Président et co-fondateur du réseau Outre-mer Network (OMN), Daniel Hierso était de passage à La Réunion à l’occasion du Forum NxSE. L’occasion pour lui de constater de visu le dynamisme de notre filière numérique et plus généralement de l’innovation sur notre île.

Propos recueillis par Benjamin Postaire

Vous avez participé au Forum NxSE, quelles sont vos impressions sur cet événement ?
Je suis vraiment très heureux d’avoir été invité par Philippe Arnaud, président de Digital Réunion, qui organise ce Forum et est adhérent de notre réseau. Durant ces trois jours, il y avait vraiment beaucoup de monde et un bel écosystème en action. Pour moi, NxSE peut devenir d’ici deux à trois ans un « event » majeur du numérique dans la région. Surtout, cette approche transversale avec l’Afrique est la bonne vision, elle a du sens. J’ai pu faire de très bonnes rencontres et agrandir mon réseau, notamment vers l’Afrique du Sud.

Vous qui connaissez bien les dynamiques entrepreneuriales des différents territoires, où situez-vous La Réunion ?
J’ai l’habitude, avec Outre-mer Network, de parler à des gens qui connaissent très peu les économies ultra-marines et je donne souvent La Réunion en exemple. Pour le dynamisme de son écosystème, certes, mais aussi la créativité des entrepreneurs réunionnais qui innovent beaucoup. Il y a de vraies pépites à La Réunion qu’il faut aider à grandir.

Alors que manque-t-il au territoire pour franchir un palier ?
Comme dans tous les Outre-mer, le marché est petit et très concurrentiel. Il manque peut-être un peu de synergie et surtout des financements même si, de ce point de vue, La Réunion n’est pas le territoire le plus mal loti notamment grâce à des structures comme Nexa. Paradoxalement, les besoins en volume ne sont pas si importants quand on sait que des levées de fonds à hauteur de 500 000 à 1 million d’euros sont très courantes en métropole ou le ticket moyen pour investir est de 300 000 euros.

Outre-mer Network intègre Station F

Justement, lever des fonds pour les start-ups c’est la spécialité d’Outre-mer Network ?
Nous avons accompagné plus de 753 projets depuis 2009, dont 127 ont été cofinancés. Notre cœur de métier c’est le réseau, donc le financement. Il faut faire comprendre aux fonds d’investissement que dans les DOM il se passe des choses formidables. Cela nécessite d’être sur le terrain mais aussi de travailler les dossiers pour ensuite pouvoir raconter de belles histoires.

OMN a intégré Station F, l’immense incubateur créé par Xavier Niel, quelles retombées peut-on en attendre ?
Nous aurons, au sein de Station F, une quinzaine de start-ups en résidence et une quinzaine « tournantes » pour des périodes entre deux semaines et un mois. L’objectif est de leur permettre d’accélérer leur développement et d’interagir avec les différents acteurs sur place, des géants comme Microsoft ou Ventes Privées. Ensuite, elles retournent sur leur territoire. Nous ne voulons pas capter de la richesse mais au contraire qu’elles puissent revenir plus fortes pour croître chez elles. Les start-ups ultra-marines doivent s’ouvrir sur le monde tout en restant enracinées. C’est notre vision, résumée par cette phrase : « Osons l’Outre-mer ».