L’association TDA, créée en 1994 regroupe aujourd’hui des professionnels de l’automobile, importateurs et distributeurs de véhicules ou de pièces détachées. Ses statuts lui donnent pour mission de traiter, pour ses 86 adhérents éco-citoyens, les déchets que sont les pneumatiques et les batteries au plomb.

Par Jean-Paul Rivière

Selon la loi de 2012, tout pneumatique mis sur le marché français doit contribuer, via l’éco-contribution, au financement de la filière de traitement des déchets de pneumatiques. Et, à la différence d’autres filières comme celle de l’électroménager, cette éco-contribution n’est pas financée par le consommateur, mais par le professionnel qui émet les déchets. En se substituant localement aux manufacturiers, les importateurs locaux ont pris très tôt des initiatives pour l’environnement dans le respect de la loi, à travers la création de l’association TDA.

La filière pneumatique est intégralement collectée, traitée et valorisée par ECODEC sous forme de divers produits dérivés. La poudrette de caoutchouc produite permet la fabrication de dalles de stabilisation du sol, ou du Gwadadrain, un matériau utilisé sur les bassins drainants ou en stabilisateur pour éviter l’enfoncement des sols. Une partie de la production est également exportée vers la Métropole en poudrette pour la fabrication de revêtements synthétiques de terrains de sport. Ce sont donc 3500 tonnes de pneumatiques, soit en moyenne 800000 unités qui passent par les presses d’ECODEC chaque année. « Sans ECODEC, TDA ne pourrait rien faire. Le contrat de partenariat qui nous lie nous permet de réfléchir à des solutions de valorisation à 100%. De notre côté, nous effectuons toutes les déclarations nécessaires auprès de l’ADEME», précise Loïc Herenger, président de TDA.

Il est difficile d’évaluer la taille réelle du marché des pneumatiques en Guadeloupe. Le produit entre parfois par des circuits « parallèles » et, dans ce cas, il n’est pas toujours intégré aux filières de collecte et de traitement. « Nous avons un statut d’éco-organisme, mais sans réel poids législatif, nous ne pouvons pas sanctionner. Il nous arrive parfois d’élargir nos actions au-delà de nos propres adhérents, mais cela a un coût dont les collectivités qui nous sollicitent doivent tenir compte », ajoute Loïc Herenger. Jean-Luc Bureau, membre permanent, est importateur de pièces détachées : « il y a quand même nombre d’importateurs qui ont conscience du poids de nos déchets, et qui adhèrent à TDA. Mais nous ne pouvons contraindre personne à faire la démarche ».

Pneus et batteries, valorisables à 100%

Les batteries sont, quant à elles, collectées et expédiées en Métropole en containers pour la récupération du plomb. A la création de TDA, les batteries constituaient un danger important puisque abandonnées dans la nature, ce qui a motivé les premières actions de l’association. « Il y a deux filières de collecte en Guadeloupe, ECODEC et SNR (Société Nouvelle de Récupération). Les quantités de batteries à collecter ont nettement diminué, nous sommes passés, en quelques années, de 1200 tonnes à moins de 100 tonnes aujourd’hui. Cela est dû au marché du plomb de batteries qui, a 350 € la tonne, attire de nouveaux acteurs, voire là-aussi des filières parallèles », signale Loïc Herenger.

TDA sert de passerelle sur certains sujets qui touchent à l’environnement du monde automobile. Un diagnostic déchet, financé par certains acteurs volontaires et l’ADEME est actuellement en cours via Caraïbes Environnement dans le but d’inventorier les bonnes pratiques, les améliorations à entreprendre et essayer d’optimiser le flux des déchets en optimisant les coûts. Mieux gérer ses déchets en dépensant moins, c’est l’objectif que cette quinzaine de société s’est fixé dans les années à venir.

Cette posture professionnelle de l’automobile éco-responsable est fondamentale sur la Guadeloupe et TDA sollicite l’adhésion de tous les importateurs pour ces familles de produits. « Nous invitons les clients potentiels à effectuer leurs achats de batteries et de pneus dans les structures adhérentes à  TDA, affichant le logo de l’association et qui en assurent le traitement ».

Les actions de TDA sont aujourd’hui centrées sur la traçabilité des produits importés en Guadeloupe, afin d’en contrôler le traitement. A l’horizon de 2020, une loi sur les éco-organismes impactera certainement la nature du statut de TDA. En ce sens, l’association échange actuellement avec Aliapur et FRP, deux organismes contrôlés par les manufacturiers de pneumatiques, dans le but de réfléchir à maintenir ses prérogatives au-delà de cette date. En effet, il n’est pas impossible que cette association, qui fêtera ses 23 ans en 2017, créée par des professionnels du secteur soucieux de l’écologie de leur île, ne disparaisse totalement du fait d’une réglementation qui ne lui permettra pas de respecter les obligations nationales à venir.