Président de la Coopémiel de Bourbon depuis 2006, Camille Perrault s’évertue depuis à développer la filière et donner ses lettres de noblesse à un produit qu’il tient en très haute estime. Pour cela il n’a qu’un moteur : la passion.

Par Benjamin Postaire

Ecouter Camille Perrault parler de miel pays, c’est déjà avoir un goût sucré en bouche. Sa passion pour le nectar des Dieux est contagieuse et il faut se contenir pour ne pas se jeter sur le pot au milieu de la table. « Pour moi, le miel de La Réunion n’est pas un produit haut de gamme. C’est un produit très haut de gamme ». « Terroir », « terre volcanique », « goût », voilà le champ lexical de Camille Perrault, lui qui se souvient de la gaufre de miel de son enfance cueillie avec son père, directement dans les troncs d’arbres évidés, aussi appelés « bombardes » …

Nous y reviendrons. Car, depuis, le bonhomme a fait du chemin. Après des études au lycée agricole de Saint-Joseph, il travaille dans la métallurgie, le commerce, puis la grande distribution. Souhaitant devenir exploitant mais n’ayant pas de terres, il investit dans des ruches qu’il place chez des producteurs locaux. Très vite, il s’intéresse à la filière apicole réunionnaise dans son ensemble et souhaite s’investir dans son développement. En 2006, il devient président de la Coopémiel de Bourbon.

La coopérative à nouveau sur de bons rails

Créée en 1967, cette dernière est passée par toutes les étapes, de la plus florissante à la plus compliquée. « Je souhaite avant tout rendre hommage à mes prédécesseurs à la tête de la coopérative, qui ont surmonté les difficultés », précise-t-il d’emblée. Sous sa direction, les miels de la coopérative retrouvent leur place dans les grandes surfaces et, surtout, celle-ci se refait une santé financière.

Dès lors, de nouveaux défis se dressent sur la route de Camille Perrault et la coopérative. Le premier : produire plus pour augmenter les parts de marché du miel pays face à l’importation et surtout le démarquer des autres miels importés via l’Association Produits Pays Réunion.

L’autre, tout aussi ambitieux, est porté en collaboration avec la DAAF (Direction de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Forêt), le GDSA (Groupement de Défense Sanitaire Apicole) de La Réunion et le SAR (Syndicat Apicole Réunionnais). Il se résume simplement : « faire de La Réunion un sanctuaire à abeilles » et interdire toute importation de matériel apicole utilisé ou d’abeilles. Ce projet de sanctuarisation est en voie de concrétisation (un Décret préfectoral est déjà en vigueur) et permettrait de sécuriser la filière sur le plan sanitaire.

Une manière, pour ce jeune retraité toujours actif, de boucler la boucle en protégeant ce patrimoine si cher à son cœur. Lui, l’amoureux du miel pays, qui s’évade dans ses souvenirs d’enfance à la simple odeur du miel des forêts, celui qu’il mangeait avec son père, qu’il retrouve aujourd’hui dans le miel des forêts primaires de St-Philippe et reconnaîtrait parmi des milliers…