Le nouveau Schéma Directeur d’Urbanisme Commercial (SDUC) de la Martinique a été présenté le lundi 17 octobre 2016 à la CCIM. Etabli pour la 1ère fois en 1987, puis actualisé en 2002, il constitue aujourd’hui la 3e édition d’un outil d’orientation pertinent pour les acteurs économiques de la Martinique.

Par Marie Ozier-Lafontaine

Quelles ont été les mutations majeures du tissu économique ces 10 dernières années ? Comment se répartissent les activités commerciales sur le territoire ? Quelles sont les pistes d’actions à mettre en œuvre d’ici 2020 pour un développement pérenne de la Martinique ? Telles sont les questions auxquelles répond le SDUC. Ce document regroupe en effet analyses, schémas, scénarii, permettant de mieux comprendre l’offre et la demande commerciales locales. L’objectif est d’apporter aux socio-professionnels les informations nécessaires à leur prise de décision en matière d’implantation d’activité, de stratégie ou d’urbanisme.

La photographie de l’activité commerciale
La méthodologie du SDUC repose sur une démarche prospective, réalisée en 3 étapes : le diagnostic de la demande, le diagnostic de l’offre et l’identification de pistes d’actions. La première phase a consisté à analyser le comportement d’achat des ménages et des touristes, à travers une enquête auprès de 1650 personnes (1200 ménages martiniquais, 300 touristes de séjour et 150 croisiéristes). Il en ressort notamment que la dépense des ménages représente 1,727 milliards d’euros et que l’Espace sud représente plus de la moitié du potentiel de consommation supplémentaire des prochaines années. Concernant l’offre, sans surprise, il apparaît que les communes de Fort-de-France et du Lamentin concentrent l’essentiel de l’offre en matière d’équipement et de grande distribution. D’autre part, la surface des activités commerciales a fortement augmenté et concerne surtout les activités non alimentaires, comme le bricolage.

Un outil stratégique partagé
Le diagnostic a permis de déceler mutations, potentiels et carences sur les territoires des 3 communautés d’agglomérations. Grâce aux données recueillies, des plans d’actions pourront être définis à l’échelle de chaque commune. La CTM, la CACEM, l’Espace Sud, CAP Nord, la DEAL et l’ADEME, partenaires de la CCIM pour l’élaboration du SDUC, seront en mesure d’orienter leur politique de développement. Les commerçants pourront valider leurs choix d’implantation. Nouveauté de ce SDUC par rapport aux 2 précédents : la prise en compte des enjeux environnementaux.

Une initiative pertinente pour l’économie de la Martinique

Marinette Torpille, présidente de la commission d’Aménagement du territoire de la CCIM, voit son mandat se terminer sur une note positive : la livraison du Schéma Directeur d’Urbanisme Commercial (SDUC) de 2016, lancé en 2015. Elle nous en dit plus sur ce document stratégique.

Il existe des schémas d’aménagement du territoire (SAR, SCOT…). Quel est l’intérêt du SDUC ?
Ce document est une initiative privée, commanditée par la CCIM : il complète les documents tels que le Schéma d’Aménagement Régional (SAR), le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE), ou les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT). Outil prospectif, il constitue une aide à la décision pour les acteurs publics et privés de l’économie locale. Il intéresse les communes, les EPCI, la Collectivité Territoriale de Martinique, mais aussi les chefs d’entreprises martiniquais ! Sa particularité est de recouper des données telles que le comportement des consommateurs, l’offre commerciale et les opportunités qui en découlent.

Quelles sont ces opportunités ?
Le diagnostic et l’analyse des données recueillies lors des enquêtes auprès des ménages et des touristes ont permis de dégager des pistes d’actions, qui constituent des avis. Tout d’abord, il est important de rééquilibrer l’implantation des activités entre les différentes zones de la Martinique, et de dynamiser les centres-villes, parfois délaissés au profit des grands centres commerciaux périphériques. Le commerce de proximité dans les quartiers et les formes de commerce alternatives sont aussi à encourager. Enfin, le développement durable est un axe transversal, à prendre en compte dans chacune des actions entreprises. Chacun de ces axes se décline en propositions concrètes. Par exemple, le développement de l’E-commerce peut être accéléré par la mise en réseau des acteurs existants et la formation des professionnels. Autre exemple : la création de transports alternatifs, pour diminuer les émissions de CO2 générés par les déplacements liés aux achats.

Qui peut avoir accès à ce document ?
La diffusion du SDUC est un point important de notre démarche. Les publics concernés doivent se l’approprier pour en faire un véritable outil de travail. Il est présenté aux acteurs publics, comme nos partenaires que sont la CTM, la CACEM, CAP Nord, l’Espace Sud, la DEAL et l’ADEME. Il est aussi disponible à la CCIM pour l’ensemble de nos membres. De manière générale, il peut être consulté par tous les acteurs socio-professionnels.

Le SDUC :  5 axes stratégiques pour soutenir le commerce

Le Schéma Directeur d’Urbanisme Commercial de la Martinique apporte à l’ensemble des partenaires et acteurs du commerce une vision globale de l’offre commerciale, de son évolution et des opportunités du territoire. La stratégie commerciale dégagée par le SDUC de 2016 se décline en cinq axes complémentaires.

Les orientations stratégiques du SDUC permettent d’appréhender le développement commercial du territoire en termes de localisation, de formes de vente, de produits ou de services. Outil prospectif, il intègre des propositions à mener d’ici 2020.

Axe 1 : favoriser le rééquilibrage géographique de l’offre commerciale en fonction de la dynamique démographique
L’objectif est de soutenir le développement de nouvelles zones commerciales sur le territoire de l’Espace Sud, tout en confortant l’offre commerciale des territoires du nord et du centre.
Exemple d’action proposée : l’élaboration d’une nouvelle Charte d’Urbanisme Commercial

Axe 2 : redynamiser les centres-villes et les centres-bourgs en favorisant leur attractivité commerciale
L’optimisation de l’attractivité de ces espaces passe par une politique de renouvellement urbain, par l’amélioration de la qualité des services et la prise en compte des attentes des touristes.
Exemple d’action proposée : la mise en place d’un management de centre-ville

Axe 3 : conforter un maillage fin du commerce de proximité
Il s’agit d’identifier les quartiers prioritaires dans chaque commune, afin d’y renforcer la densité de l’offre commerciale. Exemple d’action proposée :
favoriser les transmissions et reprises d’activités commerciales et artisanales.

Axe 4 : prendre en compte le développe-ment des formes de commerce alternatives
Le E-commerce et les filières courtes doivent être encouragés et soutenus afin d’optimiser et de pérenniser la distribution de la production locale.
Exemple d’action proposée : former les professionnels à l’outil digital, prolonger les actions de modernisation des marchés.

Axe 5 : intégrer le développement durable dans l’économie du commerce et des territoires
L’Approche Environnementale de l’Urbanisme (AEU), démarche de concertation développée par l’ADEME permet de prendre en compte les enjeux de développement durable dans les actions d’aménagement du territoire. Exemple d’action proposée : favoriser la fluidité des déplacements dans les zones commerciales par la qualité de la voirie.

Direction Développement du Territoire
jean-alexis@martinique.cci.fr
lerigab@martinique.cci.fr