Coordonner et développer l’offre de transport, mettre en place un système d’informations voyageurs performant et de tarification accessible, les missions du Syndicat Mixte de Transport de La Réunion sont étendues et importantes. Pas de quoi effrayer un syndicat dynamique et plein d’idées.

Par Benjamin Postaire

La valeur n’attend pas le nombre des années. Un dicton qui sied parfaitement au SMTR. Né en juin 2013, le jeune syndicat est, par ses actions, ses projets et plus généralement ses prérogatives, déjà un acteur incontournable de la vie politique, économique et sociale de la Réunion. Le transport, les déplacements, la mobilité, sont des enjeux décisifs pour l’avenir, plus encore sur une île comme La Réunion où la population croît et la voiture individuelle très (trop ?) utilisée.

La première action du SMTR a donc, logiquement, été de mettre en place une étude statistique : l’Enquête Déplacements Grand Territoire. Du 2 janvier au 21 juin 2016, 17.000 Réunionnais ont été interrogés pour mieux connaître leurs habitudes de déplacement et leurs attentes. L’objectif est de s’appuyer sur les résultats pour adapter les politiques menées et mesurer leurs effets sur le long terme. « L’enquête, c’est le point d’entrée, explique Mylène Gonçalvès, directrice du SMTR. Toutes les informations récoltées serviront à restructurer les réseaux et construire l’offre de déplacement. » Dès ce dernier trimestre 2016, les résultats seront disponibles et vont commencer à être analysés.

Développer les solutions intelligentes

Le SMTR a réalisé un diagnostic et identifie des dysfonctionnements afin d’améliorer le quotidien des usagers des transports publics. Horaires, tarifs, dessertes… avant la création du syndicat, l’usager en voyait, c’est le cas de le dire, de toutes les couleurs. Grâce au SMTR, qui réunit l’ensemble des Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM), à savoir les cinq intercommunalités (Cinor, TCO, Cirest, Civis CaSud), la Région et le Conseil départemental, la coordination des offres de transport est désormais possible.

Mieux, le SMTR s’efforce de mettre en place un système intelligent d’informations aux voyageurs. « Les informations ne sont pas uniquement théoriques, explique Mylène Gonçalvès, elles sont aussi dynamiques. Nous avons des remontées du terrain avec notamment des bus géolocalisés pour fournir des informations en temps réel ». Des solutions intelligentes que souhaite développer le syndicat.

Autre exemple concret de cette nouvelle manière de gérer le réseau : Réuni’Pass. Avec cette carte, il est désormais possible de monter dans n’importe quel bus ou car de l’île avec le même titre de transport. Une offre principalement destinée aux étudiants mais que le SMTR envisage d’étendre à d’autres catégories de la population comme les personnes âgées ou en situation de handicap. Une solution inspirée du Pass Navigo, en région parisienne, et qui rencontre un franc succès.

Vers une offre multimodale

Des sources d’inspiration, le SMTR et sa directrice n’en manquent pas. D’autant que, non-content d’améliorer l’existant, le syndicat s’emploie également à développer la mobilité au sens large et donc l’offre dite « multimodale ». « Notre rôle est d’améliorer l’offre de déplacement au sens large, précise Mylène Gonçalvès. Nous avons des projets qui visent à développer la mobilité sous toutes ses formes ».
Ainsi, dans le cadre de sa mission de promotion de la mobilité, le syndicat a mis en avant, lors de la Semaine Européenne de la Mobilité, des acteurs très divers comme des plateformes de covoiturage ou des associations d’usagers du vélo. « Nous voulons proposer un système d’informations multimodales qui permettrait, via un site et une application, de combiner plusieurs offres, plusieurs modes de transport pour un même déplacement », explique la directrice. Aller d’un point A à un point B en prenant, sa voiture, puis le bus, puis, pourquoi pas, un vélo en libre service ou encore un transport par câble, voilà, probablement, La Réunion de demain.

L’enjeu : « Augmenter l’attractivité des différents modes de transport alternatifs à la voiture individuelle, assure Mylène Gonçalvès. Aujourd’hui, à La Réunion, les usagers des transports publics le sont parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. En développant un réseau performant, moderne et intelligent, on doit permettre aux gens de choisir leur mode de transport ». Ambitieux et réaliste, voilà un projet qui pourrait faire passer La Réunion dans une nouvelle ère.

Alix Galbois : 

« Faire du SMTR une structure opérationnelle »

Vice-président d Conseil départemental délégué aux Transports, Alix Galbois a pris la présidence du Syndicat Mixte de Transport de La Réunion en avril 2016. Il dévoile le passé, le présent, mais aussi le futur du SMTR.

Comment est né le SMTR ?

C’est à l’initiative de l’ensemble des Autorités Organisatrices de Transport, qu’est né en 2013 le SMTR. Un grand Plan départemental de restructuration du réseau Cars Jaunes était en cours. C’était donc l’occasion de réorganiser les réseaux locaux et la meilleure option était de mettre en place un syndicat regroupant les sept AOM (Autorité Organisatrice de la Mobilité) afin de coordonner l’offre.

Pourquoi en avez-vous pris la présidence ?

En mars 2016, en ma qualité de vice-président du Conseil départemental délégué aux Transports, je me suis présenté à la présidence du syndicat mixte. Il était opportun qu’un représentant de la collectivité qui gère le réseau de transport de l’île le plus structurant soit à la présidence du SMTR. 

Comment se passe la coopération entre les différentes collectivités ? 

Les relations sont très bonnes, aussi bien entre les techniciens des différents réseaux qu’entre les élus. Tout le monde a intérêt à ce que la politique menée fonctionne. La carte Réuni’Pass, pour une tarification unique sur l’ensemble du réseau, en est le meilleur exemple. Et ce n’est que le début…

Comment voyez-vous les évolutions du syndicat ?

Auparavant, il n’y avait aucune coopération entre les réseaux. Avec le SMTR, il y a désormais une réelle coordination. A terme, et ce sont des discussions que nous allons mener avec les collectivités, nous souhaiterions faire du SMTR une structure opérationnelle et donc une AOM. Il faut y aller progressivement, avec l’accord de toutes les AOM, dans un premier temps avec le réseau interurbain et pourquoi pas, dans un futur plus lointain, gérer l’ensemble des réseaux de l’île.