Il a l’athlétisme dans la peau depuis qu’il est môme. Le corps puissant du Guadeloupéen Max Jourau, 40 ans, en dit long sur son rapport à l’effort, à la gagne, à la plénitude que seul le dépassement de soi offre. Depuis quatre ans, c’est au sport en entreprise qu’il doit son retour à la compétition.

Par Julie Clerc

Il sait se battre Max, d’abord contre ses limites, mais jamais contre lui-même. Il a su ériger sa force vitale sans martyriser son corps : aujourd’hui, ce sprinteur et sauteur en longueur respire la vie, pas l’ascétisme. Un rayonnement communicatif qui donne envie de chausser ses basquets et de foncer au stade, pour goûter au plaisir de sentir son cœur battre fort. A vingt ans, en vaillant petit prodige du Gosier Athlétique Club (GAC), Max Jourau a déjà participé à des dizaines d’épreuves en Guadeloupe et à l’extérieur, et remporté plusieurs titres. Toujours avec le même désir d’être le meilleur.

Max, pourtant, marque une pause de vingt années, devient père de deux enfants et agent du Régime Social des Indépendants. Est-ce parce que ce poste soumet le Guadeloupéen à de fortes doses de stress qu’il happe à la volée, il y a quatre ans, une information qui va changer le cours de sa vie ? Le comité d’entreprise du RSI, apprend-il, peut l’inscrire à la Fédération Française du Sport en Entreprise, fédération multisports ayant pour principale mission d’organiser compétions et rencontres sportives inter et intra-entreprises. La FFSE, c’est 200 manifestations annuelles, plus de 30 000 licenciés, 35 sports représentés et plus de 2000 entreprises adhérentes, dont de nombreux grands groupes.

Alors, à 38 ans, Max renoue avec l’athlétisme, réintègre le club gosiérien en tant que vétéran et se donne les moyens de ses rêves. Deux décennies après sa « retraite », ce fils de sportifs perd du poids, reprend la course, la natation et les pompes, seul, à la force du caractère. Et ça paie. En 2014, à Biarritz, il est médaillé d’or 100 m au championnat de France en entreprise, et vice champion d’Europe en longueur à Riccionne (Italie) l’année suivante. En 2016, en Martinique, Max est sacré champion de France en longueur, puis champion du monde à Palma de Majorque, dans la même discipline.

Alors oui, Max est un fervent ambassadeur du sport en entreprise, lui qui doit à son CE la prise en charge financière de ses déplacements en compétition. Il regrette d’ailleurs que les entreprises antillo-guyanaises adhérentes à la FFSE soient encore peu nombreuses. « Le sport en entreprise améliore l’hygiène de vie », plaide-t-il. « Il offre aussi l’une des rares occasions de courir avec son patron, avec ses collègues. C’est fraternel, c’est surtout un excellent outil de management au service de la performance collective de l’entreprise. »