11 000 chefs d’entreprises artisanales éliront le nouveau président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Martinique du 30 septembre au 14 octobre 2016. Henri Salomon, photographe et président du Groupement des Artisans d’Art de Martinique (GAAM), explique les ambitions de sa liste « Fier d’être artisan 972 ».

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Pourquoi vous présenter à ces élections ?

Henri Salomon : Je suis fier d’être artisan ! L’artisanat est, à mes yeux, un secteur d’activité économique essentiel pour le développement économique de la Martinique. Il est synonyme d’emplois, d’excellence, de patrimoine et de modernité. Je m’engage à la présidence pour bâtir une Chambre résolument orientée vers l’avenir : l’artisanat 2.0.

Vous êtes photographe, avez vous pu fédérer les autres secteurs artisanaux autour de vous ?

Oui ! Pour constituer l’équipe de la liste « Fier d’être artisan 972 », je me suis adressé aux organisations professionnelles artisanales du BTP, de l’alimentation et des métiers de services. La majorité d’entre elles m’a accordé sa confiance. Leurs responsables connaissent mon parcours de militant : en 1993, je me suis engagé pour les photographes professionnels, puis en 2005, en tant qu’élu de la Chambre. Je suis le président du GAAM depuis 2014. Nous avons bâti un programme qui s’adresse à tous les artisans.

Que recouvre « la digitalisation des services de la CMA » dans votre programme ?

Le service rendu aux artisans sera au cœur de notre action. Nous utiliserons les TIC [technologies de l’information et de la communication, ndlr] et anticiperons celles de demain. Le projet est de dématérialiser les services administratifs pour faire gagner du temps aux artisans et rendre le personnel plus disponible pour les accompagner. Des applications pour smartphones doivent être développées notamment dans les secteurs du transport (taxis), la boulangerie, la coiffure et l’artisanat d’art. Le site Internet de la CMA doit devenir un véritable outil de promotion des entreprises locales. Il doit fournir des informations pratiques aux usagers sur l’emploi, la formation, la location/vente de locaux professionnels, la vente de matériel d’occasion… Au siège, la nouvelle salle d’accueil devra donner accès gratuitement au WIFI.

La « lutte contre la concurrence déloyale » est un autre axe fort de votre projet…

Lorsque j’étais président du Groupement des Photographes Professionnels de Martinique, j’ai été intransigeant sur la question du travail illégal. Nous avons réussi à mettre de l’ordre dans notre environnement professionnel. J’ai aidé d’autres secteurs que le nôtre à lutter contre ce fléau. J’ai même exporté notre savoir-faire dans l’hexagone et dans d’autres pays européens.

Aujourd’hui, la concurrence déloyale est plus insidieuse – je pense à l’ « uberisation » de notre économie. La loi Sapin affaiblira l’artisanat et l’apprentissage en supprimant la qualification artisanale. N’importe qui pourra s’improviser coiffeur ou boulanger sans formation ce qui mettra en danger la santé de nos clients. Nos ministres sont souvent loin des réalités du terrain ; il faut les leur rappeler énergiquement quand c’est nécessaire.

Vous envisagez de créer une rue dédiée à l’artisanat à Fort-de-France, de quoi s’agit-il ?

Les jeunes créateurs d’entreprises ont des difficultés à accéder à des locaux professionnels car l’immobilier est cher en Martinique. J’ai proposé au maire de Fort-de-France de favoriser l’installation des artisans grâce à des loyers attractifs. Tout le monde sera gagnant : l’artisan, le propriétaire – dont les locaux seront occupés et revalorisés – et la ville qui redynamisera son centre-ville. Nous commencerons par l’implantation d’artisans d’art à la rue Garnier-Pagès, idéale pour que les croisiéristes achètent nos produits made in Martinique.

Comment pensez-vous mettre en œuvre ce programme ambitieux alors que la CMA est endettée ?

Avec de la volonté, de l’expérience et, bien sûr, grâce à une équipe de colistiers déterminés et solidaires. Notre gestion sera raisonnée et ambitieuse. Nous mobiliserons les partenaires institutionnels, nationaux et financiers que nous avons déjà rencontrés. Je ferai pour la CMA ce que j’ai déjà fait pour les organisations que j’ai présidées.

Quelles seront vos priorités en tant que président si vous êtes élu ?

Trouver des financements pour nos projets de modernisation de la CMA, rénover le siège et le CFA Université Régionale des Métiers de l’Artisanat de Rivière-Salée, améliorer les conditions de travail du personnel, et, bien sûr, communiquer avec les outils du 21e siècle.