Un million de touristes, un milliard d’euros de chiffre d’affaires, mille emplois nouveaux, sont les objectifs à l’horizon 2020 de la Collectivité régionale, résolument engagée pour enfin faire du tourisme un vrai levier de croissance pour la Guadeloupe. Entretien avec Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe.

Un million de touristes et mille emplois créés à l’horizon 2020, les objectifs de la Région Guadeloupe sont ambitieux ?  

Ary Chalus : C’est un objectif partagé avec tous les acteurs de la filière tourisme. Ports et aéroports, réseaux routiers et déploiement du numérique, c’est sans aucun doute la première fois, depuis la décentralisation, que notre pays pense sa politique d’accueil avec une vision globale, prenant en compte toutes les composantes du secteur, tous les gisements d’emplois. C’est surtout la première fois qu’il impose une approche coordonnée pour positionner l’archipel dans une dynamique durable, protégeant et optimisant son patrimoine culturel et naturel. La future agence de la biodiversité sera un nouvel instrument au service de nos engagements vertueux. La Région Guadeloupe agit prioritairement pour la sauvegarde et le développement de l’emploi, en soutenant la formation des hommes à tous les niveaux et à toutes les fonctions. Enfin la dimension archipélagique est un atout et non pas un obstacle à nos politiques de développement. Le tourisme est la meilleure illustration de ce potentiel, au travers du « Plan Océan ». Ce dispositif revisité par l’équipe régionale a bénéficié d’un financement de vingt millions d’euros pour la protection et l’aménagement des plages. La revitalisation de l’offre hôtelière à Marie-Galante et les projets d’aménagement de haltes légères pour la plaisance, à Saint-Louis notamment, sont des illustrations concrètes de notre volonté d’agir en préservant les équilibres naturels et toutes les dimensions de nos îles.

Densifier les dessertes aériennes existantes et soutenir la création de nouvelles lignes font partie de nos engagements pour le tourisme. Le challenge du développement des liaisons avec les USA a pu être relevé avec l’arrivée de la compagnie Norwegian airways qui, accompagnée par la Collectivité régionale, a intensifié ses vols depuis plusieurs villes américaines. L’ouverture en novembre 2017 de la ligne Atlanta/Pointe-à-Pitre, opérée par Air France, est aussi l’un des fruits de ce travail de fond. La venue de nouvelles compagnies va de pair avec la modernisation de nos équipements aéroportuaires et portuaires, symbolisée notamment par les travaux sur la piste de l’aéroport ainsi que les futurs aménagements de l’aérogare Pôle Caraïbes. Toutes nos interventions se situent à la confluence des attentes de tous les acteurs, dans un souci de rationalisation, et d’efficacité budgétaire et technique. Elles sont à l’image de la dynamique vertueuse qui prévaut pour le développement de notre territoire.

Comment la Région Guadeloupe va-t-elle accompagner la montée en gamme de la grande hôtellerie ? 

La grande hôtellerie subit de plein fouet la concurrence des grands groupes des Îles voisines. La qualité des prestations et les niveaux d’équipements déterminent l’ancrage de notre destination dans un tourisme de gamme. L’effort d’accompagnement de la Collectivité régionale consiste, dès lors, à permettre aux opérateurs de disposer à la fois d’une capacité d’hébergements correspondant au développement du marché, mais aussi à moderniser et faire monter en gamme les établissements phares de l’archipel. Les engagements de la Région se traduisent par un soutien sans précédent à la grande hôtellerie. Ainsi les hôtels quatre étoiles, Auberge de la Vieille Tour et la Toubana, bénéficieront de l’accompagnement financier régional pour des travaux de rénovation et de remise à niveaux des installations qui permettront de maintenir leur rang, et pour la Toubana, de briguer un classement en cinq étoiles. Le Club Med de Sainte-Anne, établissement hôtelier historique en Guadeloupe, a sollicité le soutien de la Région pour renforcer son positionnement. Il mobilisera des moyens régionaux et des concours financiers européens pour l’amélioration des accès et des réseaux autour de l’hôtel.

La Région Guadeloupe encourage aussi la diversification de l’offre hôtelière avec notamment l’hôtellerie de santé

La destination Guadeloupe bénéficie, dans la zone caraïbe, de l’excellente réputation de ses services de santé ; un atout pour la clientèle touristique d’Amérique du Nord. Mais le tourisme lié exclusivement au secteur de la santé prend aussi forme, avec l’ouverture de plusieurs établissements qui en feront leur produit d’appel. La reprise de l’hôtel Arawak au Gosier, par un groupe d’investisseurs guadeloupéens, symbolise une orientation structurée vers le tourisme de santé. L’hôtel sera en effet principalement dédié à l’accueil de touristes en parcours de soins récréatifs ou médicaux. Pour assurer ce service, le personnel recruté a été spécialement formé à ce produit très spécifique dans le cadre d’un partenariat fort de la Région Guadeloupe et du lycée hôtelier. Le centre de thalassothérapie, porté par l’investisseur privé Serge Blanco, sera construit au Moule par la société d’économie mixte Semsamar. En ce sens, la Région accompagnera la commune dans l’aménagement lié à ce projet d’établissement, unique dans la région caraïbes, confortant une offre de haut niveau dans un environnement exceptionnel.

Que compte faire la Région pour revitaliser le tourisme en Basse-Terre ? 

L’Hôtel Saint-Georges est le seul hébergement de sa catégorie dans le Sud Basse-Terre, fermé depuis plusieurs années. Or une revitalisation du tourisme dans cette partie de l’archipel, sur la route menant à la Soufrière, passe par une offre hôtelière de bon niveau. La reprise de cet équipement s’impose surtout par l’urgence d’un rééquilibrage du territoire, avec la réactivation de tous les instruments de relance économique dans la région du sud Basse-Terre. Le compromis pour l’acquisition par le Conseil régional de l’ensemble immobilier de l’hôtel Saint-Georges permet d’envisager un redémarrage de l’exploitation. Deux millions d’euros seront nécessaires pour les travaux de rénovation qui devront commencer dès octobre 2017. La Région participera au financement de ces travaux. Il appartiendra à la société de gestion hôtelière, qui sera mise en place et capitalisée dans un délai de six mois, de recruter un directeur et d’assurer l’exploitation de l’hôtel rénové.

La région compte-t-elle accompagner le développement des autres formes d’hébergement touristique comme les gîtes ?

L’hébergement en gîtes a pris une importance considérable depuis plusieurs années, signe de nouvelles attentes d’une clientèle qui privilégie l’immersion dans le vécu des habitants et une expérience touristique originale. Ce chaland représente aujourd’hui près de 50% des visiteurs et permet la création et la préservation de nombreuses structures de petites tailles dans tout l’archipel. Ces structures constituent aussi de vrais gisements d’emplois et contribuent à la sauvegarde d’activités de proximité. La Région a décidé de renforcer sa palette d’interventions aux bénéfices de ces structures, pour les rendre plus pérennes et favoriser un maillage harmonieux avec tous les autres types d’hébergements. Il s’agit aussi de rendre plus attractive l’offre touristique de notre territoire dans sa diversité. Ainsi, il est question d’’accompagner la création d’établissements, de soutenir les rénovations ou les extensions au travers de plusieurs modalités d’interventions avec un cadrage clair impliquant l’adhésion à un label ou une classification auprès d’un organisme évaluateur. Fidèles à nos engagements en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de nos ressources, les aides et subventions sont attribuées prioritairement aux projets écologiquement vertueux. Ce critère est apprécié à la lumière des types d’investissements réalisés qui participent à la réduction de notre empreinte carbone comme l’optimisation de la consommation d’électricité et d’eau.