Pour accompagner le chef d’entreprise dans son projet de création ou de développement, une des notions très importantes que le banquier intègre dans l’analyse financière est le seuil de rentabilité.

Par Joubert Bonfils, directeur des financements, maître de conférence Institut de Formation de la Profession Bancaire.

 

Le seuil de rentabilité correspond au chiffre d’affaires minimum à réaliser pour qu’une entreprise devienne rentable. C’est-à-dire le niveau d’activité pour lequel l’ensemble des produits couvre l’ensemble des charges. Ce seuil de rentabilité peut se décliner en nombre de jours de CA, en nombre de mois et/ou en quantité de produits à vendre…. Cette déclinaison est appelée alors le point mort. L’évaluation du seuil de rentabilité est donc liée au point mort car cette dernière exprime le moment (en nombre de jours) ou l’entreprise devient rentable.

Ainsi, le chef d’entreprise dispose d’un objectif à atteindre sur cette période et a normalement conscience qu’il commencera à générer des profits qu’à partir du montant où il aura réalisé son seuil de rentabilité. Cet  objectif lui permettra de choisir les bonnes orientations stratégiques afin d’anticiper le développement de sa rentabilité.

Comment calculer ou anticiper un seuil de rentabilité ?

Il est tout d’abord nécessaire de distinguer deux éléments essentiels du compte de résultat : les charges variables ou proportionnelles qui varient en fonction du niveau d’activité (approvisionnement, transport sur achats ou vente, commissions/ventes…) et les charges fixes, qui ne varient guère ou par pallier (assurances, loyers…)

Une fois cette classification établie, il est nécessaire de connaître la marge sur coûts variables qui est égale au montant du chiffre d’affaires diminué des charges variables. Le taux de marge sur coûts variables traduit la marge sur coûts variables en pourcentage du chiffre d’affaires.

L’analyse du seuil de rentabilité révèle la stratégie industrielle ou commerciale de l’entreprise. Sa capacité à se développer tout en recherchant à réaliser des économies d’échelle se traduit par une baisse de son seuil de rentabi-
lité, la plaçant progressivement dans une zone de moindre fragilité. L’approche par le seuil de rentabilité reste une technique cependant  simpliste. La décision d’investissement doit être complétée par des données de positionnement de l’entreprise sur son marché, sa réelle capacité à mettre en œuvre un réel savoir-faire sur le produit concerné.

L’exemple d’une pizzéria

Son seuil de rentabilité se calcule comme suit :
seuil de rentabilité charges fixes/ taux de marge sur coûts variables. Charges fixes (CF) = 60 000 € HT, charges variables (CV) = 27 500 € HT, CA réalisé en N-1 : 110 000 € HT, marge sur coût variable (MCV) = 110 000 – 27 500 = 82 500€. Taux de marge sur coût variable (TMCV) = 82 500 /110 000 = 0.75. 

Son seuil de rentabilité est donc =  60 000/0.75 = 80 000 € de CA.

Son point mort ou date de réalisation du seuil de rentabilité sera = 80000×360/110 000 = 262 ème jour de l’année….ou un peu tard. Plus tôt est atteint le point mor,t plus la marge de sécurité est sécurisante.

Si le prix moyen d’une pizza est de 12,5€ son point mort en quantité sera de : 80 000/12,5 = 6400 pizzas. L’entreprise commencera à réaliser des bénéfices à partir de la 6401ème pizza