Le dispositif Atout Inclusion démarre cette fin d’année avec l’ambition de changer la vie de quatre cents jeunes Martiniquais fragilisés et en difficulté. Rencontre avec Francis Carole, conseiller exécutif en charge des solidarités qui a porté ce projet au sein de la CTM.

Propos recueillis par Mathieu Rached

Le programme est aussi ambitieux que nécessaire. Dès le début de la mandature à la CTM, la question des jeunes en situation de marginalité par rapport au monde du travail, « ni étudiant, ni en emploi, ni en formation », les « NEET » selon le terme anglo-saxon, a fait partie des priorités. Le dispositif Atout Inclusion veut apporter des solutions concrètes à ce défi de société.

En quoi consiste le programme Atout Inclusion ? 

C’est un dispositif qui vise les jeunes de 18 à 25 ans qui sont ni en études, ni en formation, ni en emploi. Quelles réponses apporter à ces jeunes en marge de la société ? Deux choses ont été prévues : un accompagnement très complet et personnalisé (à la fois psychologique, social, médical), et des immersions en entreprise. L’objectif est que, pendant les onze mois du programme, chacun des 400 jeunes sélectionnés ait les moyens de prendre sa vie en main et de trouver sa place dans le monde du travail.

Sur qui repose-t-il ?

Un ou plusieurs organismes de terrain (Missions Locales, associations) auront la charge de sélectionner, rencontrer, convaincre et accompagner les jeunes en difficulté qui vont être intégrés au dispositif Atout Inclusion. Les prestataires mandatés vont recruter 400 jeunes issus de l’ensemble du territoire, 100 jeunes par zone géographique :
Nord, Centre Atlantique, Fort-de-France, Sud.

Comment ça va se passer ? 

Atout Inclusion souhaite faire acquérir à ces jeunes des « codes » et des apprentissages qui leur permettent de se réinsérer, c’est-à-dire de favoriser l’accès à l’emploi, à la formation ou le retour aux études. C’est-à-dire être capable de se lever le matin, faire preuve de ponctualité et d’assiduité, s’initier aux technologies de l’information et de la communication (TIC), améliorer si besoin la lecture etc. À cela s’ajoute une prise en charge professionnelle et des immersions en entreprise dans des domaines très variés, mécanique, boulangerie, agriculture, artisanat… selon le profil et le désir de chacun.

Si l’objectif est de leur donner les clés pour être capable de trouver leur place dans la société, les moyens seront différents pour chacun. La réussite du dispositif repose sur la personnalisation de l’encadrement et de l’accompagnement. Ne perdons pas de vue que si Atout Inclsuion cible un groupe, ce sont bien des individus dont nous devons nous occuper.

Quid du financement ?  

C’est un projet important et inédit rendu possible par un partenariat élargi entre la CTM, l’Etat, Pôle Emploi, les Missions Locales, les Centres Communaux d’Action Sociale, les EPCI, les Chambres Consulaires, les Syndicats Professionnels, la CRESS, le CROSMA, les organismes de formation et les acteurs de proximité… Son financement se répartit entre trois enveloppes, 1 640 000 € de la CTM, 2 511 695 € du Fonds Social Européen (FSE) et 2 511 695 € de l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes (IEJ). Soit au total 6 663 390 €.

Ça va marcher ?

On n’a pas le choix, la Martinique connaît une situation d’urgence sur la question de l’emploi des jeunes. 47% des chômeurs sont âgés de moins de 25 ans. A cela s’ajoute le départ de quatre mille Martiniquais par an depuis dix ans, et un vieillissement croissant de la population… C’est aujourd’hui que se relèvent les défis démographiques et économiques de demain. Atout Inclusion est l’un des volets du plan d’action de la CTM pour la Martinique. En s’engageant dans le dispositif, 400 jeunes NEET seront « stagiaires en formation professionnelle », rémunérés 400€ par mois. Pendant onze mois, tout sera fait pour leur redonner espoir, autonomie sociale et professionnelle. Onze mois où tout peut changer.