Il y a deux ans, Maitre Magali Robo Cassilde remportait les suffrages de ses pairs et était élue bâtonnier de Guyane. Titre honorifique, reconnaissance évidente d’une carrière brillante débutée en Guyane il y a presque vingt ans. Ses mots d’ordre : la proximité et l’accès à la justice pour tous. Un projet qu’elle entend bien porter à la tête de l’ordre des avocats.

Propos recueillis par Coralie Custos

D’où vous vient cet attrait pour l’univers juridique ? 

Je viens d’une lignée d’avocats. J’ai grandi avec des figures familiales pour qui le droit au-delà de l’aspect professionnel était bien une philosophie de vie. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers une carrière juridique. J’ai, d’ailleurs, commencé des études à l’Université de Guyane avant de faire deux maîtrises, d’abord en Martinique puis en France hexagonale. C’est après mon passage au Centre de Formation des Avocats de  Bordeaux, où j’ai obtenu mon certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) , que je suis rentrée au pays pour réaliser mon stage de deux ans avec mon père, lui-même avocat. J’exerce en Guyane depuis toutes ces années.

Vous avez aujourd’hui une carrière qui comptabilise presque deux décennies de travail. Quelles sont les raisons qui ont poussé votre candidature en tant que bâtonnier de Guyane ? 

Lorsque mon père a quitté la profession en 2005, j’ai redoublé d’implication dans la vie du cabinet. J’ai également cumulé plusieurs responsabilités comme membre du Conseil de l’Ordre. J’ai assumé, entre autres, la fonction de secrétaire de l’Ordre auprès de Maître Régine Guéril-Sobesky, ancien bâtonnier de Guyane. On peut dire que cette candidature s’inscrit dans le prolongement de mon engagement en faveur de ma profession. C’est donc principalement le goût des responsabilités et la volonté d’œuvrer pour le statut d’avocat qui ont motivé cette démarche. Je ne vous cache pas que j’ai tout de même demandé conseil auprès de ma famille, sur qui j’ai la chance de pouvoir compter, mais également auprès de mes proches collaborateurs.

La fonction du bâtonnier est en général assez méconnue du grand public. Quel est son rôle ? A quoi ressemble votre quotidien ? 

La façon la plus simple de définir le rôle du bâtonnier est de comprendre qu’il est le chef de l’ordre professionnel des avocats. Il est le représentant des avocats auprès des instances nationales notamment. C’est lui qui préside le Conseil de l’ordre et qui établit la politique du barreau. De surcroit, il peut saisir le conseil de discipline en cas de manquement ou de faute grave de la part d’un avocat. Il est le référent auprès des partenaires judiciaires. Et c’est certainement sur ce point que son rôle est crucial.

Mon quotidien, en plus de la vie de mon cabinet, est donc ponctué de rencontres avec les chefs de juridictions, le personnel administratif, d’échanges avec mes confrères et de travaux de résolution de possibles dossiers litigieux entre deux avocats.

Sous quel signe avez-vous décidé de porter votre mandature ? 

J’accorde beaucoup d’importance à l’accès à la justice. La Guyane est un grand territoire où la majorité des cabinets d’avocats se concentre dans la capitale, Cayenne. Nous travaillons donc avec des jeunes confrères sur la problématique de l’accès au droit pour nos concitoyens plus éloignés. Nous souhaitons créer plus de proximité avec les justiciables. Le projet des « pirogues du droit » répond à cet enjeu important depuis plusieurs années et ce de concert avec le CDAD.  « L’Avocat dans la cité » est une initiative qui propose de faire découvrir le métier d’avocat dans les communes accessibles par la route. Nous voulons lutter contre l’isolement judiciaire. C’est la raison pour laquelle nous travaillons main dans la main avec les mairies sur ce projet. Enfin, nous sommes à notre 4e « Lettre du barreau », une revue bimensuelle, éditée toujours dans l’optique de rendre plus accessibles et transparentes l’ensemble de nos missions.