Le windsurf en Guadeloupe, c’est 1000 pratiquants réguliers, une soixantaine de jeunes sportifs courant en régional et une dizaine de futurs champions formés au Pôle Espoir du CREPS qui devraient rapidement rafler podiums nationaux et internationaux. Avec le double champion du monde junior Tristan Algret comme ambassadeur, la planche à voile guadeloupéenne s’est donnée une mission : démocratiser la voile.

Par Julie Clerc

Il a un regret Tristan : constater que nous profitons encore peu du fabuleux plan d’eau offert par notre archipel. Naviguer sous voile d’îles en îles, sillonnant les Saintes, Petite Terre, Marie Galante ou la Désirade sur une eau luminescente dans l’unique clameur du souffle régulier des alizés… N’est-ce pas une expérience jubilatoire ? Parce qu’à huit ans il écumait ses premières compétitions de windsurf et n’a cessé de vivre pour lui depuis, le champion de 23 ans a décidé de revenir trois mois par an sur son île natale pour y insuffler le vent du large, le plaisir du bon réglage, l’enchantement du regard qui se pose sur l’horizon bleuté.

La planche à voile, sport né dans les années 1970, s’est importée en Guadeloupe dix ans plus tard. Dans les années 1990, des figures locales (José Bahadour, François Guibourdin) s’imposent aux niveaux nationaux et internationaux. Depuis peu, une nouvelle génération de windsurfeurs arrive en force avec les champions juniors Tristan Algret, Antoine Martin et Camille Juban qui évoluent sur le circuit mondial avec des résultats remarquables. Il faut dire que la Guadeloupe offre des spots de qualité praticables toute l’année. Pendant la saison hivernale en Europe, on entend parler nombre de langues étrangères sur ses plages où se retrouvent passionnés et professionnels comme le multiple champion du monde Antoine Albeau.

Dans ce décor idyllique, Tristan Algret fait figure de booster. Cocktail sur-vitaminé de force physique et mentale, ce spécialiste du slalom fait de sa carrière sportive le fer de lance de ses projets professionnels. Tristan est à la tête d’un parcours sans faute : champion de France en 2012 et 2013, il est sacré champion du monde la même année (2013). Un circuit international auquel il participe une fois de plus en 2017. Depuis six ans, soutenu par son premier grand sponsor, l’ADEP, il parvient à concilier sport et études de commerce dans le sud de la France, validant un master tout en s’illustrant sur les plus hautes marches des podiums mondiaux de windsurf. Son rythme est haletant : une semaine de cours pour trois semaines d’entrainement sportif. Aujourd’hui Tristan vit de sa passion, malgré 100000 euros de dépenses annuelles pour honorer compétitions et championnat. C’est que Tristan a su séduire : Hyundai Guadeloupe et XL Airways sont aussi derrière lui.

Mais Tristan veut aller plus loin. En Guadeloupe, il a décidé de mettre du vent dans toutes les voiles, kite surf, voile habitable, traditionnelle ou légère. A commencer par celles du windsurf bien sûr. Premier objectif : « Créer un championnat régional de planche à voile sur le format du mondial, en étapes. Je veux mettre un coup de projecteur sur la géographie de notre superbe archipel, où il fit si bon naviguer ! », lance Tristan. Avec la complicité d’Aérowox – spécialiste des prises de vues aériennes dont les drones filment des windsurfs lancés à 30 nœuds (60 km/h) – la course sera retransmise en live.

Second objectif : organiser des événements promotionnels innovants et rassembler partenaires et sponsors autour du windsurf. Troisième objectif : mettre ses compétences au service du windsurf guadeloupéen en créant des stages de perfectionnement à destination des futurs champions du Pôle Espoir windsurf du CREPS. Mais aussi en navigant avec les jeunes planchistes des clubs locaux ou encore en parrainant la fête de la voile de Saint-François… « Mon vœu, c’est voir l’activité nautique prendre de l’ampleur sur notre île qui a toutes les qualités pour ça ! », résume-t-il. Preuve de son engagement, il y a deux ans Tristan était, aux couleurs de la Région Guadeloupe, ambassadeur du nautisme au Grand Pavois, à La Rochelle. Le champion compte aussi s’investir dans la protection du monde sous-marin. Chapeau bas…