Il y a trois ans, Ariane Fleurival devenait la première femme élue à la présidence du CESER Guyane. A la veille du renouvellement du CESER qui devrait avoir lieu le 1er janvier 2018, elle nous dresse le bilan de la mandature de l’équipe en place.

Propos recueillis par Willy Gassion

Quel a été votre parcours avant votre élection à la présidence du CESER ? 

Ariane Fleurival : Je suis directrice générale de l’association MO PITIT, je gère actuellement trois établissements d’accueil de jeunes enfants (EAJE): deux à Cayenne et un à Macouria. Je suis également la présidente de l’Union départementale des associations familiales (UDAF), cet organisme s’occupe de défendre les intérêts matériels et moraux des familles. Au sein du CESER je siège au collège 3 : organisme et association participant à la vie collective. Avant d’être présidente du CESER, j’ai été successivement secrétaire de bureau, puis présidente de la Commission Affaires Sociales et Santé et enfin première vice-présidente de la mandature du regretté Jean-Pierre Constantin.

Vous êtes la première femme présidente du CESER en Outre-Mer. Qu’est-ce que cela vous inspire ? 

Cela m’inspire beaucoup de fierté. Effectivement je suis la première femme à occuper un tel poste en Outre-Mer. A l’échelle nationale, nous ne sommes que deux femmes présidentes du CESER. Je suis aussi première vice-présidente déléguée aux Outre-Mer au CESER de France. Je ne cherche pas à être un modèle pour les femmes. Si je suis une source d’inspiration, et que certaines se reconnaissent en moi, je m’en réjouis. Ce sont mes engagements associatifs, mon implication et mon travail sur le terrain qui me permettent de présider l’Assemblée du CESER. Il est rare que quelqu’un qui soit issu du monde associatif parvienne à occuper un tel poste.

Votre mandat se termine à la fin de l’année, quel bilan peut-on en tirer ? 

Nous avons travaillé sur différentes études et abordé les problématiques de la société guyanaise. Nos réflexions et préconisations portent sur plusieurs secteurs : la santé, le système bancaire, la formation professionnelle et l’apprentissage des jeunes, l’emploi, l’aménagement du territoire, les potentialités économiques identifiées comme l’agriculture, la pêche, le tourisme, et la question de l’industrialisation de l’activité aurifère pour obtenir de réelles retombées et maitriser l’exploitation anarchique. Les missions de la future instance, bien qu’encadrées conduiront les prochains conseillers à répondre aux saisines de la collectivité territoriale, en priorité, mais n’empêcheront pas de continuer à faire des recommandations pour prétendre au bon fonctionnement de la société guyanaise.

Avez-vous réfléchi à la suite de votre carrière ? 

Ma carrière professionnelle est toute tracée, Je suis et je resterai une professionnelle de la petite enfance dans l’âme. Accueillir des enfants au quotidien et créer des établissements d’accueil de jeunes enfants restent ma passion. En ce qui concerne le futur conseil unique, resté au sein de cette instance, je n’y ai pas encore réfléchi, car nous n’avons pas de précisions sur les conditions de renouvellement. Il m’est difficile pour l’instant de me positionner. Je suis encore dans l’action avec les membres du CESER. Cette fusion du CESER et CCEE va créer un nouveau conseil consultatif qui sera adossé à la Collectivité Territoriale de Guyane avec une assemblée qu’il faudra considérer comme le fer de lance et la tête de pont de la société civile organisée.

La JOMD se tient en ce moment à Paris (18 novembre ndlr), que pensez-vous de cette initiative ? 

Je ne peux que l’approuver. Le CESER a fait une auto saisine sur « la déperdition de la matière grise en Guyane ». On a besoin de nos jeunes diplômés guyanais qui aujourd’hui doivent permettre à notre pays de prétendre à l’excellence et à l’efficience et être des modèles pour la future génération. La Guyane a besoin de tous ses enfants pour se développer et pour rattraper tous les retards structurels.

Nous vous laissons la parole pour le mot de la fin. Que souhaitez-vous dire ? 

Je souhaite dire un mot sur le social, mon cœur de métier, et en particulier la petite enfance. La Guyane est en déficit en place d’accueil. La situation est alarmante puisque le taux de couverture territoriale se situe à 9 % par rapport à la valeur nationale qui a une moyenne de 54%. Il y a trois recommandations que je souhaite effectuer en tant que professionnelle de la petite enfance dans ce secteur. D’abord attirer l’attention des élus qui doivent engager leurs responsabilités d’adultes et de citoyens pour promouvoir les droits fondamentaux des jeunes qui sont les adultes de demain. Ensuite développer, avec les acteurs de terrains, des projets de territoire en plaçant les besoins de l’enfance et la jeunesse au cœur des priorités. Enfin innover avec tous les partenaires en donnant la place aux familles dans l’élaboration des priorités politiques car les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants.