Colette Koury achève son second mandat de présidence de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région des Îles de Guadeloupe et ne se représentera pas. Le temps est venu de dessiner un bilan, avant les élections d’octobre.

Propos recueillis par Jean-Pierre Rivière

En 2010, les deux CCI de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre ont fusionné en une seule, plus forte et plus cohérente, et la Guadeloupe a rejoint à ce moment-là le rang de toutes les autres CCI ultramarines. Traditionnellement, le mandat d’une CCI est de 5 ans, mais avec les nombreuses réformes de cette dernière décennie, les deux mandats de Colette Koury ont été de 6 ans chacun.

Comment s’est passée cette fusion ?

Colette Coury : La mission était difficile. Il nous fallait réussir le regroupement  de deux grandes familles territoriales, tout en gardant les spécificités. Finalement, tout s’est passé en douceur, car les chefs d’entreprises avaient noué des liens durant la campagne électorale. La réelle difficulté a été le nivellement nécessaire des chefs de services car ils n’avaient pas tous la même expérience ni les mêmes salaires, mais nous y sommes arrivés grâce à l’intelligence de tous. De plus, nous avons créé 7 territoires gérés par 8 vice Présidents territoriaux pour aller au devant des entreprises et leur apporter des réponses avec le concours de banquiers, des techniciens du RSI ou de l’URSSAF ou autres. Ce fut un grand succès, en particulier sur les îles.

Il y a eu également le passage de l’Aéroport Pôle Caraïbes en société aéroportuaire. Quelles en sont les conséquences ?

Bien évidemment, c’est 1,9 million d’Euros de recette en moins pour la Chambre, puisque nous étions en mutualisation de services et que nous facturions nos prestations à l’aéroport, lui-même ne gérant que les services techniques. Il nous a fallu 2 ans pour aboutir à la mutation vers la S.A. On m’a confié alors la présidence du Conseil de Surveillance, qui se terminera en juin 2018. Le hub de redistribution de l’Aérogare Régionale était une option nécessaire depuis longtemps, c’était la clé de l’ouverture sur la Caraïbe. Nous négocions depuis 2013 avec l’Etat dont dépendent la Police et les Douanes, pour que cette Aérogare soit plus autonome et que les passagers, en particulier ceux sans bagages, ne soient pas obligés à un circuit long via l’international.

Et vous vous êtes particulièrement battue pour la gestion du RCS et du Kbis…

Les chefs d’entreprise n’en peuvent plus d’attendre parfois 6 mois pour obtenir un Kbis ! Les services de la CCI sont totalement aptes à gérer la délivrance, puisque pour activer cette délivrance pour nos ressortissants et aider les greffiers du Tribunal de Commerce, les techniciens du Centre e Formalités d’Entreprise de la CCI font déjà les 2/3 du travail. Mais Il fallait un texte de loi pour que la CCI obtienne « la gestion matérielle du RCS ». Nous aurions dû conclure au 1er janvier 2016, mais ce n’est toujours pas résolu. L’article 60 de la loi Macron nous a donné en expérimentation la gestion du RCS et du Kbis, le Greffe du Tribunal de Commerce restant l’autorité en Guadeloupe, alors que c’est privatisé en métropole. Nous venons tout juste d’assister à une importante réunion technique à la Chancellerie et nous commençons à apercevoir le bout du tunnel. Notre nouveau portail internet que nous venons d’inaugurer, permettra à terme de commander des Kbis en ligne, comme en métropole.

Après 19 ans de vice-présidence et de présidence, de quoi restez-vous la plus fière ?

La fusion et la création de la CCI Régionale sont une grande satisfaction. Depuis, la cohésion des élus est telle que je n’ai jamais eu de voix contre sur les votes. Et j’ai tout fait pour instaurer un  esprit et une culture d’entreprise au personnel qui avait auparavant une culture d’administration publique.

Avez-vous des regrets ?

J’aurais aimé que nous prenions mieux en compte notre patrimoine, que nous l’évaluions et le valorisions. Cela permettrait entre autres de compenser les pertes de recette sur l’Aéroport. Il y a des terrains, des immeubles à l’abandon qui méritent d’être évalués et remis en état pour construire, vendre ou louer. Le WTC mérite également qu’on le rentabilise mieux. C’est une structure nécessaire au monde économique de la Guadeloupe.

Alors, après toutes ces années passées à la tête de la CCI, qu’allez vous faire ?

Passer du temps avec mes petits enfants ! J’ai sacrifié trop souvent ma vie familiale pendant toutes ces années, mais je n’y pouvais rien, j’étais passionnée !