1958, l’école de musique traditionnelle d’Henri Debs ouvrait ses portes. Soixante années plus tard, Riko Debs, son fils, revisite un pan de l’histoire antillaise, telle que peu, finalement la connaisse.

Ces airs rythmés d’antan, ces comptines d’une autre époque n’ont pris aucune ride avec les années. Redécouverte d’un studio qui a vu défiler des grands noms de la variété antillaise et qui souhaite renouveler la musique caribéenne d’aujourd’hui.

Parcours et témoignage d’un fils qui doit à son père, la passion intime des bons tempos.

Par Coralie Custos

Aux origines

C’est dans son studio Rose Marie à Pointe-à-Pitre que nous rencontrons Riko Debs, derrière sa console.

Concentré, les lunettes de soleil sur les yeux, le créateur du nouveau label « Henri Debs & Fils » s’apprête à rencontrer les artistes et compositeurs, compagnons de route et amis qui ont travaillé des années durant avec son père, aujourd’hui disparu.

Pour faire revivre ces collaborations fructueuses, petit come-back vers le début des années 1960 où le jeune Henri Debs, après avoir accumulé les petits boulots, se met à rêver grand pour la Guadeloupe.

« Mon père voulait faire valoir le talent des artistes antillais en leur donnant les moyens d’être produits, écoutés et reconnus pour leur art ».

Pas une mince affaire lorsque l’on débute dans le secteur musical, l’aumônière vide. A force de persévérance, l’autodidacte Henri Debs décolle et multiplie les productions.

De cela, nous retiendrons une centaine de collaborations, des milliers de titres et ces fameux tubes avec les Aiglons, les Vikings, Exil One, Expérience 7, Zouk Machine, Tatiana Miath, Tanya St Val et bien d’autres, à travers toute la Caraïbe.

Création de Riko Rekordz

Stimulé par cette figure paternelle passionnée par la musique, Riko Debs créé Riko Rekordz pour produire des artistes aux styles musicaux plus urbains comme la dance hall, le R&B et le rap qui fleurissent au début des années 2000 sous l’égide des nouveautés américaines et jamaïcaines.

Influence Sound, La horde Noire, Fuckly, N’O Clan, G’Ny, Wu Tang Park et Tiwony ont jailli de l’association de ces chanteurs hors-pair et de la fibre musicale du fils prodigue.

Mais 2013 marque un tournant dans la vie du Studio Rose Marie. Le temps s’arrête et les micros s’éteignent. Pour faire vivre l’héritage, Riko Debs décide de faire fusionner les deux studios de production pour mettre en lumière un nouveau label en 2016. Henri Debs & Fils est né.

Vers le digital

Commence alors un travail de recherche méticuleux pour dénicher auprès des collectionneurs, les secrets d’un temps révolu, les chansons oubliées des années prestiges.

« C’est un travail d’archivage colossal. Mais nous avons réellement pour objectif la mise à disposition d’un catalogue digital à disposition des auditeurs afin qu’ils redécouvrent des musiques uniques souvent disparues. »

En parallèle, la magie continue d’opérer puisque Riko Debs produit deux nouveaux talents comme Rachelle Allison, à la signature caribéenne urbaine que vous avez dû déjà entendre sur les ondes et dont le clip a été produit par Chris Macari, réalisateur des clips de Kalash et Booba. Mais également Makali Douglas, chanteur de gwoka moderne.

Conscient de la richesse incommensurable laissée par son père Henri Debs, le producteur Riko Debs souhaite rendre hommage à l’homme qui fut un des premiers véritables artisans du développement de la musique antillaise à travers le monde.

Mais également à tous les compositeurs, ingénieurs du son, ces travailleurs de l’ombre qui ont contribué à rendre cette histoire encore plus mélodieuse.

Henri Debs & Fils
6 Bis rue Gambetta
97110 Pointe-à-Pitre
henridebsetfils@orange.fr