Président de la coopérative ProVanille de Bras-Panon et producteur à Saint-Philippe, Willy Boyer est avant tout un militant. Son combat, la défense de la vanille de La Réunion et de son environnement.

Par Benjamin Postaire

Il est intarissable. Parler de la vanille de La Réunion avec Willy Boyer, c’est être immédiatement happé par sa passion pour la célèbre gousse. « La vanille, ça ne peut être qu’une histoire d’amour », assume-t-il. Et il est bien placé pour le savoir, lui qui donne de son temps et de son énergie depuis 10 ans pour redonner à cette noble épice la place qu’elle mérite sur les étals des marchés et dans les cuisines.

Quand il reprend la présidence de la Coopérative ProVanille en 2006, et alors qu’il n’est lui-même exploitant à Saint-Philippe que depuis un an, la filière se porte mal. Seulement 30 producteurs sont membres de la coopérative et, surtout, les ponts sont coupés entre la partie production et la partie transformation/commercialisation. « Si je me suis engagé, c’était d’abord pour défendre les petits. Replacer les producteurs et les salariés au centre de la filière. Je suis devenu président par conviction, pas parce que j’étais un gros producteur », explique-t-il.

« Il a fallu la conviction des Hommes… »

Un engagement qui nécessite d’importants sacrifices, notamment au moment de la reprise de l’unité de production de Bras-Panon, qui entre dans le giron de la coopérative en 2011. Un tournant décisif. Désormais composée de 120 producteurs, avec l’objectif de commercialiser 20 tonnes d’ici cinq ans et un prix du kilo, pour le producteur, qui a presque doublé, la coopérative a réussi à redresser la filière. « Il a fallu la conviction des Hommes pour sauver cette culture, raconte, Willy Boyer. D’autant que le vétiver a disparu, qu’il n’y a plus beaucoup de géranium… ».

La Coopérative s’est également inscrite dans une démarche de reconnaissance d’origine de ses produits en ayant obtenu la Mention Valorisante « Produits Pays Réunion ». Ceci, dans l’objectif premier de garantir la provenance réunionnaise des produits aux consommateurs. La Coopérative s’est également diversifiée en réalisant des produits à base de vanille pays.

Fils et petit-fils de producteur de vétiver, le Saint-Philippois d’adoption reconnaît avoir « le combat et le travail dans le sang ». Défendre la vanille de la Réunion est donc pour lui une évidence, d’autant qu’il est convaincu de sa qualité et son potentiel commercial. « Partout où l’on va présenter notre vanille les gens sont unanimes, la vanille de La Réunion est la meilleure, assure-t-il. C’est comme pour le vin, il y a du jus de raisin et des grands crus ».
Voilà qui est dit.

Plus que la vanille, c’est toute une région, les sous-bois forestiers de Saint-Philippe à Sainte-Rose, où elle est produite, que défend et protège Willy Boyer. « Les producteurs de vanille sont avant tout des amoureux de la nature. Tout se fait à la main, pied par pied, gousse par gousse. Amour et patience, voilà comment on produit de la vanille ». Très bien, mais comment la consomme-t-on ? « Moi c’est dans mon café, madame c’est dans les gâteaux », rigole-t-il. Puis d’ajouter immédiatement : « Mais pas tous les jours, c’est un produit de qualité, même moi je veux garder cette rareté… »