketing et Communication. Puis en 2013, j’ai pris le poste de Directrice Générale Adjointe tout en reprenant un Master 2 en gestion des établissements de santé.

Le travail est passionnant, aucune journée se ressemble et les domaines sur lesquels j’interviens sont variés. J’aime beaucoup ce travail d’équipe, faire converger les approches de cultures différentes vers un même objectif, le patient.

“Etre la fille/le fils de” est parfois un handicap dans les entreprises familiales. Cela a-t-il été le cas pour vous ?

La plupart des personnels encadrants m’ont vu grandir. J’ai pris mes fonctions progressivement et j’ai dû faire mes preuves, c’est logique. L’avantage est que je partage les valeurs et le dynamisme créatif de mes parents et que cela permet d’assurer une continuité dans la stratégie à long terme.

Et arrive-t-on à dissocier vie professionnelle et vie familiale ?

Comme tout dirigeant, et d’autant plus en tant que directeur d’établissement sanitaire, j’ai des responsabilités. Je dois être disponible en cas d’urgence, j’adapte mon organisation familiale si besoin. Je suis soutenue par mon mari, qui comprend la complexité et la lourdeur de mon emploi.

Selon une étude de KPMG publiée l’an dernier, il n’y a que 14 % de dirigeantes d’entreprises en France. Cela vous fait-il réagir ?

En ce qui me concerne, je me suis formée pour et j’ai l’opportunité et l’envie de m’épanouir dans les fonctions très diversifiées de dirigeant. Je pense que les mentalités évoluent et que les freins pour les femmes s’estompent. Après, c’est aussi une question de choix de vie et d’investissement professionnel. Cela correspond à une volonté de chacun, homme ou femme.

Le groupe Les Flamboyants souffle ses 20 bougies cette année. S’il fallait retenir trois dates qui ont marqué son développement, vous citeriez… 

1995 : l’ouverture du premier établissement privé spécialisé dans le traitement des maladies dépressives et névrotiques, le début de l’aventure. Grâce à un projet thérapeutique novateur, La Clinique Les Flamboyants a traité environ 15 000 patients. 85% d’entre eux ont été soignés en une hospitalisation, 18% ont eu besoin d’une deuxième hospitalisation. Des statistiques qui sont contraires aux idées reçues sur la dépression.

2008 : l’ouverture de la Clinique Les Tamarins, centre de rééducation spécialisé dans les affections du système nerveux et équipé d’un plateau technique de pointe avec des outils robotisés. La Clinique a été le 3ème établissement en France à s’équiper du Lokomat, un robot de rééducation à la marche.

2012 : l’ouverture de la Clinique Les Flamboyants Sud. Avec l’expérience de notre établissement de l’Ouest, nous avons construit un projet thérapeutique spécifique pour les Jeunes. En France et de manière encore plus marquée à la Réunion, le suicide est la deuxième cause de mortalité des 16 – 25 ans, juste derrière les accidents de la route.

Et quelle est votre feuille de route pour la décennie à venir ?

Comme depuis l’ouverture, nous nous positionnons en réponse aux besoins sanitaires des Réunionnais. Nous travaillons avec l’Agence Régionale de Santé et les autres acteurs pour identifier les besoins et proposer des projets innovants et efficients.

La dépression fait-elle partie des maladies en forte progression ?

Les statistiques parlent d’eux-mêmes, malheureusement. A La Réunion, 1 personne se suicide tous les 3 jours et la tendance est encore à la hausse. La dépression est une maladie insidieuse qui peut avoir des conséquences dramatiques. Des prises en charge existent et permettent au patient, si le problème est traité de manière précoce, d’être soigné et de reprendre goût à la vie. Il faut encore renforcer la prévention pour éviter l’isolement de la personne en souffrance et le passage à l’acte. Il est important d’identifier les symptômes et de diriger vers des professionnels de santé.