Dans les années 1940, le psychologue Abraham Maslow* hiérarchisant les besoins des individus et leur motivation au travail, plaçait le besoin de sécurité immédiatement après les besoins physiologiques (manger, boire, dormir). Dans une société qui a vaincu la famine, la sécurité du travail devrait donc être l’objectif prioritaire, est-ce vraiment le cas ?

Dans les années 1970 le chômage oscillait autour des 2% alors que ces dernières années, il peine à descendre en-dessous de 10%. La stabilité des emplois n’était pas un problème, alors qu’aujourd’hui, 50% des CDI sont rompus à moins d’un an et les CDD représentent près de 90% des embauches avec une durée moyenne inférieure à 8 jours. Si le torrent de mesures ayant enfermé le contrat de travail dans un carcan avait fait évoluer les choses dans le bon sens, nous n’assisterions pas à cette explosion de la précarité. On peut rêver que les employeurs, conscients de leurs responsabilités, souscrivent des contrats de longue durée mettant un terme à ce cauchemar. Mais est-ce le rêve qui convient ? Face au constat de cette faillite du modèle social français chacun devrait s’interroger sur la responsabilité qui lui incombe et la direction à prendre. Mais : « lorsque le sage désigne du doigt la bonne direction, le sot ne voit que le doigt. »

Contentons-nous ici, humblement, de susciter quelques réflexions, prises de conscience et prises de responsabilité. Tout d’abord, en définissant mieux le problème. La précarité se définit comme « l’incertitude de conserver ou de retrouver une situation acceptable dans un avenir proche ». Elle ne résulte donc pas du contrat de travail (CDI, CDD, Intérim) mais de facteurs économiques et sociaux tels que la conjoncture, l’évolution structurelle d’un secteur économique, l’évolution technologique d’un métier ou d’un produit et/ou la compétitivité d’une entreprise voire, plus prosaïquement, de l’évolution de la relation professionnelle entre un salarié et sa hiérarchie ou ses collègues et de l’optimisme ou du pessimisme d’un employeur sur son carnet de commandes. Le salarié en CDI qui craint de perdre son emploi est donc dans une situation effectivement précaire. Quelqu’un qui n’est ni dans une situation de pauvreté persistante ni dans une situation de forte incertitude quant à son avenir n’est donc pas en situation de précarité, quel que soit son statut.

Reprocher à un employeur de limiter la durée d’un contrat à ses prévisions étant stérile, mieux vaut faire en sorte que quelle que soit cette durée, elle ne place pas le salarié en situation de précarité.

L’intérim évite les angoisses de fin de contrat

Sur la base de cette définition, la situation la plus précaire n’est pas celle de l’intérimaire, mais celle du CDD dont la seule certitude est que son contrat court ne pourra se renouveler que deux fois et celle du CDI de chantier qui place le salarié dans la même situation.

La lutte contre la précarité devrait donc s’identifier à la lutte contre le CDD et le CDI de chantier en faveur de l’intérim. En effet, en fin de mission, Ergos trouve généralement de nouvelles missions à ses intérimaires. Tel n’est pas le cas d’un employeur en fin de CDD ou de CDI de chantier. Chez Ergos, sur 1000 salariés, la moitié a plus de deux ans d’ancienneté au moins à mi-temps (tous les intérimaires ne souhaitent pas un plein temps ni rester dans l’intérim et nous respectons leurs choix.) Les « Pros d’Ergos » regroupent 200 collaborateurs intérimaires ayant plus de deux ans d’ancienneté à temps plein auxquels Ergos garantit le renouvellement de leurs missions.

Se satisfaire d’une situation dommageable sur la base de motifs erronés n’est pas très responsable. Que ce soit pour le système social, pour l’entreprise ou pour le salarié, l’intérim est un système économique et adapté. Il assure la fluidité indispensable à notre environnement aléatoire tout en évitant les angoisses liées aux fins de contrat et les surcoûts cachés qui rendent les CDD et les CDI précaires plus onéreux tout en étant moins rémunérateurs. Ergos invite tous les décideurs soucieux de leur responsabilité sociétale à se joindre à nous pour réduire la précarité, fléau de notre société.

*La pyramide des besoins établie dans les années 1940 par Abraham Maslow