La Technopole vient de récompenser « les meilleurs talents » ayant pris part à la 4ème édition de son concours. 72 dossiers ont été soumis au jury (il y en avait 30 en 2015). Treize finalistes ont défendu leur projet d’entreprise innovante devant un jury. Le premier prix a été décerné à Yohann Cimbaro pour son projet Cyclagri. Pour cet ingénieur réunionnais, cette reconnaissance lui ouvre des portes. Réumag est allé à sa rencontre. Entretien.

Propos recueillis par Paul Aleksy.

Yohann si on vous demandait de nous présenter brièvement ce projet Cyclagri ?

Yohann Cimbaro : Cyclagri, c’est un concept, c’est également un procédé révolutionnaire dans le monde agricole qui permet le développement d’une agriculture durable c’est-à-dire basée sur les trois grands principes : le volet économique, le volet social et le volet écologique.

Concrètement, quelle traduction pour Cyclagri ?

Le procédé Cyclagri est le système le plus productif au monde : il va permettre d’augmenter la productivité par quatre par rapport à ce qu’on voit en hors sol classique et par cinq par rapport aux cultures en champs. Il va aussi permettre de réduire la pénibilité du travail pour les agriculteurs et la réduction des surfaces nécessaires pour planter les végétaux donc ça c’est sur le plan économique. Sur le plan social, il va permettre de manger une nourriture saine, locale et au juste prix. Et sur le niveau écologique, il réduit considérablement les pollutions car il n’y a aucun rejet dans l’environnement. C’est un système qui est très vertueux en matière de gestion de l’eau puisque 90% d’économie d’eau. C’est donc un système qui permet une gestion climatique très optimisée puisque les plantes, comme lors d’été très sec et très chaud comme on a pu l’avoir cette année à la Réunion, vont être dans des conditions plus favorables et ce système, j’insiste, est très écologique puisqu’il consomme très peu d’énergie.

Quel développement pour ce concept dans notre île dans les mois et années à venir ?

Etant réunionnais, je souhaitais développer une société locale. Ains, le procédé Cyclagri est en cours de dépôt de brevet et les premiers modules seront vraisemblablement livrés courant 2018.

Quand vous vous êtes engagé dans ce 4e concours organisé par la Technopole, qu’attendiez-vous de cette expérience et de l’éventuelle rencontre avec les partenaires ?

On va dire que quand je me suis inscrit à ce concours, c’était plus pour me confronter à un jury, des experts et ainsi évaluer le potentiel de mon projet. L’idée étant de me rendre compte si Cyclagri accrochait ou pas, avoir une certaine visibilité. Selon moi, quand on est une start-up nouvelle, on a besoin d’une certaine visibilité pour capter des partenaires et investisseurs potentiels. En fait, cela peut permettre de se rassurer et être accompagné par une structure, notamment la Technopole et d’autres organismes, que l’on va pouvoir côtoyer et faire murir le projet et ainsi créer cette alchimie nécessaire à la réussite.

Que retenez-vous alors de ce passage devant le jury et l’appréciation de ces professionnels ?

Un passage relativement rapide puisque le temps est très court, il faut aller à l’essentiel et répondre à une batterie de questions pendant 10 minutes après la présentation du projet. Je dois dire que j’ai eu droit à des questions très pertinentes avec un jury très affuté. Pour moi, c’est une superbe expérience et je conseillerais à toutes les pépites réunionnaises de participer à ce genre de concours car c’est très bénéfique.

Puisque vous parliez des pépites, on sait que plusieurs dizaines de projets ont été soumis à l’appréciation, y a-t-il eu connexion ou échanges avec d’autres porteurs de projets au point que cela pourrait vous servir dans le futur ?

J’ai trouvé chez certains candidats, cette étincelle, cette envie d’aller de l’avant et de créer quelque chose pour la société. Sincèrement, je trouve ça tout simplement formidable. Pour être clair, je crois qu’il y aura des partenariats possibles avec d’autres candidats ! On a l’avantage d’être sur une île et je pense que dans cette communauté, il y a des rapprochements qui s’opèrent, sans doute plus facilement. Pour tout dire, j’espère vivement être en partenariat avec certains. Définitivement oui.

Revenons à Cyclagri, quel accueil par le monde agricole principal destinataire du projet ?

Je suis moi-même à l’origine de formation agricole. J’ai passé des concours dans la fonction publique, je suis ingénieur dans le domaine de l’eau donc je connais très bien ce milieu. J’ai eu l’opportunité de côtoyer des organismes de recherche tels que le CIRAD ou l’Arméflhor, des entités reconnues à la Réunion pour justement développer le projet avec eux. Tout ça pour vous dire qu’avant la fabrication du système, il y aura un partenariat qui sera fait avec des agriculteurs, ma volonté étant d’adapter au plus près le projet aux besoins et attentes des agriculteurs.